Ouargla : Le dromadaire serait-il en voie de disparition au Sud ?

 

Ouargla : Le dromadaire serait-il en voie de disparition au Sud ?

le 08.04.14 | 10h00

 
	Bus accidenté dû à une collision avec un dromadaire.
| © El Watan
Bus accidenté dû à une collision avec un dromadaire.

A en croire les éleveurs de dromadaires, les contraintes de l’élevage de camelidés deviennent insurmontables. 30% du cheptel disparaissent dans les bourbiers pétroliers, tandis que 15% décèdent lors de tragiques accidents de la circulation, n’épargnant ni l’homme ni l’animal. Le dromadaire serait-il en voie de disparition au Sud ?

Le Commissariat au développement de l’agriculture des régions sahariennes (CDARS) organise, les 7 et 8 avril 2014, un cycle de formation sur la promotion de l’élevage de camelidés au profit des cadres du secteur agricole des 13 wilayas du Sud. L’objectif est de cerner les principaux problèmes liés à l’élevage de dromadaires dans la région et l’amélioration des conditions techniques et d’accompagnement des éleveurs. Le CDARS, qui escompte une motivation des techniciens de l’agriculture quant à un meilleur encadrement de la filière, veut cerner les problèmes et trouver des solutions.

A commencer par la marginalisation du dromadaire, la contrainte de l’alimentation avec la persistance de la sécheresse et le désengagement de l’Etat qui, selon le Dr Adamou, chercheur à l’université de Ouargla, restent d’actualité. Ce dernier  préconise la réorganisation du circuit d’approvisionnement en intrants par la réalisation d’investissements en amont et la diminution du coût de l’aliment par la valorisation des sous-produits locaux, notamment phœnicicoles, qui offrent annuellement un tonnage appréciable de sous-produits (plus de 67 000 tonnes de rebuts de dattes, 500 tonnes de pédicelles et 13500 tonnes de palmes sèches pouvant être intégrés dans l’alimentation des animaux. L’implication des chercheurs et éleveurs laisse à désirer pour ce qui est du lancement d’un programme de relance.

Bourbiers et accidents

Pour l’heure, les éleveurs de la région dénoncent le danger récurrent des accidents de la circulation routière, ainsi que les bourbiers pétroliers sur le cheptel de camelidés. Les bourbiers laissés par les compagnies pétrolières suite aux opérations de forage causent beaucoup de pertes, puisque les dromadaires les prennent souvent pour des puits d’eau et vont s’y abreuver causant leur perte soit en s’embourbant inéluctablement dedans ou en ingurgitant des substances toxiques, affirme Lakhdar Ledfar, président de l’Association des éleveurs de camelidés de Hassi Messaoud, qui tire vainement la sonnette d’alarme depuis plusieurs années.

Ce dernier estime à un tiers le taux des pertes supportées chaque année par les éleveurs de dromadaires. Un danger réel malgré la mise en place de clôtures autour des anciens bourbiers et les mesures techniques consistant en l’utilisation d’un processus permettant aux nappes toxiques de s’évaporer. Une recommandation fermement rappelée par la ministre de l’Environnement lors de ses différentes visites dans la région, mais qui reste sans effet direct sur le parcours et la vie des dromadaires, surtout durant la période printanière, saison du H’mil dans le jargon des éleveurs, qui laissent leur cheptel paître dans les zones de pacage.

Reste aussi les accidents de la circulation, dont les derniers en date ont été causés par le passage au travers de la route d’un dromadaire aperçu tardivement par les chauffeurs de bus de transport de voyageurs. Ce fléau cause à lui seul 15% des décès de dromadaires par an, selon les estimations de l’Association des éleveurs de Hassi Messaoud, qui compte plus de 400 membres actifs comptant un cheptel commun de quelque 5000 têtes.   

Un observatoire du dromadaire

La volonté sans cesse annoncée par les politiques concernant la valorisation de l’élevage de camelidés n’en est pas à sa première promesse non tenue. Ainsi et alors que les chercheurs de l’université de Ouargla réclament depuis une quinzaine d’années la création d’un observatoire du dromadaire dans une des wilayas à fort potentiel, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural de l’époque, Rachid Benaïssa, avait annoncé lors du Salon du dromadaire tenu en 2012  à Ouargla, la création prochaine dans cette wilaya d’une antenne de l’Office national de développement de l’élevage équin et camelin (Ondeec) dont le siège se trouve à Tiaret.

L’antenne n’a certes pas encore vu le jour, mais la mise en place d’une politique de coordination étroite à établir entre les cadres techniques, les chercheurs, les éleveurs et les agriculteurs serait à l’ordre du jour, deux ans plus tard, à en croire les objectifs des journées de formation actuellement tenues par le CDARS.
 

Houria Alioua


08/04/2014
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