114 km, c’est la distance qu’ont parcourue les deux échappés de la première étape de la 25e édition du Tour du Faso, le vendredi 21 octobre 2011, entre Laye - Ouahigouya pour pouvoir endosser les maillots les plus prestigieux du tour. En effet, après les formalités d’usage (signature des coureurs et vérification des présences) et le top de départ donné à 8h 45, Abdoul Aziz Nikiéma de l’équipe nationale et Bikienga Salfo de l’équipe régionale du Centre, profitent d’une chute survenue dans le peloton dans la localité de Niou pour prendre la clé des champs. Les 88 autres forçats de la route, puisqu’il y avait au total 90 coureurs au départ, se lancent alors à leur poursuite. On note que l’équipe marocaine qui était annoncée n’a pas pu faire le déplacement.

Les échappés, grâce à leur détermination, et à la complicité de leurs coéquipiers qui retardaient la course à l’arrière, arrivent à creuser des écarts énormes. Des écarts qui sont allés d’1 mn à 4 mn et même à 11 mn entre temps. Avec les encouragements du président de la Fédération burkinabè de cyclisme, Alassane D. Ouangrawa et les consignes du directeur technique national, Martin Sawadogo, Bikienga Salfo qui est à sa première participation au tour du Faso et Abdoul Aziz Nikiéma redoublent d’efforts et donnent un grand espoir aux Burkinabè de remporter la première étape de la 25e édition ainsi que les maillots les plus prestigieux. A Quelques kilomètres après Gourcy, cet espoir va s’amenuiser. Gagnés par la fatigue, les hommes de tête lèvent le pied. Les jambes devenues lourdes obéissent difficilement au mouvement de leur monture.

Pendant ce temps, le peloton attaquait et réduisait l’écart. Les cyclistes burkinabè qui faisaient le jeu dans le peloton ont fini par se lasser. La peur gagne les Burkinabè. L’un de nos confrères, Zakaria Kaboré, qui fut ancien cycliste, en regardant la manière de pédaler des fuyants, nous fait savoir qu’ils sont "morts". Même le président Alassane Ouangrawa a reconnu cela. Abdoul Aziz Nikiéma quitte entre temps le goudron et se retrouve nez à nez avec un buisson. Il se ressaisit rapidement et se remet sur la route. Tout le monde se disait que c’était fini pour ces deux coureurs parce qu’ils seront "avalés" par leurs poursuivants. Mais c’était mal connaître Abdoul Aziz Nikiéma et son compagnon.

Tout comme des phoenix, ils renaissent de leur cendre et surprennent tout le monde. C’est donc haut les mains que les braves cyclistes burkinabè ont, sous un soleil de plomb, franchi la ligne d’arrivée à la Place de la Nation de la cité de Naaba Kango sous les applaudissements bien nourris de la population et des autorités. Il était 12h 18 mn. Soit un temps mis de 3h 48 mn, 04s, pour une vitesse moyenne de 38,304 km/h. "C’est fait, nous avons le maillot jaune", jubile le directeur technique national. "Quelle échappée !" disait les uns et les autres. On se rappelle que le record de la plus longue échappée est détenue par Gorama Tondé, record réalisé sur le même axe pendant le tour du Faso de 1994.

A l’époque, il s’était échappé depuis Boussé et a fait seul le trajet jusqu’à Ouahigouya. Le maillot jaune de cette première étape a été enfilé par Bikienga Salfo qui a été le premier à franchir la ligne d’arrivée. Il a endossé, en outre, le maillot du vainqueur d’étape, et le maillot vert pour ne citer que cela. Abdoul Aziz Nikiéma, lui, s’est contenté du maillot des points chauds et de celui de la SOFITEX. A L’issue de la première étape, les cyclistes burkinabè ont raflé 7 des 9 maillots du tour.

Les Algériens, maîtres des 2e et 3e étapes

Yako-Ziniaré, tel était le trajet de la deuxième étape de la 25e édition du tour du Faso, courue le 22 octobre 2011. Les Burkinabè qui ont déjà les maillots les plus convoités n’avaient plus qu’à adopter une stratégie pour les protéger. Et la consigne, à ce effet, était de ne pas laisser les adversaires s’échapper. Cette consigne a été respectée de Yako jusqu’à 10 km de Ziniaré. A partir de cette localité, les Etalons cyclistes assistent impuissamment à une attaque de l’équipe algérienne qui réussit à placer le 3e meilleur cycliste africain, Azzadine Lagab, en avant. Celui-ci sera rejoint par le Français Dupe Bastlen. Le sprint final disputé âprement entre ces deux coureurs a été remporté par l’Agérien.

Le premier des Burkinabè arrive 10e. Il s’agissait de Rasmané Ouédraogo. Ce dernier a confié tout simplement qu’ils ont laissé leurs adversaires s’échapper parce qu’ils étaient fatigués. Azzadine Lagab s’empare ainsi du maillot de l’étape ainsi que du maillot vert. Le maillot des points chauds qui était détenu par Abdoul Aziz Nikiéma passe à l’Algérien Hanache Abdelasset qui a remporté tous les trois sprints intermédiaires de l’étape. Quant au maillot jaune, il a causé des vertiges aux Burkinabè. Après des calculs rapides, les commissaires ont annoncé que le maillot devait passer sur les épaules du vainqueur de l’étape Azzadine Lagab qui, après la première étape était à 3 mn 19, du détenteur du maillot jaune, Bikienga Salfo. Pourtant, l’écart qui existait entre ces deux cyclistes à l’issue de la 2e étape ne valait même pas 2 mn.

C’était la confusion totale. Les responsables de l’équipe algérienne ayant appris la nouvelle jubilent pendant que la tristesse gagne les Burkinabè. Après une seconde vérification, le directeur du tour, Gabriel Zongo, souffle à l’animateur du tour, Soufiane Coulibaly, que le porteur du maillot jaune n’est pas l’Algérien mais plutôt le Burkinabè, Bikienga Salfo. "Nous nous sommes trompés. Le temps a été mal enregistré à l’arrivée ; toute chose qui nous a induits en erreur", a lâché le directeur de course. Finalement, c’est Bikienga Salfo qui a gardé le maillot jaune. La troisième étape courue le 23 octobre 2011 entre Linooghin et Tenkodogo a également été remportée par un Algérien du nom de Madani Abdelmalek qui a battu au sprint le Burkinabè Zidwemba Bangba Amidou. Ce dernier qui était à 40 secondes du maillot jaune après les deux premières étapes l’arrache aux épaules de Bikienga Salfo et en devient le nouveau détenteur. L’entraîneur de l’équipe d’Algérie a confié que jusque-là, son objectif est de gagner les étapes."

Le maillot jaune ne nous intéresse pas pour le moment. Nous allons commencer sa conquête à partir de la 6e étape. Pour le moment notre objectif est de remporter le maximum d’étapes", a-t-il affirmé. Les Burkinabè pourront-ils remporter le Tour du Faso cette année ? En tout cas, l’histoire nous permet d’espérer puisqu’elle a montré que chaque fois qu’un Burkinabè remporte la première étape du tour du Faso, le Burkina s’impose au finish. L’histoire va -t- elle se répéter ? C’est en tout cas, tout le souhait du président de la Fédération burkinabè de cyclisme, Alassane D. Ouangrawa, ainsi que celui des Burkinabè qui attendent impatiemment le maillot jaune depuis 2005.

Yannick SANKARA sur les routes du tour

Le Pays