Tunisie: Le pays secoué par des violences et des pillages
Tunisie: Le pays secoué par des violences et des pillages
INSURRECTION - Les membres de la sécurité de Ben Ali sont notamment pointés du doigt...
Après la joie, la violence. Au lendemain du départ de l'ex-président Ben Ali, après 23 ans à la tête de l'Etat tunisien, le pays a basculé dans un climat de quasi-insurrection.
Samedi, rapporte un journaliste de l'agence Reuters, des voitures transportant des hommes armés circulaient à vive allure dans certaines rues de Tunis, ouvrant le feu au hasard sur des bâtiments ou des attroupements.
L'identité de ces hommes n'a pas été établie, mais un haut responsable militaire, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a affirmé que des éléments loyaux au président Zine Ben Ali se déployaient à travers la Tunisie.
Au lendemain de la fuite de l'ex-homme fort qui régnait sans partage depuis 1987, d'autres incidents violents ont été signalés en Tunisie.
Mutineries dans deux prisons
A Monastir, sur la côte est, une mutinerie dans une prison a provoqué une incendie qui a fait 42 morts et a donné l'occasion à des dizaines de détenus de fuir, rapporte l'agence de presse officielle Tap.
«Des détenus ont tenté de s'enfuir de la prison, ce qui a abouti à un chaos total», a déclaré une source médicale à l'agence tunisienne. «Certains ont pu s'échapper et les autres ont mis le feu à des matelas dans une aile où vivent plus de 90 prisonniers. Ceux qui sont morts ont été victimes de brûlures et d'intoxication», a ajouté ce responsable médical.
A Mahdia, un peu plus au sud, plusieurs dizaines de détenus ont été tués lors d'une évasion collective, rapportent des témoins. «Ils ont tenté de s'évader et la police a ouvert le feu sur eux. On dénombre maintenant des dizaines de morts, et tout le monde s'est échappé», a déclaré Imed, qui vit à 200 mètres de la prison. La prison de Mahdia, à 140 km au sud de Tunis, hébergeait 1.200 détenus, a-t-il dit.
«Ils espèrent reconquérir le pouvoir»
Dans la capitale, des soldats ont pris position pour tenter de rétablir le calme à l'issue d'une nuit de chaos et de pillages. Un journaliste de Reuters se déplaçant samedi dans le quartier de Bardo, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, a croisé la route d'un pick-up circulant à vive allure. A l'intérieur se trouvaient quatre hommes en civils. Le canon d'un pistolet dépassait d'une des vitres du véhicule. Quelques instants plus tard, le journaliste a entendu des détonations. Il n'a pu voir si quelqu'un avait été touché.
Dans la banlieue de Tunis, un hypermarché Géant était samedi la proie des flammes, rapportent des témoins. La télévision publique tunisienne a diffusé elle les images de dizaines de personnes interpellées dans les rues avec des armes blanches ou des armes à feu.
Pour la source militaire interrogée par Reuters, il ne fait aucun doute: «Les membres de la sécurité de Ben Ali sont derrière ce qui se passe», dit-il.
Des groupes d'auto-défense créés
Avis partagé par l'analyste tunisien Taoufik Ayachi. «Il est certain que la police présidentielle est derrière tout cela. Ils espèrent reconquérir le pouvoir. Ils tentent de semer le désordre. Hier (vendredi), des rumeurs circulaient selon lesquelles ils allaient tenter de mener un coup d'Etat mais l'importante présence militaire les en a empêchés», dit-il.
A la nuit tombée, des habitants de certains quartiers des faubourgs de Tunis se sont rassemblés en groupes d'autodéfense, armés de matraques et d'armes blanches, pour se protéger de pillards. Selon un journaliste de Reuters, seuls les habitants des quartiers sont autorisés à passer.
EN DIRECT: les événements en Tunisie
Des manifestations célèbrent un peu partout dans le monde "la révolution de jasmin" en Tunisie. Mais sur place la situation reste précaire, les nouveaux dirigeants, dont le président par intérim Foued Mebazaa, tentant de reprendre le contrôle du pays, après la fuite en Arabie Saoudite de Zine El Abidine Ben Ali, resté au pouvoir pendant 23 ans. FIN DE NOTRE DIRECT 18h52 - Des avions pour les touristes - L'essentiel des retours anticipés de touristes français en vacances en Tunisie devrait être achevé dimanche soir. "De gros efforts ont été faits avec douze vols supplémentaires" en plus des rotations normales, déclare à l'AFP René-Marc Chikli, président de l'Association des tour-opérateurs (Ceto). Samedi 15 janvier 2011, 19h13 18h00 - Peuple libéré - "Depuis la destruction de Carthage par les Romains, ce peuple ne faisait que subir. Il s'est réveillé et s'est libéré de sa peur", lance à l'AFP Fathi Tlili, président de l'Union des travailleurs immigrés tunisiens en France, qui manifeste à Paris. 17h37 - Départ - Les proches de Ben Ali présents sur le sol français n'ont "pas vocation à rester" et ils "vont le quitter", affirme le porte-parole du gouvernement François Baroin, sur France Info. Il n'a "jamais été question d'une présence" de l'ex-président tunisien "sur le sol français", ajoute-t-il, précisant qu'une telle demande n'avait "pas été formulée" et "n'aurait pas été acceptée". 17h25 - Retour - Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste tunisien Ennhadha, déclare qu'il "prépare" son retour dans son pays, et qu'il est disposé à la formation d'un gouvernement d'union nationale, dans un entretien téléphonique avec l'AFP.
17h22 - Trio - De nombreux Algériens et Marocains figurent dans la manifestation parisienne. Sur un panneau, on peut lire "1: Ben Ali, 2: Moubarak, 3: Bouteflika". 17h12 - Rapatriements - En France, l'Association des tour-opérateurs se montre moins optimiste que nombre de ses confrères européens. Compte-tenu des "contraintes fortes" liées au couvre-feu encore en vigueur et de la difficulté de trouver des avions mais aussi des équipages, elle estime qu'il ne sera pas possible de rapatrier tous les Français en un week-end. Les opérations "déborderont forcément sur les jours suivants". 17h05 - Sévère - Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie Les Verts, condamne "la position de la France, qui a soutenu la dictature de Ben Ali jusqu'au dernier moment". "Les élections présidentielles et législatives doivent être organisées le plus rapidement possible", ajoute-t-elle dans un communiqué. 16h59 - Mickey - Des proches de l'ex-président Ben Ali, dont une de ses filles, Nesrine, 24 ans, quittent le parc d'attraction Eurodisney, à Marne-la-Vallée, où ils s'étaient réfugié jeudi,dans des suites luxueuses du Castle club, l'un des quartiers VIP du Disneyland Hotel. 16h53 - Plus de président - "On ne veut plus de président! On veut un régime parlementaire, qu'il n'y ait qu'un chef de gouvernement c'est tout, on veut plus d'un président pour lui payer son whisky et son caviar au palais de Carthage", lance un homme qui patiente devant le comptoir de Tunisair à l'aéroport d'Orly. 16h40 - Autres manifs en France - Plusieurs milliers de personnes défilent dans les rues de Marseille et Nice, criant "Ben Ali assassin", chantant l'hymne national et brandissant des pancartes "Hommage à nos martyrs", "Main dans la main pour la démocratie" ou "Saoudiens collabos". "Maintenant, nous devons trouver un nouveau président rapidement même si tout est difficile car Ben Ali a fait taire les vrais partis politiques", avertit Me Salim Moussa, du barreau de Marseille, qui manifeste en robe d'avocat. 16h38 - Manif à Gaza - Des centaines de sympathisants du Jihad islamique manifestent à Gaza, arborant des drapeaux palestiniens et tunisiens. "Nous félicitions le peuple tunisien pour son soulèvement contre le régime tyrannique", déclare Daoud Chihab, porte-parole du mouvement.
16h34 - Fin d'une époque - "C'est comme la Révolution française. C'est la fin d'une époque. J'espère un réel changement. On peut pas continuer comme ça", estime Farhat Hafayedh, 56 ans, un ouvrier à la retraite qui regarde un supermarché en train de brûler à Carthage. "Le pillage a été ciblé. Tout cela appartient à l'ancien président." 16h30 - Royal se propose - Ségolène Royal juge "important" que le Parti socialiste "puisse se constituer en force d'observation" dans l'organisation d'élections libres en Tunisie, proposant sa propre présence comme "garantie". 16h25 - Tabassages dans la rue - "J'ai vu des gangs qui fracassaient des portes pour faire sortir des personnes et les tabasser dans la rue. Ils étaient constitués de policiers en civil et en uniforme et d'invidus non identifiés armés de chaînes métalliques, de barres de fer et de gourdins", raconte un diplomate français, sorti avant l'aube dans Tunis. 16h20 - "Défendez vos demeures" - "Regroupez-vous, défendez vos demeures en attendant que l'armée arrive pour vous protéger", conseille un animateur de la Télévision publique Tunis7 à un téléspectateur qui raconte sa peur devant les va-et-vient de bandes suspectes dans son quartier de la banlieue de Tunis. 16h06 - "Soutien" de Sarkozy - "Depuis plusieurs semaines, le peuple tunisien exprime sa volonté de démocratie. La France, que tant de liens d'amitié unissent à la Tunisie, lui apporte un soutien déterminé". "La France appelle à l'apaisement et à la fin des violences. Elle demande l'organisation d'élections libres dans les meilleurs délais", déclare Nicolas Sarkozy dans un communiqué. 16h04 - 20 femmes blessées - A Messadine, dans le centre-est de la Tunisie, au moins une vingtaine de femmes ont été blessées par des éléments incontrôlés habillés en policiers, qui se sont emparés d'armes dans la ville voisine de Msaken avant de répandre la rumeur sur une fausse libération de prisonniers. 15h58 - Manif à Paris - Environ 8.000 personnes, selon la police, essentiellement des Tunisiens, des Franco-Tunisiens et des représentants des partis de gauche français, défilent à Paris. Un groupe de jeunes gens portient des cercueils recouverts de drapeaux tunisiens avec des pancartes "Merci à nos martyrs, nous ne vous oublierons jamais". 15h53 - Mal vu - "Le gouvernement français l'a échappé belle en refusant d'accueillir Ben Ali à l'aéroport du Bourget. S'il l'avait accepté, cela aurait été très mal vu par la communauté tunisienne. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui lui manquait", affirme Robert Taieb, 65 ans, à la sortie d'un restaurant tunisien du boulevard de Belleville à Paris. 15h50 - Révolution - En Jordanie, où la grogne monte contre l'inflation et le chômage, une cinquantaine de syndicalistes font un sit-in devant l'ambassade de Tunisie à Amman et appellent à la propagation de "la révolution tunisienne". 15h32 - Consensus - La Ligue arabe appelle de ses voeux un "consensus national qui permette de sortir le pays de la crise tout en garantissant le respect de la volonté du peuple tunisien". 15h28 - Cadeau - Les journaux du monde arabe voient dans la chute de Ben Ali un précédent prometteur pour toute la région. "Le cadeau de la Tunisie aux Arabes: la fin d'un dictateur", titre, à Beyrouth, El Akhbar. "Les Tunisiens ont donné une leçon à tous les pays arabes encore sous la coupe de dictatures archaïques", estime El Khabar, à Alger. 15h22 - Cellules de crise - Les voyagistes ont mis en place des cellules de crise. Chez Fram, huit personnes sont mobilisées, et 25 chez Thomas Cook France. L'un des problèmes principaux est "de trouver des avions, mais aussi des équipages", explique l'une d'entre elles. 15h19 - "Autocrate corrompu" - Pour l'ex-premier secrétaire du PS François Hollande, Ben Ali a agi comme "les autocrates corrompus" en fuyant son pays où "a priori il ne risquait rien". "Je me réjouis après des semaines d'émeutes, et hélas, de victimes, que M. Ben Ali soit parti, mais une fuite, ça en dit long sur ce qu'il était." 15h15 - Photographe dans un état grave - Lucas Mebrouk Dolega, 32 ans, photographe de l'agence de presse EPA, blessé vendredi à la tête par un tir de grenade lacrymogène pendant une manifestation à Tunis, est dans un état "très grave", son pronostic vital étant engagé, selon son entourage et une source diplomatique. 15h12 - Manif à Lyon - Environ 800 personnes, selon la police, manifestent à Lyon pour célébrer la chute du président tunisien, aux cris notamment de "Ben Ali assassin, Ghannouchi complice". 15h02 - SANS EXCEPTION - "Tous les Tunisiens sans exception et sans exclusive" seront associés au processus politique, affirme Foued Mebazaa, dans une brève allocution après sa prestation de serment. 14h54 - L'armée dans Tunis - Des tanks et des véhicules blindés de transport de troupes restent déployés dans la capitale, où des dizaines de pilleurs présumés ont été arrêtés dans la matinée puis emmenés dans des camions, ont constaté des journalistes de l'AFP. 14h30 - NOUVEAU PRESIDENT - Le chef du parlement tunisien, Foued Mebazaa, prête serment comme président par intérim de la Tunisie, à la suite de la proclamation de la "vacance définitive" de la présidence par le Conseil Constitutionnel. Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans et qui s'est enfui vendredi soir, avait été remplacé dans un premier temps par le Premier ministre Mohammed Ghannouchi. 13h59 - 42 morts à Monastir - Au moins 42 prisonniers ont péri dans l'incendie d'une prison de Monastir. C'est l'incident le plus meurtrier depuis le début il y a un mois des émeutes. "Trente-et-un corps ont été transportés dans la morgue et onze ont suivi", a déclaré le Dr Ali Chatli, chef du service de médecine légale à l'hôpital Fatouma Bourguiba de Monastir, située à 160 km au sud de Tunis. La Tunisie reste sous tension après la fuite en Arabie saoudite de Zine El Abidine Ben Ali, chassé du pouvoir sous la pression de la rue à l'issue d'un mois d'émeutes réprimées dans le sang, et la prestation de serment du chef du parlement, Foued Mebazaa, qui assure l'intérim dans l'attente d'élections. SUIVRE NOTRE DIRECT |
*/************************************************************