Grand favori du Tour de France, Chris Froome a assommé la course dès la première étape de montagne samedi à Ax 3 Domaines. Le leader de la Sky explique les raisons du succès par le gros travail de préparation effectué en amont et répond aux accusations de dopage. 

Chris, êtes-vous surpris de voir qu’Alberto Contador est relégué à deux minutes de vous ?
 Oui, un peu, mais pas seulement concernant Alberto Contador, mais aussi les autres prétendants au classement général. Richie (Porte) et moi nous sommes en très grandes conditions. On a travaillé pendant des mois. C’est une très grande satisfaction d’être aux deux premières places aujourd’hui. Faire un et deux lors de la première étape de montagne, c’est incroyable. C’est super car on a vraiment pris beaucoup de temps. On est très content de ce qu’on a fait.

Dans le dernier kilomètre, vous semblez avoir eu encore un regain d’énergie…
 Oui, une fois que j’ai fait le vide à cinq bornes de l’arrivée, je me suis mis en mode contre-la-montre pour creuser l’écart. Il reste deux semaines de course et chaque seconde est importante. Je suis très confiant pour la suite car j’ai une équipe formidable autour de moi. On a une confiance incroyable.

Que représente pour vous ce maillot jaune ?
 C’est tout à fait fou. Cette saison, j’ai déjà porté pas mal de maillot de leader d’une épreuve, mais ça n’a rien à voir avec le Tour.

"Il y a beaucoup de travail derrière"

Nous sommes obligés de vous poser cette question. Votre démonstration et celle de votre équipe dans la dernière ascension a rappelé celle d’un certain Lance Armstrong et de son équipe l’US Postal. Aujourd’hui, pouvez-vous nous assurer que vous et vos coéquipiers êtes propres ?
Oui, à 100%. C’est normal que cette question soit posée à nouveau par rapport à l’histoire et à la crédibilité de notre sport. Je comprends, mais notre sport a changé. Si notre sport n’était pas propre désormais, je n’aurai jamais pu obtenir un tel résultat. Notre sport n’a jamais été aussi propre. Il y a cinq ou dix ans en arrière, le dopage était prépondérant. Aujourd’hui, je considère même comme une mission personnelle de prouver que notre sport a changé et n’est plus le même qu’auparavant. N’importe qui qui étudie notre équipe et voit la préparation et les efforts que cela représente de préparer le Tour, avec les camps d’entraînement en altitude, le soutien du staff et de ma fiancée aussi à la maison, comprendra les résultats que l’on a d’aujourd’hui. Ce n’est pas incroyable, il y a beaucoup de travail derrière.  

Vous êtes parti à cinq kilomètres de l’arrivée. Auriez-vous pu partir de plus loin ou étiez-vous à fond.
Non, je n’avais rien sous la pédale. C’est le Tour, il faut tout donner. On ne garde pas de réserves dans ces cas-là. 

Votre attaque était-elle planifiée ou avez-vous agi en fonction des circonstances ?
 C’est vrai que sur ce genre d’étape, on élabore un plan au départ mais celui-ci change bien souvent en fonction des circonstances et de nos sensations en course. J’ai choisi ce moment pour attaquer, car j’ai vu que les autres prétendants au général étaient en difficulté et lutter pour rester dans les roues. C’était le bon moment.

Déjà loin au classement général, Thomas Voeckler va pouvoir jouer à fond son rôle d’électron libre sur les routes du Tour de France. Reste à savoir si le coureur d’Europcar a les jambes pour animer la course après une première semaine compliquée.

Grand animateur du Tour de France ces deux dernières années, Thomas Voeckler est resté relativement discret depuis le départ de cette 100e édition. Peu en vue lors des trois premiers jours en Corse, le coureur d’Europcar n’a pas encore couru à l’avant depuis le retour sur le continent. Il faut dire que les trois étapes arrivant à Marseille, Montpellier et Albi ne correspondaient pas vraiment à ses qualités de baroudeur-puncheur. Pire, l’expérimenté coureur de 34 ans a vécu une journée galère jeudi lors de l’arrivée dans la capitale du Tarn. Piégé par le coup de force de la Cannondale, ce dernier a concédé quinze minutes aux leaders.

Autant dire que l’Alsacien d’origine n’a plus grand-chose à espérer au niveau du classement général. Pas vraiment d’inquiétude à avoir pour sa formation Europcar, qui avait mis toutes ses billes sur Pierre Rolland pour assumer le rôle de leader. Voeckler aura même une grande latitude pour jouer son rôle d’électron libre et d’attaquer quand bon lui semble afin de jouer les victoires d’étapes et éventuellement le maillot à pois qu’il avait porté jusqu’à Paris l’an dernier.

"Par la force des choses, oui Thomas est dans une bonne situation, explique son directeur sportif Andy Flickinger. Mais il a vraiment eu un coup de chaud. Notre leader c'est Pierre Rolland, Thomas lui c'est un électron libre. Après l'étape d'aujourd'hui, il se retrouve dans sa position favorite, il va pouvoir tenter des choses." Déjà à l’attaque samedi pour la première étape dans les Pyrénées dans la montée du col de Pailhères après avoir craqué suite à l'attaque du Colombien Nairo Quintana (Movistar), le chouchou du public français pourrait de nouveau tenter sa chance dimanche lors de l’étape entre Saint-Girons et Bagnères-de-Bigorre propice aux baroudeurs avec cinq cols au programme dont quatre classés en première catégorie. "Si j'étais sûr d'aller au bout à chaque fois que j'attaque, je n'attaquerai pas souvent", a confié ce dernier samedi lors de l'arrivée à Ax 3 Domaines. Gageons que le Vendéen d'adoption tentera de nouveau sa chance dans les jours à venir.