« S’il y a terrorisme, on doit faire face seuls et s’il y a catastrophe, c’est la même chose. Nous ne sommes pas des êtres humains comme les autres, nous ! ». Les traits du visage tirés, Salem est très critique à l’égard des autorités, toujours absentes, cinq heures après le tremblement de terre qui a frappé,
ce mercredi 17 juillet, vers 4 heures du matin, la commune de Hammam Melouane, dans la wilaya de Blida.
Salem, la trentaine, est assis sur le trottoir et discute avec des voisins et des amis de la commune. « Personne n’est venu nous voir », proteste-t-il. La Protection civile est passée, vers 4h15, en bas de sa maison, mais ne s’est pas trop attardée. « Les agents nous ont promis de repasser par la suite mais il est déjà 9h et ils ne sont toujours pas revenus. Les blessés, nous les avons transportés nous-mêmes », poursuit son ami, Aïssa, un ouvrier.
Comme Salem, Aissa habite Tahamoult, l’une des localités les plus touchées par le séisme. C’est un village où de nombreuses habitations ont été construites dans une évidente anarchie, grâce au dispositif d’aide de l’Etat à l’habitat rural. Pourtant, les habitants récusent tout non-respect des normes de construction, notamment parasismiques, qui pourrait justifier le désastre provoqué par la secousse tellurique de 5,1 degrés. « Et puis vous pensez vraiment qu’on peut construire une maison avec 700.000 DA ? », lance Aissa.
La route menant aux habitations est presque impraticable. Dans cette localité située à l’entrée de la commune de Hammam Melouane, le tremblement n’a pas seulement fissuré des murs. Des plafonds et des pièces entières se sont complètement effondrés. À l’intérieur, les maisons sont toujours sens dessus dessous. Des enfants, des femmes et des personnes âgées sont à l’extérieur, assis sur des tabourets ou des matelas. Certaines habitations peuvent facilement s’effondrer d’un moment à un autre au cas où une puissante réplique interviendrait. « Les femmes errent avec leurs enfants depuis 4h du matin, elles sont sinistrées », regrettent des habitants. A Tahamoult, le choc du tremblement de terre a cédé la place à la peur de se retrouver sans-abri.
Vers 10 h, la route reliant Tahamoult à Hammam Melouane est rouverte, après avoir été coupée à la circulation en raison d’une chute de pierres. Sur la rue principale, où se situe le siège de l’APC, les traces du séisme sont moins visibles de l’extérieur mais les dégâts sont bien là. « Venez ! Je vais vous montrer, c’est une catastrophe », lance Rabie, âgé de 25 ans, en montrant le chemin vers une sorte de baraquement datant des années 1950, selon les résidents. Sur place, chacun veut faire visiter sa maison pour montrer l’ampleur de son drame. Le tremblement de terre y a fissuré des murs, brisé des fenêtres, détruit des meubles et fragilisé des constructions. « Les autorités accourent pour s’enquérir de l’état de l’hôtel de Zaïm, un homme d’affaires connu à Blida, mais ils ne sont pas venus nous voir », fustige Rabie en rappelant être, pourtant, l’une des nombreuses victimes du terrorisme dans la région. Chose qui mérite à ses yeux plus d’attention.
Mais les autorités locales semblent être quelque peu dépassées. Au siège de l’APC, le maire-adjoint parle de près de 90% des habitations qui ont été touchées. « Surtout les anciennes constructions », précise-t-il. Avant qu’il ne soit repris par le jeune Rabie qui s’est introduit dans le bureau du P/APC : « Même les nouvelles, comme les logements distribués en 2005 ». Les institutions publiques, dont le siège de la mairie, ont été également touchées.
Une commission de la wilaya devrait faire le tour des localités de la commune pour déterminer l’ampleur des dégâts matériels causés par le séisme, selon le responsable de l’APC. Rabie se montre sceptique. Mais il se réjouit des nouvelles qu’il vient de recevoir de Maktaa Lazrag, située à près de 5 km du centre de Hammam Melouane. « Le wali de Blida est venu pour voir les sinistrés. Il a été chassé par les habitants », dit-il. A Maktaa Lazrag, 23 personnes ont été blessées, selon des agents de la Protection civile rencontrés sur place. Sur l’incident avec le wali, les gens rencontrés sur place relativisent. « Des jeunes ont commencé à se plaindre et une petite altercation verbale a eu lieu, c’est tout », précise l’un d’eux.
mercredi, 17 juillet 2013 18:34 | Commentaires : 1 | Réagir