Atteint de la maladie d'Alzheimer, victime d'accès de démence, et pour ces raisons placé depuis deux ans sous la curatelle de son épouse, Shera, Peter Falk s'est éteint hier soir à son domicile de Beverly Hills a annoncé ce 24 juin le site d'information californien KTLA, citant Catherine, la fille adoptive de l'acteur.
Un inspecteur aussi mythique qu'improbable...
Un imperméable élimé, un mégot de cigare au bec, une 403 Peugeot hors d'état, un chien guère plus jeune, "sa" femme qu'il évoquait à longueur d'épisode ou encore le fameux " juste une dernière chose..." qu'il annonçait à ses suspects avant de lâcher l'air de rien une question embarrassante, pour beaucoup, il restera dans les mémoires pour le rôle du lieutenant Columbo qu'il a incarné pendant 35 ans, entre 1968 et 2003 et qui lui a valu plusieurs Emmy Awards et Golden Globes.
Au-delà de ces quelque soixante-dix interprétations mémorables de l'enquêteur faussement naïf et diablement observateur tout borgne qu'il était, d'autres n'oublieront pas que Peter Falk a servi de grands metteurs en scène au cinéma. Pour la petite histoire d'ailleurs, le premier épisode des enquêtes de Columbo fut réalisé par un certain Steven Spielberg, alors âgé de 25 ans.
A la réplique avec Gena Rowlands...
Sur grand écran, Falk a notamment été l'un des acteurs fétiches de John Cassavetes qui l'a fait jouer dans pas moins de six films, dont le fameux "Une femme sous influence" dont il partageait l'affiche avec Gena Rowlands.
"Pour jouer sous sa direction, il fallait d'abord parvenir à oublier tout ce que je savais, tous mes points de repère quand j'arrivais sur un tournage. Non pas ce que j'avais appris, parce que je n'ai jamais vraiment appris ce métier, mais toutes les idées que j'avais sur la façon de jouer, de répéter, d'apprendre son texte" avait témoigné Peter Falk à la mort de Cassavetes en 1989.
Outre cette collaboration au long cours et la série des Columbo, Peter Falk a tourné dans une centaine de feuilletons et longs métrages, notamment "Les Ailes du désir", le film de Wim Wenders sorti en 2007 dans lequel il incarnait son propre rôle.
Il ne clignait pas de l'oeil mais était borgne...
Né en 1927 à New York, rendu borgne à trois ans des suites d'un cancer, Falk ne se destinait pas vraiment à la carrière de comédien. Il a ambitionné un temps d'entrer à la CIA, en vain, puis à l'âge de trente ans, il a fait ses débuts à la télévision et rapidement au cinéma.
Remarqué bien avant Columbo, l'acteur avait été sélectionné deux fois aux Oscars, pour son second rôle dans le polar "Crime, société anonyme" en 1961, et l'année suivante dans "Milliardaire pour un jour", un film de Frank Capra.
De fait, force est de constater que sa carrière cinématographique a été largement éclipsée par sa renommée internationale en tant que Columbo, une fortune dont il ne sait jamais plaint et qui lui a valu plusieurs Emmy Awards et Golden Globes.
Columbo, un rôle encombrant mais assumé
"Il faudrait être fou pour se plaindre d'être reconnu dans le monde entier comme l'inspecteur Columbo" avait-il ainsi déclaré en 2006, lors de la promotion de ses mémoires titrées "Juste une dernière chose..."
En France comme ailleurs, quarante ans après sa première apparition télévisée, la popularité du personnage reste intacte. Interrogé en 2006 par le Figaro qui se demandait pourquoi un tel engouement de là part des Français, il avait répondu : "Je ne vois qu'une seule explication: ce sont des gens très intelligents".
Autre explication plus certaine du succès de la série en France : l'excellent doublage par l'acteur Serge Sauvion, lui-même décédé l'an dernier...
Bataille juridique à la mode Bettencourt
A noter : si l'acteur est décédé, d'une cause non précisée, la bataille judiciaire pour la gestion de ses biens n'est probablement pas terminée. Défaillant depuis des années, Peter Falk était au coeur d'une bataille judiciaire entre Shera, sa femme depuis 34 ans, et Catherine, l'une de ses deux filles.
En 2009, Peter Falk avait été placé sous la tutelle de son épouse, contre la volonté de sa fille, issue d'une précédente union, qui pour protéger son père "d'influences néfastes" souhaitait en devenir la "curatrice". De fait, bien qu'initialement opposée à la mise sous curatelle, c'est bien Shera qui s'était vue confier cette responsabilité, quant à Catherine, la justice lui avait reconnu un droit de visite tous les deux mois.
