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Edition du Mercredi 04 Août 2010

Actualité

La dorade, la sardine et, peut-être, la crevette, à moins de 100 DA ?
Une initiative conjointe du ministère de la pêche et du commerce

Une initiative conjointe entre le ministère du Commerce et celui de la Pêche pourrait permettre aux Algériens de consommer de la dorade, de la sardine et, probablement, la crevette, à moins de 100 DA  le kilogramme. C’est en tout cas ce qu’on est tenté de croire au vu de l’un des objectifs que se sont tracés récemment les ministères du Commerce et de la Pêche, qui cherchent à faire atterrir dans l’assiette des Algériens du poisson pas cher, en substitution aux viandes blanches et rouges.
En juillet dernier, un groupe de travail conjoint entre les deux ministères, chargé de la régulation des poissonneries et des pêcheries, a été institué. Faire le point de la situation des poissonneries, et résoudre les blocages au bon fonctionnement du marché du poisson, sont les deux objectifs majeurs assignés à ce groupe de travail. Ce comité “étudiera les moyens à même d'assurer une bonne gestion des poissonneries et proposera des mécanismes innovants pour la gestion de ces espaces”. C’est du moins ce qu’a indiqué le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, tout en expliquant que le ministère de la Pêche avait “tant investi dans ce domaine au titre de l'ancien programme quinquennal à travers la création d'un réseau de poissonneries et de pêcheries spécialisées dans la vente en gros”.
Selon le ministre du Commerce, des propositions concrètes visant l'amélioration des conditions de réception et de  commercialisation des produits halieutiques dans le respect des conditions commerciales, notamment celles liées aux prix. Le ministre de la Pêche, M. Khanafou, a expliqué qu’il est question surtout de mettre un terme à l’anarchie qui prévaut actuellement au niveau des 11 pêcheries réparties à travers le territoire national. Et de noter : ”Nous voulons, à travers un nouveau cadre juridique, réguler la commercialisation des produits halieutiques en vue de conférer davantage de transparence au secteur où les opérateurs activent sans cahier des charges.” La production halieutique nationale reste faible. En effet, en moyenne, ce sont 187 000 tonnes qui sont pêchées chaque année, la tendance pouvant aller jusqu’à 220 000 tonnes. Cela n’est pas suffisant pour répondre aux objectifs tracés par l’État, qui veut que l’Algérien consomme en moyenne entre 8 et 10 kg de poisson par an.
Certes, un programme devant permettre la production de quelque 274 000 tonnes a été mis en place par le ministère de la Pêche, en 2000. Ce programme, intitulé “Plan d'orientation du développement des activités halieutiques et d'aquaculture”, veut valoriser les ressources halieutiques maritime et continentale. La production projetée pour 2025 est d’environ 221 000 tonnes pour la pêche maritime et 53 000 tonnes pour la pêche continentale, à travers les différents projets d'aquaculture. Pourtant, seulement 25% des ressources halieutiques maritimes sont exploitées, selon un bilan du Syndicat national des marins pêcheurs.

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Suspicion

Que l’on importe de la viande d’Inde, d’Australie ou du Soudan, ou que l’on se contente de la production locale, la suspicion reste de mise. C’est que les barons du trafic tous azimuts sont capables de tout. Les rapaces qui saisissent la moindre occasion pour se faire de l’argent vont redoubler d’ingéniosité durant le Ramadhan, pour réaliser le maximum de profit, quitte à ce qu’ils mettent la vie des consommateurs en danger.

C’est devenu une habitude, une très mauvaise habitude : à l’approche de chaque Ramadhan, l’on reparle de viande, de son prix et de sa qualité. Comme si les Algériens ne mangeaient de la viande que durant le mois sacré !
Au-delà des raisons qui poussent les uns et les autres à se montrer inquiets et méfiants, il y a un fait que personne ne peut ignorer : les services de contrôle des prix et de la qualité sont dépassés, incapables de maîtriser toute la chaîne d’importation, de commercialisation, de stockage et de revente au détail.
Que l’on importe de la viande d’Inde, d’Australie ou du Soudan, ou que l’on se contente de la production locale, la suspicion reste de mise. C’est que les barons du trafic tous azimuts sont capables de tout. Les rapaces qui saisissent la moindre occasion pour se faire de l’argent vont redoubler d’ingéniosité durant le Ramadhan, pour réaliser le maximum de profit, quitte à ce qu’ils mettent la vie des consommateurs en danger.
On a eu droit, ces dernières années, à des pratiques criminelles telles que la commercialisation de viande asinienne, ou encore à la revente de viande congelée sous forme de viande fraîche, avec utilisation d’éosine pour faire “rougir” la viande. On a eu droit à la revente de viande hachée dans des conditions contraires aux règles d’hygiène. Mais rien ne semble dissuader les apprentis bouchers et autres importateurs qui sont prêts à tout pour se faire de l’argent.
Dans un pays où l’anarchie est en passe de devenir une doctrine, le Ramadhan arrive pour confirmer la règle. Car, dans un pays normalement constitué et où chacun fait son travail et respecte les lois en vigueur, la suspicion n’a pas lieu d’être. La production locale aurait pu suffire, si les maquignons ne dictaient pas leurs lois. La viande congelée, importée durant toute l’année, aurait pu suffire, si les importateurs et autres distributeurs respectaient la chaîne de froid et si les bouchers ne faisaient pas passer la viande congelée pour de la viande fraîche.
La nature ayant horreur du vide, c’est l’absence de surfaces de stockage aux normes requises, c’est aussi le manque d’agents et de points de contrôle, et c’est surtout le rôle symbolique attribué aux vétérinaires, qui font que les commerçants font ce que bon leur semble.
Pour ce qui est des viandes blanches, l’on ne peut parler de contrôle puisqu’il est inexistant. Le plus grand marché de gros, Magtaâ Kheïra, pour ne pas le nommer, est l’illustration de l’absence de l’État.
Alors, la suspicion remplace toutes les opérations censées être menées par les services qui auraient dû faire le travail pour lequel ils sont rémunérés.



04/08/2010
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