Tizi Ouzou - Alger en cinq heures : Les embouteillages paralysent les autoroutes
jeu, 02/19/2009 - 07:56 — stephane
Il y a quatre ans, on faisait moins d’une heure et demie pour rejoindre la capitale mais ces derniers temps, le trajet est vraiment éprouvant. On peut passer toute une journée sur la route pour se rendre à Alger. La situation est vraiment intenable », nous a déclaré un citoyen à son arrivée à la gare routière de Tizi Ouzou. Effectivement, le trajet n’est pas une sinécure aussi bien pour les voyageurs que pour les transporteurs, qui se plaignent des sempiternels embouteillages que connaît ce tronçon routier. Cinq heures, parfois plus, pour une distance de moins de 100 kilomètres, cela rend indubitablement le quotidien des passagers infernal dans la mesure où la situation est similaire tout au long de la journée.
« Dès la sortie de la ville de Tizi Ouzou, à Boukhalfa, la circulation est déjà insupportable. Il y a plein de barrages sur la route. On est souvent soumis à des attentes interminables », s’emporte un automobiliste devant se rendre à , qui dit n’avoir parcouru que 200 m en une heure. Cet état de fait n’épargne personne, d’autant plus que la circulation ne redevient fluide que les vendredis au matin et les jours de fête. Notre interlocuteur nous a informé que plusieurs citoyens qui devaient prendre un vol ont raté l’avion pour des raisons d’embouteillage sur la RN12. « Se rendre à Alger est un véritable casse-tête chinois. J’ai un concours à passer demain à 13h, mais je préfère me déplacer aujourd’hui de crainte d’arriver en retard. Je dois payer une chambre d’hôtel au lieu de partir demain matin », nous dit un prétendant à un poste d’emploi dans une société nationale à Alger. Dès les premières heures de la matinée, la route est envahie de véhicules en tout genre : voitures, fourgons, camions, semi-remorques. Les bouchons s’étalent, dans certains cas, sur des dizaines de kilomètres. Les véhicules avancent lentement. Outre les barrages de contrôle dressés par les services de sécurité, les travaux de bitumage et d’entretien de la route à certains endroits pénalisent grandement les passagers. Les files interminables de véhicules et la cacophonie des klaxons caractérisent ce point noir tout au long de la semaine. Cette situation se traduit par des altercations entre les transporteurs et les autres automobilistes. Même les agents de l’ordre, que l’on retrouve souvent en force, n’y peuvent rien et se volatilisent aussitôt que la situation commence à leur échapper. Les automobiles avancent pare-choc contre pare-choc. « On n’a jamais vu, dans le monde, des gens qui procèdent au bitumage d’une autoroute durant la journée. Mais en Algérie, il y en a. Vous savez, dernièrement, à Thenia, on a passé plus d’une heure à attendre à cause de travaux de réfection sur la route. Personne ne s’est soucié des passagers. C’était le calvaire. On n’en pouvait plus », ajoute Hassen, chauffeur d’un bus qui fait la navette entre Tizi Ouzou et la gare routière de Kharouba.
La circulation devient inéluctablement une véritable corvée pour les transporteurs qui n’arrivent pas à fixer d’horaires de départ. La wilaya de Tizi Ouzou est, semble-t-il, parmi les régions les mieux dotées en matière de moyens de transport inter-wilayas. Rien que pour la ligne Tizi-Alger, l’on dénombre plus 100 bus, sans parler des taxis et autres véhicules particuliers qui défilent quotidiennement sur la RN12. Ces dernières années, la présence des éléments des forces de sécurité s’est multipliée sur le tronçon routier en question. Des barrages mixtes sont dressés pratiquement tous les dix kilomètres. On trouve, d’ailleurs, des points de contrôle de police, de gendarmerie ou bien de l’armée à Boukhalfa et Tadmaït dans la wilaya de Tizi Ouzou, à Si Mustapha et Thenia dans celle de Boumerdès ainsi qu’aux portes d’Alger, notamment à Dar El Beïda et Bab Ezzouar. « On passe plus de 20 minutes à chaque barrage de contrôle. C’est infernal ! » s’indigne un automobiliste en provenance de où il travaille en tant que fonctionnaire depuis deux ans. Il y subit, dit-il, matin et soir les mêmes affres de la circulation, toujours au ralenti. Il relate également les désagréments que vivent les passagers surtout le jeudi, journée de marché aux voitures à Tidjelabine où l’on remarque des centaines de véhicules « entassés » aux alentours du souk. Des dizaines de camions de gros tonnage et des semi-remorques circulent à longueur de journée sur la RN12. Le train est à l’arrêt depuis 1996. Jadis, la ligne ferroviaire désengorgeait la route, mais depuis l’arrêt des navettes du train Tizi-Alger, toutes les marchandises qui devraient prendre le rail empruntent la route. Cette ligne a été carrément suspendue depuis 13 ans. Si la réhabilitation de ce réseau ferroviaire venait à être concrétisée dans des délais raisonnables, le transport des personnes et des marchandises entre Tizi Ouzou et la capitale aurait droit à une énorme bouffée d’oxygène. D’autant plus que les estimations de la direction des transports font état de la prise en charge d’une moyenne de 50 000 voyageurs/jour. Rappelons que le directeur des transports de la wilaya de Tizi Ouzou a déclaré, il y a quelques mois, que la finalisation de la ligne de chemin de fer reliant Tizi à Oued Aïssi, la construction d’une gigantesque gare multimodale, la mise en place d’une entreprise de transport urbain, la réalisation d’un téléphérique devaient intervenir avant 2009. Toutefois, la livraison de ces projets n’est pas pour demain et le calvaire des voyageurs perdure.
Par Hafid Azzouzi