TERREUR VOUS REVOILA ?
A Dergana et RĂ©ghaĂŻa Ă minuit RĂ©cit n Deux vĂ©hicules piĂ©gĂ©s ont explosĂ©, hier, dans la nuit, devant deux commissariats, lâun Ă Dergana et lâautre Ă RĂ©ghaĂŻa, faisant, selon des tĂ©moignages recueillis, trois morts et plus dâune quinzaine de blessĂ©s. http://www.infosoir.com/edit.php?id=55293 Vers minuit, un camion a explosĂ© tout prĂšs du commissariat de police de ReghaĂŻa, devant lequel lâengin Ă©tait stationnĂ©, tuant sur le coup une vieille femme. «Elle a Ă©tĂ© touchĂ©e vraisemblablement par les dĂ©bris», selon des tĂ©moins qui parlent aussi dâun bilan de onze blessĂ©s. «Tous des policiers», estime-t-on, ce matin, dans le centre-ville de RĂ©ghaĂŻa, oĂč tout le monde Ă©tait encore sous le choc. R. N |
DEUX CAMIONS PIEGES EXPLOSENT A DERGANA ET REGHAIA Le GSPC frappe Ă Alger Les deux attentats qui ont ciblĂ© dans la nuit de dimanche Ă lundi deux localitĂ©s situĂ©es Ă lâest dâAlger ont de quoi inquiĂ©ter Ă plus dâun titre. Dâabord parce quâils dĂ©montrent que la capacitĂ© de nuisance des groupes armĂ©s est encore intacte malgrĂ© le discours officiel qui se veut rassurant sur ce volet. Ensuite, parce que ces deux actes criminels interviennent dans une conjoncture marquĂ©e par un regain dâactivisme de lâaile politique de lâislamisme. Une situation sans prĂ©cĂ©dent depuis 1992, date de lâinterruption du processus Ă©lectoral et lâentrĂ©e en clandestinitĂ© ou le dĂ©part en exil des principaux responsables du FIS. Avec ces deux attentats aux portes dâAlger, les groupes armĂ©s dĂ©fient lâEtat, qui, depuis quelques annĂ©es dĂ©jĂ , sâest engluĂ© dans un processus unique en son genre. Un Etat qui scande haut et fort que âla lutte contre le terrorisme se poursuivraâ et qui amĂ©nage, en mĂȘme temps, des espaces aux mentors politiques de ce phĂ©nomĂšne. Une donne qui a crĂ©Ă© une situation de dĂ©mobilisation gĂ©nĂ©rale de la sociĂ©tĂ© civile auprĂšs de laquelle lâANP et les autres services de sĂ©curitĂ© avaient pourtant trouvĂ© par le passĂ© un appui considĂ©rable dans la lutte contre le terrorisme. Faut-il sâĂ©tonner maintenant que deux camions puissent âcracherâ leurs explosifs Ă Alger alors que nous pensions naĂŻvement que la capitale Ă©tait devenue une citadelle imprenable pour les groupes armĂ©s forcĂ©s de se suffire de quelques Ă©clats dans les villes et villages Ă©loignĂ©s ? Par ce discours politique euphorique autour de âla rĂ©conciliationâ, lâAlgĂ©rie sâest placĂ©e en dehors de lâespace temps qui lui recommandait de terminer lâĆuvre quâelle a entamĂ©e alors que lâenvironnement international dâalors nous confinait dans un isolement total. Les Ă©vĂ©nĂ©ments du 11 septembre 2001 ont rappelĂ© Ă tout le monde le danger et la menace de lâislamisme armĂ©. Et câest dans cette conjoncture internationale faite de comprĂ©hension et de compassion que lâAlgĂ©rie dĂ©cide dâamorcer un virage pour tendre la main âaux Ă©garĂ©sâ et vider les prisons de ses pensionnĂ©s islamistes. Au mĂȘme titre que cette dame de Dergana qui a vu sa maison dĂ©truite par les terroristes, câest maintenant tous les patriotes de ce pays qui se demandent si nous ne sommes pas revenus Ă la case dĂ©part. REGHAIA Un vĂ©hicule bourrĂ© dâexplosifs a explosĂ©, au milieu de la nuit de dimanche Ă lundi, devant le commissariat de la SĂ»retĂ© de la commune de RĂ©ghaĂŻa (wilaya dâAlger) causant la mort de 2 passants tandis que 21 personnes dont 3 policiers ont Ă©tĂ© blessĂ©es. Lâattentat qui a Ă©tĂ© perpĂ©trĂ© Ă minuit exactement, moins de 10mn avant lâattentat similaire qui sâest produit dans la localitĂ© de Dergana (lire article), a causĂ© Ă©galement des dĂ©gĂąts importants aux habitations et commerces de la rue SaĂŻdani-Allel et de la RN 24 de la ville de RĂ©ghaĂŻa. 18 vĂ©hicules, appartenant tous Ă des citoyens ont Ă©tĂ© dĂ©truits ou subi de graves dommages. Il Ă©tait minuit lorsque, selon nos informations, trois individus ont garĂ© le camion sur la rue SaĂŻdani-Allel avant de prendre la fuite. Quelques minutes plus tard le camion Sonacome de type K66, volĂ© le 16 septembre 2006 par un groupe de terroristes armĂ©s Ă la dĂ©charge des ordures situĂ©e au sud de la localitĂ© de Benmerzouga dans la commune de Boudouaou (wilaya de BoumerdĂšs), a explosĂ©. Le cratĂšre creusĂ© par la dĂ©flagration indique que le vĂ©hicule a Ă©tĂ© abandonnĂ© le long du trottoir qui longe le cĂŽtĂ© du commissariat ciblĂ© par les assaillants. Lâexplosion a soufflĂ© le mur de clĂŽture de la bĂątisse du commissariat, dĂ©truit quelques murs, mais les structures en bĂ©ton ont rĂ©sistĂ© au souffle de la bombe, laquelle selon certaines sources contenait environ 60 kilogrammes dâexplosifs. A noter que dĂšs lâaube, les services de sĂ©curitĂ© ont recouvert le bĂątiment Ă lâaide de plastique noire. De leur cĂŽtĂ©, les agents de la police scientifique sâaffairaient Ă ramasser des morceaux de ferrailles pour les besoins de lâenquĂȘte. Face au commissariat, toujours dans la rue SaĂŻdani-Allel, la maison des Benrabah qui a subi de plein fouet le souffle, a Ă©tĂ© sĂ©rieusement endommagĂ©e, les marchandises des magasins du rez-de-chaussĂ©e ont Ă©tĂ© complĂštement dĂ©truites. Les agents de lâAPC de RĂ©ghaĂŻa ont vite fait dâenlever les carcasses des vĂ©hicules, dont certains sont devenus mĂ©connaissables. Selon les voisins, la famille qui occupait la rĂ©sidence Benrabah a dĂ©plorĂ© trois blessĂ©s. Malheureusement, B. RĂ©dha, 24 ans a Ă©tĂ© dĂ©couvert non loin du lieu de lâexplosion, le corps dĂ©chiquetĂ©. La seconde victime, A. LyĂšs, 30 ans gravement atteinte au ventre est dĂ©cĂ©dĂ©e quelque temps aprĂšs lâattentat. Selon M. Djida, DG de lâhĂŽpital de Rouiba oĂč de grands moyens ont Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©s pour apporter soins et aide aux victimes, seul un blessĂ©, qui souffre dâune fracture ouverte, a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă lâhĂŽpital Zmirli dâEl-Harrach. Selon lui, la majoritĂ© des victimes nâa subi que des blessures lĂ©gĂšres. Notons le dĂ©placement, au cours de la nuit, du wali dâAlger venu sâenquĂ©rir des opĂ©rations de secours en direction des populations touchĂ©es par cet horrible crime. DâaprĂšs les sources sĂ©curitaires, ces nouveaux crimes (inclure lâattentat de Dergana) sont Ă mettre Ă lâactif de la seriate El-Feth, dĂ©pendant de la katibate El- Ahouel, laquelle est affiliĂ©e au GSPC. Il y a lieu de signaler que le camion de marque Hyundai, propriĂ©tĂ© de la commune de Boudouaou-El-Bahri et qui a Ă©tĂ© utilisĂ© dans lâattentat de Dergana, a Ă©tĂ© volĂ© aussi le 16 septembre 2006 par le mĂȘme groupe qui a pris le K 66. De mĂȘme que la similitude du mode opĂ©ratoire, câest-Ă -dire la minuterie pour la mise Ă feu des deux bombes, il ne fait aucun doute que pour les observateurs, les deux attentats ont Ă©tĂ© perpĂ©trĂ©s par le mĂȘme groupe, la seriate El- Feth en lâoccurrence. Ce groupe active dans lâaxe de Boudouaou, Keddara, Boudouaou-El-Bahri (dans la wilaya de BoumerdĂšs) et lâest de la wilaya dâAlger (Rouiba, RĂ©ghaĂŻa). A sa tĂȘte, le sinistre Ă©mir BĂ©tĂ©traoui Omar, alias Yahia qui est natif de la ville de Corso (W. de BoumerdĂšs). Il a malheureusement un sinistre palmarĂšs fait dâune longue liste de mĂ©faits sanguinaires. Par ailleurs, cette seriate compte parmi elle des Ă©lĂ©ments originaires de RĂ©ghaĂŻa, notamment un certain Abdi, dangereux sanguinaire qui a probablement aidĂ© ses acolytes Ă reconstituer un rĂ©seau de soutien dans cette ville situĂ©e Ă la lisiĂšre de la zone industrielle de Rouiba. DERGANA Nuit d'horreur avant-hier Ă Dergana, localitĂ© situĂ©e Ă lâest de la capitale.Un camion piĂ©gĂ© a explosĂ© vers minuit devant le siĂšge de la SĂ»retĂ© urbaine de la dite ville, qui abrite Ă©galement une unitĂ© de la brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ). Le vĂ©hicule abandonnĂ© derriĂšre le commissariat a explosĂ© quelques minutes aprĂšs une premiĂšre dĂ©tonation qui a ciblĂ© le commissariat de police de la ville de RĂ©ghaĂŻa. Selon un premier bilan de cet acte criminel on enregistre un dĂ©cĂšs et une vingtaine de blessĂ©es dont trois griĂšvement. Les victimes sont pour la plupart des civils, rĂ©sidant au niveau de la citĂ© des 104 villas. Un quartier rĂ©sidentiel se trouvant juste derriĂšre le commissariat de police, et qui a vu au moins cinq de ses habitations totalement dĂ©truites. La façade du commissariat a Ă©tĂ© pour sa part totalement endommagĂ©e. Ce lundi, dans la matinĂ©e, les signes de l'horreur sont encore lĂ . TĂ©moins de la violence de l'explosion. Une aile et un siĂšge du camion piĂ©gĂ© ont Ă©tĂ© propulsĂ©s Ă plus de 100 mĂštres du lieu de l'attentat. Un amas de tĂŽles enchevĂȘtrĂ©s se trouvait au pied d'une bĂątisse totalement dĂ©truite. L'imposant cratĂšre causĂ© par cet attentat dĂ©note de la quantitĂ© de la charge explosive dissimulĂ©e dans le moteur du camion. La police qui a mis en place un large pĂ©rimĂštre de sĂ©curitĂ© autour du commissariat poursuivait hier encore ses recherches par l'intermĂ©diaire de son Ă©quipe scientifique. Cette derniĂšre, Ă©tait Ă la recherche du moindre indice lui permettant de reconstituer les circonstances de cet attentat, ou du moins identifier le procĂ©dĂ© utilisĂ© par les terroristes. Les murs endommagĂ©s du commissariat ont Ă©tĂ© couverts d'une grande bĂąche noire et des hautes barricades en bois ont Ă©tĂ© rapidement dressĂ©es pour cacher les deux Ă©difices publics (siĂšge de la BMPJ et de la SĂ»retĂ© urbaine) aux regards des passants et autres personnes venues s'enquĂ©rir de la situation. Les habitants de la localitĂ©, surpris par l'ampleur du drame, se posent l'inĂ©vitable question: "Le terrorisme des annĂ©es 1990 est-il de retour? L'AlgĂ©rie revivra-t-elle de nouveau l'enfer ?" comme tĂ©moigne cette prĂ©occupation exprimĂ©e par un habitant du quartier, enseignant de son Ă©tat Ă l'universitĂ© de Bab- Ezzouar. Pour sa part, une dame qui regagnĂ© son domicile il y a quatre annĂ©es, aprĂšs l'avoir abandonnĂ© au milieu des annĂ©es 1990 se demande si "le problĂšme de la sĂ©curitĂ© est de nouveau posĂ© Ă Dergana". Hier, la dispositif policier Ă©tait important. Outre la prĂ©sence des responsables des structures de police situĂ©es dans les agglomĂ©rations avoisinantes, le chef de SĂ»retĂ© de wilaya d'Alger s'est dĂ©placĂ© pour la seconde fois consĂ©cutive sur les lieux de l'attentat. Une premiĂšre visite a eu lieu, at- on appris quelques minutes aprĂšs l'attentat. http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/10/31/article.php?sid=45034&cid=2 DEUX ATTENTATS AU CAMION PIĂGĂ Ă RĂGHAĂA ET DERGANA.
Il sâagit de deux attentats portant la signature des mĂȘmes commanditaires. Deux attentats Ă lâexplosif ont secouĂ© la banlieue est dâAlger dans la nuit de dimanche 29 octobre 2006, Ă quelques minutes dâintervalle, lâune Ă RĂ©ghaĂŻa et lâautre Ă Dergana, situĂ©es Ă une trentaine de kilomĂštres de la capitale. Il sâagit de deux attentats portant la signature des mĂȘmes commanditaires, qui ont utilisĂ© deux camions piĂ©gĂ©s, de moyen tonnage, et ciblĂ© dans les deux cas les immeubles abritant les services de la SĂ»retĂ© nationale. Le premier bilan fait Ă©tat de la mort sur le coup de trois personnes, des civils, deux jeunes passants Ă RĂ©ghaĂŻa et une femme, enseignante Ă lâuniversitĂ© de Bab Ezzouar, Ă Dergana. Le premier attentat a visĂ© le siĂšge de la SĂ»retĂ© de daĂŻra de RĂ©ghaĂŻa situĂ© au centre ville et le second a touchĂ© la bĂąttisse de la SĂ»retĂ© urbaine de Dergana. Kamel BENMESBAH http://www.lexpressiondz.com/T20061031/ZA4-1.htm A peine le bruit assourdissant de la bombe commençait-il Ă se dissiper quâune autre explosion secouait une seconde fois le quartier. Celle dâun deuxiĂšme camion piĂ©gĂ©, garĂ© Ă proximitĂ© de la brigade de la police judiciaire de Dergana. Entre les deux attentats, il y eut cinq minutes dâintervalle. Les terroristes ont trĂšs bien Ă©tudiĂ© leurs actes. Les deux camions, bourrĂ©s dâexplosifs, ont Ă©tĂ© garĂ©s simultanĂ©ment contre les murs des deux commissariats, choisissant les cĂŽtĂ©s abritant des habitations et des commerces. Les tĂ©moignages recueillis sur place Ă RĂ©ghaĂŻa et Ă Dergana, moins de deux heures seulement aprĂšs les attentats, sont rĂ©vĂ©lateurs. Les deux poids lourds utilisĂ©s pour semer la mort Ă©taient conduits chacun par trois terroristes armĂ©s de kalachnikovs, lesquels, une fois avoir garĂ© les vĂ©hicules, ont pris la fuite le plus normalement du monde Ă bord de deux voitures de type Renault Clio, de couleur blanche. Je les ai vus manĆuvrer pour stationner le camion contre le mur de lâenceinte du commissariat, mais Ă aucun moment, je nâai pensĂ© quâil sâagissait de terroristes. Quelques secondes aprĂšs leur dĂ©part, celui-ci a explosĂ© », raconte Ahmed, lĂ©gĂšrement blessĂ© Ă la tĂȘte. Sa voiture stationnĂ©e Ă quelques centaines de mĂštres du lieu de la dĂ©flagration a Ă©tĂ© totalement endommagĂ©e, comme dâailleurs au moins une vingtaine dâautres. Lâimpact de lâexplosion est impressionnant. Le quartier de RĂ©ghaĂŻa est dans un Ă©tat chaotique. Les rideaux des commerces arrachĂ©s, les vitres ont volĂ© en Ă©clats, les murs fissurĂ©s et des façades totalement dĂ©truites sur un rayon de plusieurs centaines de mĂštres. Depuis dĂ©jĂ deux heures que les secours sâaffairent Ă dĂ©gager les corps des policiers de dessous les dĂ©combres. Les victimes ont Ă©tĂ© surprises dans leur sommeil. Le commissariat est en ruine. Le bĂątiment nâa pas rĂ©sistĂ© Ă la violence du choc. Des dizaines de femmes, dâenfants et de vieux sont sortis dans la rue, ne sachant plus quoi faire. La panique se lit sur tous les visages, notamment ceux des policiers sortis miraculeusement indemnes de lâattentat. Câest le noir absolu. Le courant est coupĂ© depuis dĂ©jĂ plus de deux heures. Personne nâa pu Ă©tablir le pĂ©rimĂštre de sĂ©curitĂ© ou encore Ă faire la diffĂ©rence entre les civils et les policiers qui assuraient les opĂ©rations de secours. « Nous avons fait sortir une dizaine de policiers de sous les dĂ©combres, tous griĂšvement blessĂ©s. Parmi les trois civils touchĂ©s, un est dĂ©cĂ©dĂ© ... », lance par radio un officier Ă son interlocuteur. Le sang qui coule de la blessure bĂ©ante Ă son visage ne semble pas le dĂ©ranger. Les appels radio sâaccĂ©lĂšrent au rythme des rumeurs les plus folles. Les attentats Ă la bombe sont annoncĂ©s un peu partout dans plusieurs quartiers de la capitale, avant dâĂȘtre dĂ©mentis. Une confusion indescriptible sâempare des policiers. Comme sâils affrontaient pour la premiĂšre fois le phĂ©nomĂšne du terrorisme. Lâofficier se met en colĂšre contre une vieille femme, qui fait les va-et-vient, pieds nus, devant lâentrĂ©e du commissariat. « El Hadja, rentre chez toi. Il nây a rien Ă voir... », lui dit-il. La vieille refuse. « Je nâarrive pas Ă retrouver mon fils. Il Ă©tait dehors au moment de lâexplosion... », lui rĂ©pond-elle en sanglots. Un voisin sâapproche dâelle, la rĂ©conforte et lui annonce que son fils a Ă©tĂ© Ă©vacuĂ© avec les premiers blessĂ©s. La vieille femme nâest pas convaincue. Son sixiĂšme sens ne la trompe pas. Son fils a Ă©tĂ© emportĂ© par le souffle de lâexplosion. Il Ă©tait Ă quelques mĂštres seulement du camion piĂ©gĂ©. Aucun des voisins nâarrive Ă lui rĂ©vĂ©ler cette vĂ©ritĂ© amĂšre et douloureuse. Nous laissons le quartier en pleine effervescence pour rejoindre lâautre lieu tragique, Dergana, plus prĂ©cisĂ©ment la citĂ© des 104 villas. Le mĂȘme dĂ©cor chaotique et les mĂȘmes scĂšnes de terreur. Lâimpact de lâexplosion est indescriptible. Toute lâallĂ©e des villas faisant face Ă la brigade de la police judiciaire a subi de lourds dĂ©gĂąts. Une femme, la quarantaine, a Ă©tĂ© retrouvĂ©e morte, alors que deux enfants ont Ă©tĂ© blessĂ©s par lâeffondrement des murs de leur maison. Onde de choc Du cĂŽtĂ© des policiers, sept ont Ă©tĂ© blessĂ©s, dont deux griĂšvement. Les locaux de la police judiciaire ont Ă©tĂ© lourdement affectĂ©s. Le cratĂšre laissĂ© par lâexplosion dĂ©passe les trois mĂštres de largeur. « Je suis sorti lorsque jâai entendu la premiĂšre dĂ©flagration. Je pensais quâil sâagissait dâune explosion de gaz. Je nâai rien remarquĂ©, mĂȘme pas le camion. DĂšs que jâai rejoint ma maison et Ă©teint les lumiĂšres, quâune deuxiĂšme explosion a soufflĂ© les lieux. Regardez, tout a volĂ© en Ă©clats. Les vitres, les portes, les fenĂȘtres et mĂȘme les murs de clĂŽture et les façades.... », raconte RĂ©da, un rĂ©sident de ce quartier, dont la voiture a Ă©tĂ© dĂ©placĂ©e par le souffle de la dĂ©flagration sur une distance dâau moins une dizaine de mĂštres. Son voisin est encore sous le choc. Il vient de perdre son Ă©pouse, professeur Ă lâuniversitĂ©, tuĂ©e dans son sommeil. Il refuse de parler. Du camion piĂ©gĂ©, il ne reste quâun moteur jonchant le sol Ă une vingtaine de mĂštres de lâexplosion, et quelques morceaux de mĂ©tal complĂštement froissĂ©s. « Vous voyez cet impact par terre, ce diamĂštre veut dire que la charge explosive utilisĂ©e dĂ©passe les 50 kg... », explique un policier. Les familles sinistrĂ©es se sont regroupĂ©es toutes dans la cour du commissariat, oĂč les premiers soins sont donnĂ©s depuis des heures aux blessĂ©s. Il est 5h passĂ©es, la fatigue commence Ă se faire sentir. Des barricades sont dressĂ©es pour interdire lâaccĂšs au lieu de lâattentat. Un lieu qui ressemble Ă un vĂ©ritable champ de bataille. Retour Ă RĂ©ghaĂŻa oĂč les secours se poursuivent toujours. « Il nâest pas certain que tous les policiers soient dĂ©gagĂ©s des dĂ©combres... », nous dĂ©clare un pompier. Certains responsables locaux arrivent sur les lieux. Les familles sont encore dans la rue. Lâonde de choc ne semble pas se dissiper. Dans un Ă©lan de solidaritĂ© poignant, les femmes et les enfants sont orientĂ©s vers les maisons limitrophes nâayant pas Ă©tĂ© endommagĂ©es. Les sanglots et les pleurs entrecoupent les discussions entre les rescapĂ©s. Quelques heures plus tard, le jour se lĂšve, pour « illuminer » un lieu chaotique, qui ressemble Ă©trangement Ă un quartier bombardĂ©. Les visages sont livides et les voix Ă©teintes. Les opĂ©rations de secours sâarrĂȘtent. La police scientifique entre en action. Un long rideau en plastique noir recouvre dĂ©sormais le commissariat. Comme pour cacher la laideur de lâendroit. Les locaux de la brigade de la police judiciaire de Dergana sont eux aussi drapĂ©s de ce film en plastique noir. Signe de deuil pour toutes ces victimes fauchĂ©es Ă la fleur de lâĂąge par des hordes criminelles. Il est 8h passĂ©es. Un autre civil a succombĂ© Ă ses blessures. Ce qui porte le bilan Ă trois morts et 24 blessĂ©s, dont dix-sept (policiers) uniquement Ă RĂ©ghaĂŻa restent dans un Ă©tat jugĂ© critique. Le dĂ©filĂ© des responsables centraux commence. Les policiers, qui se sont affairĂ©s durant toute la nuit Ă extraire leurs collĂšgues des tonnes de gravats, perdent la parole. « Adressez-vous Ă la cellule de communication auprĂšs de la sĂ»retĂ© de wilaya », disent-ils aux journalistes qui arrivent. Ces Ă©lĂ©ments sont trĂšs avares en informations. « Nous ne pouvons rien dire pour lâinstant. Il faudra attendre les analyses des indices retrouvĂ©s sur la scĂšne de crime... », souligne un officier. Il a, nĂ©anmoins, affirmĂ© que les ingrĂ©dients utilisĂ©s par les terroristes dans la confection de la bombe sont des engrais chimiques. Des produits que lâon trouve facilement sur le marchĂ©, du fait de leur large utilisation en agriculture. Selon des sources sĂ©curitaires, les deux camions piĂ©gĂ©s, utilisĂ©s par les terroristes, ont Ă©tĂ© volĂ©s deux jours auparavant dans la rĂ©gion de BoumerdĂšs Ă des privĂ©s. La question qui reste nĂ©anmoins posĂ©e est de savoir comment des poids lourds volĂ©s, et donc signalĂ©s, puissent-ils se garer Ă proximitĂ© de deux commissariats ? Manque de vigilance ? Câest certainement le cas. Les policiers des brigades mobiles de la police judiciaire ont Ă©tĂ© surpris dans leur sommeil... |
DĂCRYPTAGE
La dĂ©solation et la dĂ©vastation qui marquaient, hier, le centre de RĂ©ghaĂŻa renvoyaient aux plus terribles images de 1994 -95. La dĂ©flagration Ă©tait telle que tout, pratiquement tout, Ă©tait dĂ©truit sur un rayon de 100 mĂštres. Plusieurs explosions ont eu lieu, hier, en mĂȘme temps, Ă RĂ©ghaĂŻa, mais aussi Ă Dergana, et, heureusement lâengin dĂ©samorcĂ© Ă Bordj MenaĂŻel, ce qui a renseignĂ© clairement sur la nature rĂ©flĂ©chie et planifiĂ©e du plan du groupe salafiste. Fayçal OUKACI |