ORAN SEISME 5,5 :La ville dans la rue: Sauve-qui-peut
par J. BoukraĂą Bien qu'elle ait Ă©tĂ© assez forte, la secousse tellurique d'une magnitude de 5,5 degrĂ©s sur l'Ă©chelle de Richter, ressentie dans la wilaya d'Oran, vendredi en dĂ©but de soirĂ©e, n'a pas fait de dĂ©gĂąts majeur. Cependant, selon l'unitĂ© des interventions de la direction de la protection civile d'Oran, une personne est portĂ©e disparue au niveau du lieu-dit «Mamia», suite Ă un Ă©boulement de terrain. Il s'agit d'un pĂȘcheur amateur, H.A, ĂągĂ© de 38 ans, rĂ©sidant au quartier Guambetta. Une Ă©quipe de sauvetage et de recherche composĂ©e de plongeurs et d'autres agents de la protection civile a Ă©tĂ© aussitĂŽt mobilisĂ©e. Selon la mĂȘme source, 12 personnes ont Ă©tĂ© blessĂ©es dans les bousculades dans les escaliers de leurs immeubles, ou encore se sont carrĂ©ment jetĂ©es des fenĂȘtres dans un mouvement de panique. Tel est le cas de 2 personnes qui se sont jetĂ©es du 2e Ă©tage de leur immeuble, Ă la rue Philippe, Ă Sidi El-Houari. Trois autres ont Ă©tĂ© blessĂ©es dans des effondrements partiels. Parmi ces derniers, une fillette de 6 ans habitant Ă l'avenue d'Oujda a Ă©tĂ© blessĂ©e, suite Ă l'effondrement du toit d'une chambre. Au 10, rue Ibn-Tachfin (ex-rue Montiba), une femme a Ă©galement Ă©tĂ© blessĂ©e dans un effondrement partiel. D'autres effondrements sans gravitĂ© ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s dans d'autres quartiers: Carteau, Saint Antoine et El-Hamri, entre autres. Les blessĂ©s ont Ă©tĂ© admis au service des UMC. Le mĂȘme service a reçu une vingtaine de personnes en Ă©tat de choc pour la plupart des malades chroniques. Bien que les dĂ©gĂąts n'Ă©taient pas importants, une cellule de crise a Ă©tĂ© installĂ©e par le wali et tous les moyens humains et matĂ©riels ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s pour faire face Ă toute Ă©ventualitĂ©. L'Ă©picentre de la secousse a Ă©tĂ© localisĂ© Ă 30 km au nord-ouest d'Oran (en mer), selon le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et gĂ©ophysique. Les habitants de plusieurs wilayas et villes de l'ouest du pays, notamment, Mascara, Mostaganem et AĂŻn Temouchent ont ressenti cette secousse. Certains ont quittĂ© prĂ©cipitamment leurs demeures dans un mouvement de panique. Ils avaient encore Ă l'esprit la derniĂšre secousse ressentie Ă Oran, le 9 janvier dernier et de magnitude 5,3 degrĂ©s sur l'Ă©chelle de Richter. par H. Barti Les Oranais doivent s'estimer heureux de la prĂ©sence d'une montagne comme celle du « Murdjajo ». C'est en tout cas ce que pense l'astrophysicien algĂ©rien le Docteur Loth Bounatiro qui, dans un entretien tĂ©lĂ©phonique accordĂ© hier au Quotidien d'Oran au lendemain du sĂ©isme qui a frappĂ© la capitale de l'Ouest et ses environs, a qualifiĂ© de « bonne chose » l'existence de cette montagne dans le territoire de la wilaya. Pour le Professeur Bounatiro, «la montagne est un rempart naturel qui absorbe les ondes sismiques et rĂ©duit considĂ©rablement la durĂ©e de la secousse ». Commentant le sĂ©isme enregistrĂ© dans la nuit du vendredi au samedi Ă Oran, le scientifique dira qu'il a coĂŻncidĂ©, et cela a Ă©tĂ© encore une fois vĂ©rifiĂ©, avec le dĂ©but d'un mois lunaire, en l'occurrence, le 02 Joumada Ethani. En plus de l'attraction luni-solaire qui favorise la libĂ©ration d'Ă©nergie tellurique, il y a aussi, a-t-il ajoutĂ©, selon la thĂ©orie qu'il dĂ©fend, une autre attraction rĂ©sultant d'une configuration astrale tout Ă fait particuliĂšre. « En plus de l'attraction luni-solaire, il y a eu, en ce dĂ©but du mois de Joumada Ethani, une conjonction entre le soleil et les planĂštes Mercure et VĂ©nus, toutes deux proches de la Terre », a-t-il expliquĂ©. Cette derniĂšre attraction a Ă©tĂ© ressentie sur terre et a contribuĂ© elle aussi Ă la libĂ©ration de l'Ă©nergie tellurique accumulĂ© au niveau de la zone d'Oran qui avait dĂ©jĂ atteint son apogĂ©e. Rappelant le caractĂšre sismique de la rĂ©gion d'Oran, M. Bounatiro soulignera la prĂ©sence d'une ligne sismique au nord-ouest de l'AlgĂ©rie qui s'Ă©tend de Ghazaouet jusqu'Ă l'enclave espagnole de Melilla au nord du Maroc en pleine mer MĂ©diterranĂ©e, Ă mi-distance entre l'Espagne et le continent africain. Selon Bounatiro, en plus des dĂ©buts de mois lunaires, il y a aussi des pĂ©riodes propices aux activitĂ©s sismiques sur l'Ă©chelle d'une annĂ©e entiĂšre (janvier, avril/mai, et fin aoĂ»t/septembre/octobre) aux moments oĂč la lunaison se produit. Tout en faisant la distinction entre prĂ©vision et prĂ©diction, le scientifique dira: «J'ai Ă©tĂ© le premier, il y a plusieurs annĂ©es, Ă prĂ©dire un retour de l'activitĂ© sismique en 2008, sur la base de donnĂ©es physiques et historiques. Ăa s'est vĂ©rifiĂ© avec le dernier tremblement de terre enregistrĂ© en Chine au mois d'avril, et les secousses enregistrĂ©es Ă Constantine, Mila et Oran ». Cette prĂ©diction se base sur ce que les scientifiques appellent le cycle solaire des 11 ans, qui s'Ă©tend de 2003 (annĂ©e oĂč est survenu le tremblement de terre de BoumerdĂšs), jusqu'Ă 2014 oĂč le scientifique prĂ©dit Ă©galement un regain de l'activitĂ© sismique. L'annĂ©e 2008 reprĂ©sente le milieu de ce cycle Ă©galement propice Ă l'activitĂ© sismique. Abordant le volet relatif Ă la prĂ©vention, notamment Ă travers une construction respectant les normes parasismiques, le Dr Loth Bounatiro le rĂ©sumera par un slogan trilogique dont il est l'auteur: « Il ne faut pas construire n'importe ou, n'importe comment, et en utilisant n'importe quel matĂ©riau ». En d'autres termes, il faut choisir le bon site, le bon matĂ©riau et la bonne forme de construction, a-t-il conclu. Oran : par Salah C. La problĂ©matique du vieux bĂąti Ă Oran revient au devant de l'actualitĂ© encore une fois, suite au tremblement de terre qui a secouĂ© vendredi soir la ville d'Oran et les localitĂ©s avoisinantes. Hier, une commission d'enquĂȘte a sillonnĂ© la ville pour Ă©valuer les dĂ©gĂąts subis au niveau des habitations, notamment celles classĂ©es dans la catĂ©gorie du vieux bĂąti. Selon les premiers Ă©lĂ©ments d'informations recueillis auprĂšs de la Protection civile, des cas d'effondrement partiels ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s Ă Sidi El-Houari, Plateau et El-Hamri. D'autres sources relĂšvent d'autres cas Ă Carteaux.
Un autre cas a Ă©tĂ© signalĂ© par ses occupants. Il s'agit du 18, rue Kaddour Benyoucef, non loin de la 1Ăšre SĂ»retĂ© urbaine Ă Saint Antoine. Selon les riverains, les murs de l'habitation classĂ©e depuis longtemps vieux bĂąti, se sont effritĂ©s vendredi soir et les familles, qui ont dĂ©jĂ Ă©lu domicile sur la voie publique depuis le mois de dĂ©cembre dernier, se sont regroupĂ©es hier devant le siĂšge de la wilaya pour demander un Ă©ventuel relogement. Cette question, qui a longtemps constituĂ© et constitue encore un os pour les gestionnaires de la ville, a Ă©tĂ© le sujet le plus abordĂ© par le wali d'Oran au forum de la tĂ©lĂ©vision, au mois d'avril dernier. Tahar Sekrane avait indiquĂ© que la wilaya d'Oran s'apprĂȘte Ă lancer une vaste opĂ©ration de diagnostic ciblant pas moins de 55 000 habitations, prĂ©sentant des signes de vĂ©tustĂ© et que le recensement effectuĂ© en 2007 a conclu que pas moins de 13 000 bĂątisses de la ville d'Oran menaçaient ruine. Afin d'entamer des actions concrĂštes, le premier responsable de l'exĂ©cutif a rĂ©vĂ©lĂ© que dans un premier temps, il est prĂ©vu la rĂ©habilitation de 200 immeubles classĂ©s vieux bĂąti situĂ©s dans divers quartiers de la ville. Le wali a Ă©galement prĂ©cisĂ© que ce diagnostic permettra l'Ă©tablissement d'une carte SIG (SystĂšme d'information gĂ©ographique) permettant de rĂ©pertorier les Ă©difices et de relever ceux prĂ©sentant une valeur historique et nĂ©cessitant une restauration spĂ©cifique. De son cĂŽtĂ©, l'OPGI en tant que propriĂ©taire de plusieurs immeubles a procĂ©dĂ© en 2005 Ă un recensement de 1.990 habitations classĂ©es vieux bĂąti. Ces derniĂšres ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de deux opĂ©rations de rĂ©habilitation pilotĂ©es respectivement par la DUC, le CTC et la wilaya d'Oran qui a allouĂ© une enveloppe financiĂšre de 700 millions de DA. Mardi dernier, le dĂ©lĂ©guĂ© du secteur urbain El-Emir, en compagnie d'agents du secteur urbain, se sont rendus afin d'enquĂȘter sur la situation d'une habitation sise au 9, rue Mahatma Gandhi (ex-gĂ©nĂ©ral PĂ©lissier) abritant 24 familles. Selon M. MetaĂŻr, qui occupe Ă©galement le poste de dĂ©lĂ©guĂ© auprĂšs de la Division de l'urbanisme et de la planification (DUP) de la municipalitĂ© d'Oran, une moyenne d'un effondrement est enregistrĂ© mensuellement au niveau de sa circonscription administrative. Dans le mĂȘme sens, notre interlocuteur nous indique que plusieurs bĂątiments menacent ruine. C'est le cas des immeubles situĂ©s au 3 et 6, rue Belagoune, abritant une douzaine de familles ainsi que le 13, rue Marcel Cerdan occupĂ©e par 8 familles. Devant les nombreux effondrements, la rĂ©alisation de centres de recasement est devenue, selon M. MetaĂŻr, une nĂ©cessitĂ© absolue afin d'Ă©viter de placer, en cas de sinistre, les familles dans des Ă©quipements publics notamment les Ă©coles, perturbant ainsi la scolaritĂ© de milliers d'Ă©lĂšves. Les urbanistes sont catĂ©goriques en affirmant que ce ne sont pas uniquement les vieux quartiers qui sont en pĂ©ril, mais le danger est Ă©galement prĂ©sent au niveau d'autres ensembles immobiliers, construits Ă la fin des annĂ©es 50 et Ă©galement l'USTO ou Yaghmorassen, Ă©difiĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 80 et qui prĂ©sentent dĂ©jĂ des signes de vĂ©tustĂ© en raison des inondations rĂ©pĂ©tĂ©es des caves. par H. Barti La panique aura finalement Ă©tĂ© beaucoup plus dangereuse pour les Oranais, que le tremblement de terre qui a secouĂ© la wilaya et ses environs, en cette mĂ©morable nuit du vendredi. La puissance de la secousse tellurique, dont la magnitude a atteint les 5,5 degrĂ©s sur l'Ă©chelle ouverte de Richter, selon le CRAAG, a Ă©tĂ© pour beaucoup, dans cette rĂ©action de la part de certains habitants de la ville, comme en tĂ©moignent d'ailleurs les cas de chutes d'escaliers ou mĂȘme de balcons, admis au niveau du service des urgences du CHU d'Oran. Pourtant, les tremblements de terre ne sont pas totalement Ă©trangers aux Oranais. Le dernier en date, d'une magnitude de 5,2 degrĂ© sur l'Ă©chelle de Richter, remonte Ă pas plus tard que le mois de janvier de l'annĂ©e en cours. LĂ aussi, on avait assistĂ© aux mĂȘmes scĂšnes de panique, avec tout ce qu'elles avaient provoquĂ© comme blessĂ©s oĂč de mort, Ă l'exemple de cette octogĂ©naire habitant Ă Boufatis qui, sous le coup de la frayeur, est dĂ©cĂ©dĂ©e, foudroyĂ©e par une crise cardiaque. Il Ă©tait environs 21h 05, avant-hier, lorsqu'en plein match de football opposant l'Ă©quipe nationale au Liberia dans le cadre de la deuxiĂšme journĂ©e des qualifications combinĂ©es CAN-Mondial, la terre a violemment tremblĂ© crĂ©ant un important mouvement de panique. Des familles entiĂšres ont dĂ©sertĂ© prĂ©cipitamment leurs maisons de peur, craignant le pire. Le souvenir du tremblement de terre de BoumerdĂšs et le traumatisme qu'il avait occasionnĂ© Ă travers les scĂšnes retransmises en boucles Ă la tĂ©lĂ©vision est encore vivace dans les esprits de tous les AlgĂ©riens. C'est ce qui a poussĂ© les Oranais, hommes, femmes et enfants, Ă investir massivement la rue pour se « mettre Ă l'abri » dans des endroits dĂ©gagĂ©s comme les places publiques. Cette panique n'est pas totalement injustifiĂ©e pour les habitants du vieux bĂąti, et ils sont beaucoup Ă Oran, Ă l'image de ceux des quartiers de Sidi El-Houari, El-Hamri, Derb, Saint Antoine, EckmĂŒhl, et St Pierre entre autres oĂč des scĂšnes qui peuvent ĂȘtre assimilĂ©es carrĂ©ment Ă l'hystĂ©rie ont Ă©tĂ© observĂ©es. MĂȘme les habitants des nouvelles constructions Ă l'exemple de ceux de la banlieue Est d'Oran ont cĂ©dĂ© Ă l'affolement, comme en tĂ©moignent les interminables files de voitures dans lesquelles se sont rĂ©fugiĂ©s les habitants de Akid Lotfi, l'une des citĂ©s les plus peuplĂ©es de la ville. Les habitants des grandes tours dĂ©passant les 10 Ă©tages, toujours Ă Oran-est, ont Ă©galement passĂ© des moments de terreur, comme en tĂ©moigne un sexagĂ©naire habitant Ă HaĂŻ Essabah: «La secousse a Ă©tĂ© tellement violente que l'argenterie s'est renversĂ©e du haut de ses deux mĂštres de hauteur. C'est un miracle qu'il n'y ait eu aucun dĂ©gĂąt majeur ». Devant les revendeurs de cartes de recharge de tĂ©lĂ©phonie mobile, il y avait foule. Sur le rĂ©seau aussi. Les communications ne passaient pas. par J. BoukraĂą Le plan d'organisation des secours appelĂ©: plan Orsec, ne peut ĂȘtre dĂ©clenchĂ© que suite Ă un arrĂȘtĂ© du wali de la zone touchĂ©e par une catastrophe naturelle ou technologique. Un dĂ©cret exĂ©cutif a scindĂ© les catastrophes en 14 risques dont 7 risques naturels dont les tremblements de terre et les inondations, et 7 risques technologiques. Pour ce qui est de l'organisation des secours, elle est aussi scindĂ©e en 14 modules, selon une source de la protection civile. Une fois le plan «Orsec» dĂ©clenchĂ©, chaque module doit ĂȘtre automatiquement pris en charge et assurĂ© par un organisme bien dĂ©terminĂ©, selon les compĂ©tences. A titre d'exemple, le module des secours et sauvetages doit ĂȘtre assurĂ© par la protection civile, les soins mĂ©dicaux, l'hygiĂšne et les Ă©vacuations doivent ĂȘtre assurĂ©s par la direction de la SantĂ©, la sĂ©curitĂ© et l'ordre public assurĂ©s par la police et la gendarmerie nationale, le recasement des sinistrĂ©s doit ĂȘtre pris en charge par les services de la wilaya, entre autres. Sans oublier la direction des Transports et celle des Travaux publics. Ainsi toutes les directions et les services contribuent chacun dans son domaine. Le plan Orsec est dĂ©clenchĂ© sur ordre du wali qui prĂ©side la commission qui dĂ©clare la zone sinistrĂ©e, et ce, selon le degrĂ© de gravitĂ© de la situation aprĂšs l'Ă©valuation des dĂ©gĂąts. Pour ce qui est du sĂ©isme qui a frappĂ© Oran, avant-hier, la situation n'a pas nĂ©cessitĂ© le dĂ©clenchement du plan Orsec. http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5104822 |