RELATIONS ALGĂRO- FRANĂAISES Tout va mal, Mme la Marquise Achira MAMMERI - Samedi 10 Octobre 2009 - Page : 3
Aux plans bilatĂ©ral, rĂ©gional et international, Paris sâest distinguĂ© par une duplicitĂ© qui tranche totalement avec la politique arabe de la France.
Le prĂ©sident Abdelaziz Bouteflika ira bel et bien en France dans le cadre dâune visite officielle dont la date sera fixĂ©e selon lâagenda des prĂ©sidents respectifs. Jeudi en marge de la sĂ©ance plĂ©niĂšre au SĂ©nat, consacrĂ©e aux questions orales aux ministres, le chef de la diplomatie algĂ©rienne, Mourad Medelci, a confirmĂ© ce voyage qui a soulevĂ© de nombreuses polĂ©miques. La rĂ©ponse du ministre des Affaires Ă©trangĂšres tranche en effet la question du voyage du PrĂ©sident algĂ©rien en France. A ces reports successifs, les observateurs se livrent Ă une lecture qui traduit un rĂ©el malaise dans les relations algĂ©ro-françaises. «Tout va mal, Mme la Marquise», semblent-ils dire, mĂȘme si Mourad Medelci rassure que «nos relations avec la France sont bonnes», tout en reconnaissant «lâexistence de quelques divergences dans le point de vue des deux Etats». Et les points de divergence, ce nâest pas ce qui manque depuis ces derniers mois, notamment les positions politiques de la France sur plusieurs dossiers. Dâabord, au plan bilatĂ©ral, les observateurs ne comprennent pas lâacharnement français contre lâAlgĂ©rie dans «lâaffaire» des moines de Tibhirine. Le ministĂšre de la DĂ©fense français a ordonnĂ© la levĂ©e du secret-dĂ©fense sur une vingtaine de documents classĂ©s secrets liĂ©s Ă lâassassinat des moines Ă MĂ©dĂ©a. Le dossier du diplomate Hasseni nâest pas pour apaiser les tensions. Les mĂȘmes observateurs sâinterrogent en effet: comment se fait-il quâun diplomate avec un passeport lui assurant une immunitĂ©, se fasse arrĂȘter comme un vulgaire malfrat? Les tests ADN auxquels il a acceptĂ© de se soumettre, nâont fait que confirmer son innocence quâil clame depuis des mois. Sâensuit lâaffaire Ben Barka. Quatre mandats dâarrĂȘt internationaux Ă©mis par la France et visant, notamment le chef de la gendarmerie marocaine dans lâaffaire de la disparition de Mehdi Ben Barka en 1965 Ă Paris, ont Ă©tĂ© diffusĂ©s par Interpol aprĂšs accord du ministĂšre de la Justice. Quelques jours plus tard, la justice française annule tout simplement ces mandats dâarrĂȘt. On sâinterroge alors sur cette politique des deux poids, deux mesures de la justice française. Dans le sillage de cette visite, les observateurs voient dâun mauvais oeil le fait que le roi du Maroc soit invitĂ© Ă se rendre Ă Paris avant le PrĂ©sident Bouteflika, dont le voyage a Ă©tĂ© initialement fixĂ© avant celui de Mohammed VI. Ensuite, il y a la position de la France par rapport au conflit du Sahara occidental que lâAlgĂ©rie nâa pas apprĂ©ciĂ©e. La France apporte un soutien inconditionnel Ă Rabat dans le projet marocain dâautonomie du territoire sahraoui. Un soutien qui sâapparente Ă une ingĂ©rence. Paris aurait pu et dĂ» faciliter le rĂšglement de ce conflit de dĂ©colonisation par une position de neutralitĂ© positive, cela au plan rĂ©gional. Au plan international, câest la position ambivalente de la France que les observateurs regrettent. Depuis lâentrĂ©e de Sarkozy sous la tente de la prĂ©sidence de la RĂ©publique, la politique arabe de la France sâest Ă©clipsĂ©e en faveur dâun soutien sans rĂ©serve Ă IsraĂ«l. Nâest-ce pas avec les Emirats arabes unis que la France a dĂ©crochĂ© des contrats de vente dâarmes? Câest bien le Qatar qui a allongĂ© le chĂšque pour la libĂ©ration des infirmiĂšres bulgares! Câest bien avec lâArabie Saoudite que lâHexagone gagne de gros contrats et avec lâAlgĂ©rie que des entreprises françaises, Ă lâimage dâAlstom, ont Ă©tĂ© sauvĂ©es de la banqueroute? Aux plans bilatĂ©ral, rĂ©gional et international, Paris sâest distinguĂ© par une duplicitĂ© qui tranche totalement avec la politique arabe de la France. Ce sont autant de points divergents qui Ă©taient au coeur des discussions tenues par les ministres des Affaires Ă©trangĂšres des pays respectifs en marge de lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies Ă New York. «Avec M. Bernard Kouchner, nous avons discutĂ© des dossiers dâordre Ă©conomique et social. Bien Ă©videmment, nous avons Ă©voquĂ© lâhistoire.» Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres a soulignĂ© que certains dossiers qui divisent les deux pays ont Ă©tĂ© posĂ©s sur la table des discussions. A lâoccasion de ce face-Ă -face, lâAlgĂ©rie a rĂ©itĂ©rĂ© sa volontĂ© de dĂ©velopper ses relations avec la France «dans le cadre des intĂ©rĂȘts communs». InterrogĂ© sur la revendication des harkis ayant trait Ă la rĂ©vision de la date de lâindĂ©pendance de lâAlgĂ©rie, Medelci insiste que «nous nâavons pas de problĂšme avec la France mais avec une partie des Français qui veut falsifier lâhistoire et refuse de reconnaĂźtre la vĂ©rité».
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