Un bain de sang pour célébrer Leïlet El Kadr 1432

111


Edition du Dimanche 28 Août 2011

Chronique

Attentat de Cherchell : mémoire et tactique
 

“Le gouvernement algérien condamne avec force cet acte odieux et présente ses sincères condoléances au gouvernement nigérian, aux Nations unies ainsi qu’aux familles des victimes.” Le communiqué était diffusé par l’agence de presse officielle, vendredi à 19 heures, quelques heures après l’attentat d’Abuja.
La promptitude avec laquelle notre gouvernement a, opportunément, proclamé sa “consternation” devant “le lâche attentat” d’Abuja contraste avec la nonchalance qui le caractérise quand il s’agit de réagir aux dégâts que nous inflige le terrorisme local. Ce fut au Haut-Commandement de l’ANP de rendre hommage à la mémoire des martyrs de l’attentat et de réitérer “sa détermination à mettre hors d'état de nuire ces bandes criminelles et assurer la paix et la quiétude dans l'ensemble du pays”. Tout au long de la matinée, et en guise de suites médiatiques à l’horrible attentant, l’agence officielle s’était consacrée à la répercussion des révisions à la baisse du bilan macabre reconstitué par la presse auprès de sources médicales. C’est à croire que, lorsqu’il s’agit de formuler ou de rappeler la position officielle face à la poursuite de l’offensive terroriste islamiste, l’État reste sans voix.
Troublante attitude d’un pouvoir politique qui s’est toujours montré compatissant avec les victimes du terrorisme international, mais apparaît comme ligoté par on ne sait quelle entrave quand il s’agit d’exprimer son sentiment devant les crimes du terrorisme qui sévit contre le pays ! Mais pour regrettable qu’elle soit, cette impuissance politique est la nécessaire conséquence de l’empressement réconciliateur autour d’un islamisme par nature belliqueux. Les responsables se seraient bousculés, s’il s’était agi de monter chanter la “réconciliation nationale” ; ils sont frappés de mutisme collectif quand il faut enregistrer l’affront et relever le défi. Pourquoi l’islamisme renoncerait-il alors à transformer sa victoire politique en prise de pouvoir effectif ?
Car, enfin, c’est la politique de l’État qui, en voulant “réconcilier” les terroristes comme simples protagonistes d’une brouille de société, en a fait une catégorie légitime pour être partie prenante du contrat social. La conséquence en est qu’aujourd’hui, dès qu’un tueur veut reprendre sa place dans “la république”, son statut de terroriste n’a plus le caractère infamant d’avant l’ère de la “réconciliation nationale”. Il est même créateur de droits que les paisibles citoyens n’ont pas. Il ne faut pas s’étonner que cet état de chose suscite des vocations.
On a voulu faire oublier les crimes du terrorisme pour les besoins d’un compromis tactique, voici le pouvoir contraint de s’aveugler devant la réalité d’une guerre qui lui rappelle que le compromis est unilatéral et que, de ce fait, il n’a pas eu lieu.
À force de maltraiter la mémoire, la mémoire nous joue des tours. L’attentat contre l’Académie de Cherchell est, à ce sujet, significatif. Il rappelle les procédés par lesquels le pouvoir, usant de tactique, maintient le pays dans d’aventureuses confusions historiques et politiques : il a visé le mess d’une prestigieuse institution de défense nationale qui renferme, aussi, une bibliothèque récemment baptisée au nom de Mohammedi-Saïd, certes officier de l’ALN, mais membre fondateur du… FIS.

M. H.
musthammouche@yahoo.fr         


www.liberte-algerie.com

 


Edition du Dimanche 28 Août 2011

Editorial

Une cible symbolique
 

Par : Omar Ouali 


Cet attentat, dont il est inutile de souligner la lâcheté et le caractère ignoble, se veut comme une réaction des groupes armés, qui cherchent ainsi à se donner une visibilité médiatique, après avoir subi des coups de boutoir successifs des forces de sécurité engagées dans la lutte antiterroriste.

Les terroristes ont encore frappé. Vendredi, et alors que les habitants de Cherchell, à l’instar de tous les Algériens, venaient à peine de se mettre à table pour rompre le jeûne, un double attentat ciblant l’Académie interarmes les plonge brusquement dans le cauchemar violence avec le chassé-croisé des ambulances transportant morts et blessés à l’hôpital. Le choix de la cible et du moment sont loin d’être fortuits. 
C’est la prestigieuse Académie interarmes, un des fleurons de l’institution militaire qui est visée. Qui plus est un jour doublement sacré puisqu’il s’agit d’un vendredi correspondant à leïlat al-qadr (nuit du destin). C’est dire à quel point ces terroristes, qui prétendent pourtant agir au nom de Dieu, se moquent totalement du sentiment religieux de leurs concitoyens pour se rappeler au mauvais souvenir des Algériens. Y compris dans un jour chargé de tant de symboliques spirituelles.
Cet attentat, dont il est inutile de souligner la lâcheté et le caractère ignoble, se veut comme une réaction des groupes armés, qui cherchent ainsi à se donner une visibilité médiatique, après avoir subi des coups de boutoir successifs des forces de sécurité engagées dans la lutte antiterroriste. En particulier pendant ce mois de Ramadhan où de nombreux attentas-suicide ont pu être déjoués grâce à la vigilance des forces de sécurité. 
C’est notamment le cas de la première semaine du mois d’août, où le fils de Ali Benhadj et ses deux acolytes avaient été éliminés à Thénia avant de pouvoir aller au bout de leur macabre entreprise qui consistait à se faire exploser au cœur d’Alger pour faire un maximum de dégâts.
Mais en dépit d’une nouvelle réarticulation du dispositif sécuritaire après la levée de l’état d’urgence qui place les opérations de lutte contre le terrorisme sous la tutelle opérationnelle de l’armée, force est de reconnaître que le Ramadhan 2001, à qui nous nous apprêtons à dire au revoir, aura été un des plus sanglants depuis un certain nombre d’années.
D’où la question de se demander à quoi est due cette subite montée en puissance des actes terroristes, dont la plupart enregistrés au centre du pays. Y a-t-il régénérescence des groupes armés ? Y a-t-il manipulation de la violence à des fins inavouables ? Autant d’interrogations qui se posent dans un contexte  politique marqué au sommet de l’État par des ambiguïtés de positionnement s’agissant, en l’occurrence, de l’équation islamiste.


www.liberte-algerie.com


Dilem du Dimanche 28 Août 2011 | Vu 5523 fois

La population de Cherchell bouleversée par l’attentat

Un bain de sang pour célébrer Leïlet El Kadr

le 28.08.11 | 01h00

 

Les deux attentats kamikazes, qui ont ciblé le mess des officiers de l’Académie militaire interarmes (AMIA) de Cherchell, projetaient de faire un carnage sans précédent dans les rangs des officiers.

Les planificateurs de cet acte criminel n’étaient, sans doute, pas informés du changement de la date opérée par le commandement de l’AMIA qui invite l’ensemble de ses officiers supérieurs et les officiers chargés de l’encadrement pédagogique au f’tour du 26e jour du Ramadhan, pour participer à des opérations de solidarité en faveur des enfants. Or, cette fois-ci la cérémonie a été avancée. Elle a eu lieu dans la soirée de jeudi au lieu de vendredi. Le hasard a voulu que nous empruntions cette route, qui borde l’AMIA et le mess, à 19h25, soit quelques minutes avant l’attentat. L’axe routier était désert. Pas un véhicule en stationnement. Des militaires se trouvaient le long de la route bordant l’AMIA et le mess des officiers, afin d’assurer le dispositif sécuritaire. Juste après la rupture du jeûne, un kamikaze est parvenu à s’introduire à l’intérieur pour, selon des témoignages recueillis sur place, se jeter sur une table en criant «Allah Akbar» avant de se faire exploser. Un mouvement de panique s’est aussitôt emparé des occupants du mess et des familles qui habitent dans les environs immédiats. Tout le monde s’est précipité vers l’extérieur. Des corps de militaires gisaient sur le sol du réfectoire.


Le 2e kamikaze, resté à l’extérieur, simulait une panne de sa motocyclette. Un jeune soldat de la police militaire réagit immédiatement en le sommant de s’arrêter et de ne pas s’approcher. C’est en voyant la foule de militaires quitter le mess que le  kamikaze a mis en marche, en un quart de tour, le moteur de son motocycle, pour foncer directement sur la porte du mess. Cette 2e explosion est  celle qui a fait le plus de dégâts. Il est 19h45. Personne n’est autorisé à se rendre sur le lieu de l’explosion.
Les victimes, grièvement atteintes, ont été évacuées vers l’hôpital militaire de Aïn Naâdja (Alger), et quelques-unes vers Blida.


 00h15 à l’hôpital de Sidi Ghilès, situé à l’ouest de Cherchell. Le va-et-vient des citoyens n’a pas cessé depuis 20h. Incroyable élan de solidarité des habitants de Cherchell et de Sidi Ghilès avec les militaires blessés. Ils étaient tous orientés par le personnel de l’hôpital vers les salles de transfusion sanguine. Le personnel médical et paramédical de ces structures du secteur de la santé veillait à l’organisation des évacuations et les procédures administratives pour les victimes décédées. Au même moment, un chirurgien vient vers les responsables pour leur annoncer malheureusement le décès d’un officier militaire, en dépit des efforts fournis par le personnel au bloc opératoire. Parmi les victimes, on révèle la présence d’officiers supérieurs des pays amis (Mali, Syrie) en formation dans cette école prestigieuse de l’armée algérienne. 00h35. Une 3e explosion est entendue à Cherchell. Selon nos sources, il s’agissait de la neutralisation d’un engin explosif dissimulé par les kamikazes, selon toute vraisemblance, puis retrouvé par les artificiers des services de sécurité sur les lieux de l’attentat. Il est 2h du matin. Les sirènes se sont tues. Le mouvement des ambulances est suspendu. La spéculation sur le nombre des décès continue à alimenter les informations. Des sources non officielles parlent des décès survenus en cours de route des victimes blessées qui avaient fait l’objet des évacuations.

Deux officiers étrangers tués dans l’attentat :

 

Des officiers étrangers en formation à l’Académie de Cherchell figurent parmi les victimes du double attentat-suicide qui a ciblé le mess des officiers. Selon nos sources, on dénombre le décès d’un officier supérieur syrien et d’un officier tunisien. Deux autres officiers étrangers, un Tchadien et un Malien, ont été blessés dans le double attentat. 

L’AMIA de Cherchell, qui dispense des formations supérieures en matière de stratégie militaire et des nouvelles technologies dans le domaine, accueille chaque année des officiers des pays arabes et africains.

 

M'hamed Houaoura
 


28/08/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 76 autres membres