Tunisie: Vers un gouvernement de coalition
Tunisie: Vers un gouvernement de coalitionMoins de deux heures aprĂšs avoir prĂȘtĂ© serment, le prĂ©sident par intĂ©rim, Fouad Mebazaa a chargĂ© le Premier ministre Mohammed Ghannouchi de former un nouveau gouvernement d'unitĂ© nationaleâ, comme il lâa annoncĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision. La veille, le mĂȘme Mohammed Ghannouchi, Premier ministre du prĂ©sident en fuite Ben Ali, avait pourtant tentĂ© de sâautoproclamer prĂ©sident par intĂ©rim, mais le Conseil constitutionnel tunisien avait invalidĂ© sa prise de pouvoir. Lâinstance avait rappelĂ© qu'en vertu de la loi fondamentale tunisienne, le prĂ©sident du parlement Ă©tait le chef d'Etat intĂ©rimaire. Fouad Mebazaa en lâoccurrence, selon Europe1. Lâhuile ou la libertĂ© ? Les Tunisiens ont fait le choixâŠR.Z pour âAlgĂ©rie Politiqueâ Qui peut rester insensible Ă ce qui vient de se produire en Tunisie ? Le peuple tunisien, par sa mobilisation pacifique et sa dĂ©termination arrache sa libertĂ©. Mieux encore, Ă contraindre le dictateur Ben Ali Ă quitter le pouvoir. Pis, encore et humiliant pour lui : Ă fuir son pays penaud. Honni et vomi, le tyran sort par la petite trappe de lâHistoire. Il aurait pu se retirer autrement, « dignement ». Cependant sa soif inextinguible du pouvoir, lâen a empĂȘchĂ©. Manifestement, la dignitĂ© nâest pas lâapanage des dictateurs. DĂ©sarçonnĂ© et pris de panique, le prĂ©sident aux six mandats, tentait encore, il y a quarante-huit heures, de gagner du temps et dâappeler son « cher » peuple Ă la « raison ». Dans un discours chargĂ© de dĂ©magogie et, avec lâĂ©nergie du dĂ©sespoir, il avait lancĂ© un pitoyable :« Je vous ai compris ». Lâon croyait quâil avait effectivement saisi tout le sens de la colĂšre de son peuple. En fait, il nâavait rien compris. Les peuples opprimĂ©s ont leurs raisons que leurs dirigeants nâont pas. Soif de libertĂ©, la rue, elle, avait tout compris. Elle avait compris que câĂ©tait le dĂ©but de la fin dâune oligarchie. MĂȘme son soutien le plus fort, celui de son ami Sarkozy, nâa pas accouru Ă son secours. Ben Ali a compris, mais tardivement. La messe Ă©tait dite. Et ce ne seront ni Sarkozy avec son « savoir-faire » policier ni encore moins Fattani, avec son canard « enchaĂźnĂ© », qui empĂȘcheront le vent de libertĂ© de souffler sur le Maghreb. Celui des peuples. Lorsquâil avait pris le pouvoir en 1987, Ben Ali fait jouer lâarticle 57 de la constitution et force sept mĂ©decins Ă signer un rapport mĂ©dical attestant de lâincapacitĂ© du prĂ©sident Habib Bourguiba dâassumer ses fonctions et le dĂ©pose pour sĂ©nilitĂ©. Ce qui Ă©tait dĂ©signĂ©, Ă lâĂ©poque de « coup dâEtat mĂ©dical ». Aujourdâhui, celui qui a bĂąillonnĂ© son peuple 23 ans durant est, en lâespace de quelques jours, rattrapĂ© par lâHistoire. Il est dĂ©posĂ© par son peuple pour myopie politique. Il nây aura pas de⊠6e mandat pour Ben Ali, son clan et leurs clientĂšles. En ce dĂ©but dâannĂ©e, les dictateurs assistent Ă une fin de rĂšgne de leur « collĂšgue » peu enviable. Un sort que devraient sĂ©rieusement mĂ©diter tous ces « Ben Ali » de la rĂ©gion ou dâailleurs. Car, ceux qui rendent une rĂ©volution pacifique impossible, disait John Kennedy, rendront une rĂ©volution violente inĂ©vitable. La preuve⊠R.Z. En Tunisie, le monstre est Ă©ventrĂ©Sur son lit de mort, la tĂȘte tourmentĂ©e et le ventre baillant, le monstre trĂ©pide en Egypte. Ses bras vers le ciel, adjure les Libyens de lui laisser un peu de temps, juste le temps de se retourner car vidĂ© de son sang par une Tunisie vaillante. A genoux en AlgĂ©rie, le monstre vivra t-il ses derniĂšres heures ? Pivotant sur lui-mĂȘme, cherchant au Maroc sa queue entachĂ©e de ce sang. LâAfrique du nord nâen peut plus. Le monstre agonise, ses jours sont comptĂ©s. Long de plusieurs milliers de kilomĂštres, du Caire Ă Tripoli en passant par Tunis, longeant Alger pour sâĂ©chouer Ă Rabat, le monstre nâavance plus. EventrĂ© par les fils de Abou El Kassim EL CHABI, succombera tâil Ă ses blessures si lâEgypte du peuple se soulĂšve ? Si la Libye du lion du dĂ©sert rugit, si la mĂšre du million de martyrs sâinsurge, si les petits fils de Abdelkrim EL KHATABI dâun coup de hache mettent fin Ă une dynastie qui rĂšgne sans partage ? Et puis mĂȘme sans le «SI» car les enfants de lâAfrique du nord peuvent mettre le monstre dans une bouteille pour le projeter, avec la force rĂ©unie de 160 millions dâĂąmes, dans la gueule dâun loup affamĂ©, prĂšs Ă dĂ©vorer les despotes et les tyrans ! Allons, Peuple dâAfrique du nord, rĂ©veilles- toi, nâest plus peur, les tunisiens ont Ă©ventrĂ© le monstre et souffle enfin le vent de la libertĂ© aux senteurs du jasmin⊠LâĂ©tat dâurgence est dĂ©crĂ©tĂ© en Tunisie et un couvre-feu de 18h Ă 6h du matinLe gouvernement tunisien a annoncĂ© vendredi 14 janvier avoir dĂ©crĂ©tĂ©l'Ă©tat d'urgence dans l'ensemble du pays avec un couvre-feu de 18h Ă 6h du matin, l'interdiction des rassemblements sur la voie publique et l'autorisation donnĂ©e Ă l'armĂ©e et Ă la police de tirer sur tout âsuspectâ refusant d'obĂ©ir aux ordres. âLa police et l'armĂ©e sont autorisĂ©es Ă tirer sur toute personne suspecte qui n'aurait pas obĂ©i aux ordres ou aurait pris la fuite sans possibilitĂ© de le stopperâ, a indiquĂ© le communiquĂ© du gouvernement publiĂ© par l'agence officielle TAP. Il est interdit Ă plus de trois personnes de se rassembler sur la voie publiqueâ, ajoute le texte.Le couvre-feu, qui avait dĂ©crĂ©tĂ© le 12 janvier dans Tunis et sa banlieue, a Ă©tĂ© Ă©tendu Ă l'ensemble du pays et rĂ©amĂ©nagĂ©. Dans sa premiĂšre version, il n'Ă©tait en vigueur que de 21h Ă 5h30 du matin.
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