Samedi, 31 Décembre 2011 14:22
In Maghreb Emergent
Le journaliste Abdou Benziane, plus connu sous sa signature d’Abdou B, est décédé aujourd’hui à dix heures du matin à l’hôpital Mustapha d’Alger. Il restera pour la postérité non seulement un chroniqueur de talent, un grand critique de cinéma et aussi celui qui a dirigé la télévision algérienne pendant sa seule période d’ouverture (90-91). Une séquence où le professionnalisme des journalistes algériens s’était excellemment exprimé. Avant de migrer chez Al Jazira.
Pris d’un malaise, dans la soirée de mercredi dernier, après avoir pris part aux assises du CNES dont il était consultant, Abdou Benziane avait été évacué à l’hôpital Parnet avant d’être transféré dans la journée de jeudi à l’hôpital Mustapha où il a rendu son dernier souffle. C’est une figure marquante de la presse algérienne qui s’en va en ce dernier jour de l’an 2011. Abdou B est né en août 1944. Il a fait ses études à l’école nationale de journalisme où il eu, parmi ses enseignants, Abdelkader Safir dont il avait gardé des souvenirs émouvants et un respect profond. Il disait de lui que c’était un modèle » qui a disparu avec une époque » où l’Algérie avait les meilleures ambitieux et les rêves les plus fous ». Il a commencé sa carrière de journaliste, alors qu’il était encore étudiant, à la fin de l’année 67 dans la revue El Djeïch où il sera rédacteur en chef adjoint El-Djeich (1967-1977). Il restera journaliste jusqu’au décès de Boumediene en 1978. Il a été le fondateur et le directeur de la revue « Les Deux Ecrans » (1977-1985), une expérience unique en matière de revue cinéma dans laquelle ont été associés des noms comme Ignacio Ramonet, Reda Bensmaia, Khemais Kheyati, Guy Hunebelle, le critique et cinéaste libanais walid chmait. De 1985 à 1989, il est rédacteur en chef de l’hebdomadaire Révolution africaine (culture, médias et société, 1985-1989).
« C’était le temps des plumes avant celui, plus triste, des actionnaires»
Après les évènements d’octobre 1988, Abdou B s’est impliqué dans le Mouvement des Journalistes algériens (MJA). Il s’est retrouvé aux cotés des « réformateurs » entourant Mouloud Hamrouche. C’est sous le gouvernement de ce dernier qu’il a été nommé Directeur Général de la télévision algérienne (1990-1991), une période faste où la télévision algérienne, ses journalistes et ses réalisateurs ont « explosé ». C’était, disait-il, « le temps des plumes avant celui, plus triste, des actionnaires »… La télévision algérienne accompagnait résolument le processus démocratique naissant et son impact était considérable, ses émissions politiques suivies avec passion dans les pays voisins, la Tunisie et le Maroc. La période 90-91 de la télévision est considérée, à juste titre, comme une séquence d’ouverture et de professionnalisme. La télévision algérienne, avec peu de moyens, a couvert la première guerre du Golfe et ses images ont été reprises par de nombreuses chaines étrangères. Cette séquence d’ouverture s’est fermée avec l’arrêt du processus démocratique et le début des violences à partir de 1991. Abdou B qui sera sollicité une seconde fois pour le poste de DG durant la période 1993-1994 a pu constaté que les conditions politiques d’une télévision ouverte et professionnelle n’étaient plus réunies. Sa démission en 1994 tenait lieu de constat de cette impossibilité. Abdou B, après un bref exil en France, est revenu au pays. Il collaborait à plusieurs journaux dont la Tribune et le Quotidien d’Oran. Abdou Benziane sera enterré demain, à partir de 12 heures au cimetière de Sidi Yahia. L’équipe de Maghreb Emergent tient à exprimer à sa famille ses sincères condoléances.
1 Reponse to " Le cœur de Citizen Abdou B s’est arrêté de battre. "