SARKOZY À PROPOS DE LA BURQA «Elle n’est pas la bienvenue en France» Mohamed TOUATI - Mercredi 24 Juin 2009 - Page : 24
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«La burqa est un signe d’asservissement» | Le chef de l’Etat français a tranché dans le vif à Versailles, au cours de la tenue d’un congrès historique: il sera sans concession à ce sujet.
Cela faisait 150 ans qu’un président de la République n’avait tenu de discours face aux députés et sénateurs à Versailles. Hormis cet événement somme toute symbolique, Nicolas Sarkozy était surtout attendu sur le terrain de l’économie et du social. Des propositions, il en a soumis et compte bien les mettre en oeuvre pour tenter d’enrayer la crise qui persiste et continue de secouer l’Hexagone, en particulier sur le plan de l’emploi. La France compte quelque 2,5 millions de chômeurs, soit près de 9% de la population active. Et comme il l’avait laissé entendre, le président de la République française a tenu sa promesse en s’exprimant sur le port de la burqa celle que l’on qualifie désormais de «voile intégral» au même titre d’ailleurs que le niqab. Il déblaie d’abord le terrain pour ne pas heurter les sensibilités. «La burqa n’est pas un problème religieux», fait-il remarquer. Il a l’intention de placer le débat sur le terrain du droit et de l’émancipation de la femme, musulmane, il faut le préciser. «C’est un problème de liberté, de dignité de la femme. Ce n’est pas un signe religieux mais un signe d’asservissement, d’abaissement», assène le président de la République française qui, au fur et à mesure qu’il développait ses arguments à ce sujet, donnait en fait l’impression de ne laisser que très peu de place au débat. Et quand bien même ce dernier pouvait avoir lieu, il ne laisserait que la sensation d’une mascarade. Les propos du chef de l’Etat français sont aussi «violents» que l’image que peut renvoyer une femme musulmane dans sa burqa évoluant au sein d’une société occidentale, française en particulier qui, en définitive, lui est non seulement étrangère mais très peu accueillante, voire hostile. «Nous ne pouvons pas accepter dans notre pays des femmes prisonnières derrière un grillage, coupées de toute vie sociale, privées de toute identité. Ce n’est pas l’idée que la République française se fait de la dignité de la femme.» Pour rappel, le débat s’est retrouvé sur la place publique après que le député communiste de Vénissieux (Rhône), André Guérin, ait proposé la création d’une commission d’enquête sur le port du voile intégral, autrement dit de la burqa. «Nous sommes aujourd’hui confrontés, dans les quartiers de nos villes, au port par certaines femmes musulmanes de la burqa, voilant et enfermant intégralement le corps et la tête dans de véritables prisons ambulantes ou du niqab qui ne laisse apparaître que les yeux», argumente le député français pour justifier son initiative. Dans un discours ethnocentriste qui caractérise la société française et qui met en exergue son refus de l’autre, de l’étranger, il ajoute: «La vision de ces femmes emprisonnées nous est déjà intolérable lorsqu’elle nous vient d’Iran, d’Afghanistan, d’Arabie Saoudite...Elle est totalement inacceptable sur le sol de la République française.» Ce type de propos n’a pas le mérite d’être aussi clair qu’il n’en a l’air. Il est idéologique. Il doit nécessairement être démystifié. Le droit à la différence sans porter atteinte à la liberté d’autrui ne doit pas laisser indifférent. Doit-on s’habiller tous de la même manière? Penser de la même façon? La tolérance! En voilà un des principes cardinaux sur lesquels se sont bâties les démocraties et dont se targue aujourd’hui la France. Une France de la diversité que veut construire à sa façon Nicolas Sarkozy et ses éminences grises. Guaino, Luc Chatel, Brice Hortefeux...Une France de la diversité blanche et noire mais qui pense avant tout français. Elle est incarnée par Rachida Dati, Fadéla Amara ou Rama Yade...Une génération surdouée de filles et de fils d’émigrés à qui il est demandé de faire fi de leur histoire et de la condition de colonisés de leurs parents. L’intégration passe en principe par l’acculturation. Nicolas Sarkozy qui a glorifié la présence française dans ses anciennes colonies, peut compter sur ces soutiens indéfectibles pour mener à bien la chasse à la burqa.
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