Dernier duo

Amandine et Ycare >> "Je suis malade" - Serge Lama

Huitième prime : élimination de Jules
Par Kevin Moulback

Pas besoin d'attendre la fin de ce résumé pour vous annoncer la terrible nouvelle : Jules, la tête à claques de Vence, est éliminé. Il ne sera pas la Nouvelle Star. Certains d'entre vous détestaient peut-être sa mèche rebelle et son sourire narquois, ou bien trouvaient que sa tête était beaucoup trop grosse pour son corps. Malgré tout, depuis le casting de Toulouse qui l'avait révélé, on avait fini par s'attacher à cet adolescent désinvolte. Il faut dire aussi que la production de l'émission nous l'a beaucoup montré. Rappelez-vous ce suspense insoutenable lors des épreuves du Théâtre, quand Jules semblait devoir être éliminé...
Bon, ben maintenant, il l'est. Il fallait envoyer davantage de SMS.

Jules n'a pourtant pas démérité ce soir. Pour sa première prestation, sur "Isn't She Lovely" de Stevie Wonder, il est certes un peu statique, voire crispé, et ses variations vocales sont parfois un peu encombrantes. Il doit par ailleurs surmonter un petit accroc rythmique au milieu de la chanson. En revanche, il paraît tout à fait à l'aise sur "Tomber" de Gerald de Palmas, où il évite l'écueil de l'imitation et parvient à imposer sa signature vocale.

Ycare, lui, trébuche lourdement sur "Quand on arrive en ville", extrait de la comédie musicale "Starmania". Outre les fausses notes habituelles chez lui, il s'égare dans le rythme dès le début et bride complètement l'énergie du morceau, qui du coup paraît bien long. Côté mise en scène, on n'est pas loin du grand-guignol une fois de plus. En revanche, un peu plus tard, Ycare a l'occasion de chanter son titre fétiche - "Bang Bang" de Nancy Sinatra - pour ce qu'il s'imagine peut-être être son ultime prestation sur la scène du Pavillon Baltard. Cette fois, la chanson est complètement maîtrisée et Ycare passe avec aisance d'une langue à l'autre et d'un octave à l'autre. L'interprétation est toujours un peu emphatique mais vocalement, c'est très réussi.

C'est moins réussi pour Cédric, le fringuant marin cannois, qui a choisi ce soir un registre exclusivement féminin. Il s'attaque tout d'abord à "Can't Get You Out Of My Head", le tube frénétique de Kylie Minogue, qu'il entame assis nonchalamment dans un fauteuil en cuir. Très éloignée de l'atmosphère des dancefloors, l'adaptation est intéressante, grâce au flegme et à la voix suave de Cédric, malgré quelques flottements sur la justesse ou les paroles et quelques bizarreries de mise en scène : les passages rythmés sont chantés assis, les passages plus lents debout. La seconde prestation de Cédric, sur "La Ceinture" d'Élodie Frégé, est nettement moins attrayante. Le phrasé est sans relief, l'interprétation sans passion : on a l'impression d'une figure imposée.

En parlant de figure imposée, Benjamin hérite d'"À la faveur de l'automne", un titre déjà un peu trop entendu lors des épreuves éliminatoires du Trianon. Il agrémente la chanson de quelques ruptures de rythme jazzy, qui apportent un peu de variété mais jouent parfois dangereusement avec la justesse. André Manoukian, clément quand ça l'arrange, y voit des "faussetés de jazzman", ce qui est une façon bien généreuse de voir les choses. Lio trouve ça "franchement parfait", ce qui est une façon bien niaise de voir les choses. La deuxième prestation de Benjamin a également un goût de déjà vu puisqu'il s'agit de "Just the Two of Us", un morceau qu'il avait déjà interprété lors des castings. Sans surprise, il maîtrise tout à fait la chanson, qui est au cœur de son répertoire et qu'il a sans doute longuement répétée. C'est pour lui un terrain familier alors que Cédric, par exemple, s'aventurait sur des chemins beaucoup plus périlleux.

Aujourd'hui, Amandine aussi s'éloigne de son registre de prédilection. Elle s'attaque d'abord à "Allumer le feu", l'hymne de Johnny Hallyday qui enflamme les stades. Pour éviter la copie, elle croit bon d'ajouter des variations vocales qui tiennent parfois de la sirène d'alarme et parfois de l'halètement orgasmique. Tous ces effets sont plutôt superflus, mais sûrement pas autant que le ventilateur à pleine puissance dont elle se voit gratifiée à nouveau. Sa deuxième prestation sur "Beautiful" de Christina Aguilera n'est guère plus convaincante. Apparemment pour économiser sa voix, très éprouvée cette semaine, Amandine évite les reliefs de la chanson, qui en devient très plate. La limite qui sépare la sobriété de l'insignifiant est franchie et la merveille de Tournefeuille ne fait plus l'unanimité de jury : elle décroche quatre notes rouges aujourd'hui.

Par charité, on n'épiloguera pas sur le duo d'Amandine et Ycare sur "Je suis malade" de Serge Lama. Les interprètes ne déméritent pas mais a-t-on vraiment envie d'entendre - encore - la pire scie de la Starac (dont le répertoire semble recouper de plus en plus celui de la Nouvelle Star) ? Par charité, on ne mentionnera pas non plus la "gaine" de Lio. Il ne faut pas tirer sur les ambulances