Relancer l'offre alimentaire en Algérie
Relancer l'offre alimentaire en Algérie : Les professionnels de l'agriculture proposent des mesures
Les opérateurs des secteurs de l'agriculture et de l'industrie agro-alimentaire ont adopté hier, à Alger plusieurs recommandations visant à relancer l'offre alimentaire dans le cadre d'une dynamique intégrée entre les deux secteurs. A l'issue des travaux de la rencontre qui les a regroupés durant deux jours, les professionnels de ces secteurs ont relevé la nécessité de consolider la filière de céréaliculture, considérée comme le fer de lance de l’industrie agro-alimentaire algérienne..
Dans ce sens, ils ont recommandé l'ouverture du marché foncier, une spécialisation des régions, la réhabilitation des structures de formation aux métiers agricoles, la simplification des dispositifs fiscaux, la création d'une filiale autonome de la semence et la mise en place d'une banque pour le financement de cette filière agricole.
Pour ce qui concerne la filière lait, les opérateurs ont appelé l'Etat à restructurer et à augmenter les aides publiques, à faciliter l'accessibilité des terres de l'Etat aux industriels pour recapitaliser la filière, à encourager la création de coopératives sur la base d'un plan de charges, à détaxer les facteurs de production de lait et la poudre de lait synthétique destinée aux veaux. Concernant les viandes, dont la production nationale en viande rouges est estimée à 320.125 tonnes en 2007, les participants ont préconisé la création d’un organisme de régulation pour sécuriser notamment l’acte de production et réduire les écarts de prix.
Ils ont appelé également à la mise en place dÆune politique d’identification nationale du cheptel, la professionnalisation de la filière, l'élaboration d'un plan spécial d'investissement pour la réalisation d'abattoirs modernes et la réhabilitation de ceux existants.
Ils ont relevé, en outre, la nécessité d'inciter à la création de PME structurées autour des principaux métiers de la filière et d’établir des liens entre les filières lait et viandes rouges du fait de leur interdépendance. Les opérateurs de l'agriculture et de l'agro-alimentaire ont mis l'accent sur l'importance du renforcement des dispositifs réglementaires régissant l’activité de production de la viande blanche et sur l'harmonisation de la fiscalité entre les viandes.
Concernant la filière tomate industrielle, dont l'offre nationale a fortement reculé en passant à 20% en 2007 contre 71 % en 1996, ils ont recommandé la mise en place d’une stratégie de la filière dans ses deux volets industriel et agricole et de la classer comme filière stratégique. Ils ont souligné, en outre, la nécessité de régler le problème du foncier agricole et d’impliquer la recherche pour assurer le développement de la filière.
Constatant la reconnaissance ''tardive'' de l’oléiculture comme composante d’une stratégie alternative pour la réduction de la facture alimentaire, les participants ont suggéré l'instauration d'un régime fiscal incitatif et la suppression de la taxe sur l'environnement pour attirer les investisseurs.
Ils ont appelé, en outre, à instituer ''un prix de la qualité'' d'huile d'olives et à rechercher des opportunités d'investissement.
S'agissant de la filière pommes de terre, ils ont préconisé la mise en place d'un programme pour les semences de base et l'installation d'un mécanisme de régulation des approvisionnements.
Pour améliorer la productivité de cette filière, les concernés ont mis en exergue l'urgence d'identifier les zones à haute potentialité de production, de développer la pratique de traçabilité et de renégocier le contingent tarifaire lors de l'accord de renégociation prévu en 2010 avec l'Union européenne, dans le cadre de l'accord d'association.
Les acteurs de la filière dattes ont suggéré, pour leur part, l'allègement des charges patronales, la mise en place d'un dispositif de soutien aux producteurs, l'amélioration de la protection phytosanitaire.
Dans son intervention à la clôture des travaux, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Abdelhamid Temmar, a soutenu que l'Etat n'était pas dans l'obligation de financer la production agricole, mais doit, en revanche, participer à l'amélioration de la productivité, ''un segment dont l'Etat doit être systématiquement impliqué". Le ministre a indiqué, en outre, que l'industrie agro-alimentaire est considérée dans la stratégie industrielle nationale comme une des branches prioritaires dans l'économie nationale, plaidant dans ce sens pour l'émergence de grands producteurs agro-alimentaires..
L’Algérien se nourrit mal, essentiellement de céréales, relativement à portée de sa bourse, du fait du soutien des prix par l’Etat. Mais il se prive la plupart du temps de viandes et de fruits, onéreux car soumis aux lois du marché. Sa ration calorifique est proche de celle des pays pauvres et bien en deçà des normes internationales. Fragilisé, sa santé est hypothéquée comme sa productivité et son épanouissement général. Et le peu qu’il consomme est acheté au prix fort à l’extérieur car l’Algérie ne produit que 30% des besoins en blé, lait et autres produits agricoles de base. Et c’est là où le bât blesse. Au fil du temps, les terres fertiles ont laissé place au désert qui avance inexorablement, au même rythme que le béton. De grandes dunes sont visibles à partir de la wilaya de Djelfa et d’énormes ensembles urbains ont réduit le Nord fertile comme une peau de chagrin. De la révolution agraire du temps de Boumediène au PNDRA de Bouteflika, les échecs se sont multipliés à l’infini, imputables à l’incompétence, au laisser-aller ou à la corruption des responsables qui ont eu à conduire les différentes politiques. L’Algérie est aujourd’hui piégée par ce mal intérieur, dans un environnement international où la seule règle qui prime est celle de la loi du plus fort. Les nations développées soutiennent à fond leur agriculture mais dénient ce droit aux pays du tiers monde, par le biais de l’OMC notamment. Le tiers monde n’a presque pas de parts de marché au plan mondial et rares sont les Etats qui peuvent placer un ou deux produits agricoles. Pourtant, les experts algériens qui se sont penchés ces derniers jours au chevet de cette fragilité nationale n’ont pas voulu croire à la fatalité. Leur argument est simple : quand l’argent existe, tout est possible. Pour reverdir les terres et les rendre généreuses, pour fertiliser l’Algérie et, pourquoi pas, s’imposer à l’extérieur, il faut une grande politique, une véritable stratégie d’avenir. Au lieu de dormir dans les caisses du Trésor et dans les banques ou d’être placés aux Etats-Unis à des taux d’intérêts dérisoires, les pétro-dinars peuvent servir à financer un « Plan Marshall » pour la sécurité alimentaire. L’œuvre devra être collective, fruit d’une collaboration étroite des experts et des professionnels. Elle ne saurait être l’apanage du ministère de l’Agriculture auquel incombe l’essentiel de l’échec du PNDRA. Le fameux « après-pétrole » dont on parle depuis des lustres commence là , dans un investissement sans limites et bien mené dans l’or vert, seul à même de se substituer à l’éphémère or noir. La force d’aujourd’hui des grandes nations occidentales est qu’elles ont compris celà depuis bien longtemps.
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