PORTUGAL | L’île touristique a été lessivée par des pluies torrentielles


PORTUGAL | L’île touristique a été lessivée par des pluies torrentielles qui ont fait au moins 42 morts. Les recherches se poursuivent.



© AP/20 février 2010 | De nombreux glissements de terrain ont dévalé les pentes de l’île, surnommée la «perle de l’Atlantique».

ANNE-MURIEL BROUET AVEC AGENCES | 22.02.2010 | 00:02

La pluie avait cessé sur l’île touristique de Madère. Elle laisse place à la désolation. Les trombes d’eau qui se sont abattues sur l’archipel portugais vendredi et samedi ont charrié des tonnes de boue et détruit de nombreuses constructions. Mais c’est le bilan humain qui est le plus lourd: au moins 42 morts et plus d’une centaine de blessés.

La violence des flots

Funchal, la capitale de cette région autonome située à environ 900 kilomètres du sud-ouest du Portugal, est particulièrement touchée par la catastrophe. Les pompiers ont retrouvé 17 cadavres dans la ville, peuplée de quelque 100 000 âmes. Le bilan pourrait être plus important. Un centre commercial notamment a été entièrement détruit et les pompiers redoutent de découvrir des victimes dans le parking souterrain, encore sous les eaux.

Partout dans les rues, des voitures retournées témoignent de la violence des flots qui ont envahi la ville en moins d’une heure. Des ponts se sont écroulés et beaucoup de maisons ont été détruites. «C’était horrible et très effrayant. Les rues ressemblaient à de véritables rivières. Nous avons même vu un cadavre flotter», a confié Neusa Abreu, une habitante.

Solidarité spontanée

Dès samedi, d’importants moyens ont été dépêchés depuis Lisbonne à bord d’une frégate militaire transportant notamment des hélicoptères, une équipe médicale et du matériel de secours. Hier, toute la journée, les secours, aidés d’engins lourds, ont déblayé les débris amoncelés dans la partie basse de Funchal, située en bord de mer et où s’alignent sur des kilomètres complexes touristiques et hôtels de luxe. La «perle de l’Atlantique» est particulièrement prisée par les touristes britanniques et allemands, attirés par ses paysages volca­niques et son climat d’une exceptionnelle douceur.

Outre le bilan humain, qui reste provisoire, la Protection civile a dénombré quelque 250 personnes sans abri. Une centaine d’entre elles ont passé leur deuxième nuit dans une garnison de Funchal; bon nombre ont été relogées par des habitants plus chanceux. Selon des témoignages, une chaîne de solidarité s’est spontanément mise en place. «Des personnes ont commencé à préparer des repas pour d’autres, d’autres ont prêté des vêtements pour que ceux qui étaient mouillés puissent se changer», a raconté un habitant de Funchal.

Il est tombé 90 mm en trois jours

L’archipel de Madère, autrefois fréquenté par Winston Churchill et l’impératrice Sissi, qui a vu naître Cristiano Ronaldo, n’avait pas connu un tel déluge depuis 1993. En 3 jours, il est tombé 90 mm de précipitations à Funchal (dont 59 mm en 24 heures et 50 mm en 6 heures), soit l’équivalent de ce que reçoit l’île en un mois. 


 

CATASTROPHE | Des intempéries, particulièrement intenses dans le sud de l'île, ont provoqué d'importantes crues, des inondations, des glissements de terrain, des éboulements et des chutes d'arbres.




AFP | 20.02.2010 | 20:58

Une voiture dans les rues de Funchal le 20 février 2010 après des inondations meurtrières à Madère.
© AFP | Une voiture dans les rues de Funchal le 20 février 2010 après des inondations meurtrières à Madère.

Des pluies torrentielles et vents violents provoquant des inondations et glissements de terrain ont fait au moins vingt-cinq morts et des dizaines de blessés et disparus samedi sur l'île portugaise de Madère, selon un dernier bilan du gouvernement.

Le ministre de l'Intérieur Rui Pereira, qui a confirmé le nombre de personnes tuées lors d'un point de presse, doit se rendre à Madère dès que possible avec une équipe de secouristes pour "faire une première évaluation des besoins sur place pour savoir ce qu'il faut faire".

"Nous étudions également la possibilité de décréter l'état de calamité publique, puis de demander l'aide de l'Union européenne", a-t-il ajouté.

A Funchal une femme âgée est morte après l'effondrement du toit de sa maison, tandis que deux personnes ont été tuées par la chute d'une grue, d'après les médias sur place.

En plus de la pluie, des vents dépassant les 100 kilomètres par heure et la mer agitée ont en outre causé d'importants dégâts matériels sur l'île située à 900 km au sud-ouest du Portugal et environ 500 km des côtes africaines.

Les inondations ont détruit des ponts et des maisons. Les liaisons téléphoniques et l'électricité ont été coupés par endroits, selon des témoins. Le transport aérien étant toujours perturbé à l'aéroport international de Madère.

Dans la partie basse de Funchal, plusieurs bâtiments ont dû être évacués et les routes étaient difficilement praticables, compliquant le travail des secouristes.

"Il pleut depuis l'aube et notre hôtel a été évacué. Il est situé près d'une rivière, dans le centre de Funchal, et on nous a dit de sortir du bâtiment parce qu'il y a un risque d'affaissement", a raconté Aymeric Payan, un Français de 27 ans, chef boulanger dans un hôtel, joint par téléphone par l'AFP.

Plusieurs localités étaient isolées, comme la commune de Curral das Freiras (centre de Madère) et ses 4.000 habitants, située dans une région montagneuse et difficile d'accès.

Les autorités de la région autonome de Madère, qui ont conseillé aux habitants de rester chez eux, ont fait appel aux médecins pour renforcer les services de santé des hôpitaux et demandé à certains fonctionnaires municipaux de venir participer aux opérations de secours.

D'après l'Institut météorologique portugais, "le pire est passé" et les conditions météorologiques devraient connaître une accalmie.

Selon les médias portugais, ces intempéries sont les plus graves à Madère depuis celles d'octobre 1993, qui avaient fait 8 morts.

A Lisbonne, le Premier ministre José Socrates a aussitôt manifesté sa solidarité avec les habitants de l'île. "Je suis consterné par les images que j'ai pu voir de Madère. Nous apporterons tout le soutien nécessaire", a déclaré le chef du gouvernement aux journalistes.

De son côté, le président portugais Anibal Cavaco Silva a évoqué "des conséquences humanitaires et humaines graves".


 

 




22/02/2010
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