Actualité | jeudi 24 novembre 2011

 

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Logements de fonction de l’éducation

 

5000 retraités menacés d’expulsion

 

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le 24.11.11 | 01h00 Réagissez

 

 

Des retraités du secteur de l’éducation ont tenu un rassemblement, hier, au niveau de la Maison du peuple, à Alger, pour dénoncer les avis d’expulsion des logements de fonction qu’ils occupent depuis des décennies.

 

Une dizaine de protestataires voulaient organiser une marche vers le ministère de l’Education nationale ; l’idée a été rejetée par le bureau du Syndicat national des retraités de l’éducation, préférant accorder «un peu plus de temps» à la tutelle dans l’espoir de voir leurs doléances trouver écho. Dans le bureau exigu qui constitue le lieu de rencontre des anciens employés du secteur de l’éducation, un cri de détresse est lancé. Les retraités, qui occupaient, il y a quelques années, des postes d’enseignant, de directeur d’établissement ou encore d’inspecteur de l’éducation, disent aujourd’hui faire les frais «de la politique d’exclusion prônée par certains responsables du secteur.

Nous sommes jetés à la rue, tout fragiles et vulnérables que nous sommes. A 70 ans, je suis en train de courir dans tous les sens pour trouver une solution après avoir reçu cette décision de justice me sommant de libérer le logement que j’occupe dans moins de 15 jours», se plaint un ancien responsable d’un établissement scolaire qui a 42 ans de service. «L’autre fois, deux policiers sont venus appliquer cette décision dont fait l’objet un ancien collègue. L’absence du chef de famille a retardé cette application qui risque de se faire à n’importe quel autre moment», a-t-il ajouté. Ghaleb Ghouri, secrétaire général dudit syndicat, explique que près de 5000 retraités sont confrontés à cette situation, dont 1200 au niveau d’Alger. «La centralisation de la gestion des quotas de logements attribués au secteur de l’éducation, dont 10% sont destinés aux retraités, a eu pour effet d’anéantir toute chance d’accès au logement», atteste-t-il.

Avec des retraites médiocres atteignant dans le meilleur des cas 20 000 DA après les dernières augmentations, ces anciens fonctionnaires ne peuvent même pas s’assurer une location ou autre refuge. Habitant des logements de fonction par décision administrative, ces travailleurs aujourd’hui retraités avaient été rassurés que le jour où ils quitteraient ces logis, ils bénéficieraient d’une habitation décente. «Nous étions exclus des formules AADL, du social ou toute autre formule», soutient le représentant des retraités. «Nous réclamons une solution et dénonçons le traitement qui nous est réservé par le département de Benbouzid, qui nous refuse même le droit de nous plaindre.»
Pour le syndicat, la solution réside dans la cession des logements de fonction qui n’ont plus ce statut au profit des retraités qui n’ont pas d’autres bien immobilier.
Cette solution est valable pour les logements qui ne sont pas situés à l’intérieur des écoles.
 

 

Fatima Arab

Intempéries : Une personne portée disparue à Alger

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le 24.11.11 | 01h00 Réagissez

Une personne portée disparue, des quartiers inondés et des dégâts matériels, tel est le bilan des intempéries qui ont affecté la région nord du pays.

Un homme de 53 ans est porté disparu depuis mardi à Alger. «Probablement emporté par les eaux de l’oued Ouchayeh, dans la commune de Hussein Dey», indique la direction générale de la Protection civile, qui précise que les opérations de recherche se poursuivent. Les fortes précipitations enregistrées, notamment mardi, ont davantage fragilisé les habitations vétustes de certains quartiers de la capitale. A Bab El Oued, les dégâts signalés par la Protection civile concernent l’effondrement du plafond d’une habitation et le balcon d’un immeuble.

Des familles vivent toujours avec le risque d’effondrement d’une bâtisse vétuste, sise à la rue Louni Arezki, précise le bilan rendu public hier par la Protection civile. 54 opérations d’épuisement des eaux pluviales ont été effectuées à travers une vingtaine de communes de la capitale, où des infiltrations ont été enregistrées ainsi que l’inondation des chaussées. Des infiltrations d’eau sont également signalées dans différentes communes des wilayas de Mostaganem, Mascara, Relizane, Tizi Ouzou, Sidi Bel Abbès et Boumerdès. 
 

Fatima Arab

Prison Serkadji : Grève de la faim des cadres d’ABM

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le 24.11.11 | 01h00 Réagissez

 

Trois prévenus en détention à Serkadji, poursuivis dans l’affaire DGSN-ABM, ont entamé une grève de la faim. Le  procès en appel est prévu pour le 11 décembre prochain. Leurs avocats dénoncent «une série de violations de la procédure» et exigent «un jugement équitable et transparent».

C’est dans les bureaux du bâtonnat d’Alger que trois avocats ont animé, hier, une conférence de presse pour dénoncer ce qu’ils qualifient de «dérive judiciaire» contre laquelle trois de leurs mandants, Mohamed Antri Bouzar, PDG d’ABM (une société privée), Toufik  Sator, directeur général adjoint (gendre de Oultache) et Zerouk Djaïdir, directeur commercial, condamnés à 6 ans de prison, ont entamé une grève de la faim dans leur lieu de détention, à Serkadji.  «Ils savent que cette action peut nuire à leur santé et nous avons même tenté de les en dissuader, mais ils persistent dans leur action en disant que c’est en désespoir de cause qu’ils passent à un stade extrême. Leur but : alerter l’opinion publique sur l’arbitraire dont ils ont fait l’objet et en même temps exiger un procès équitable où il n’y aura que l’application de la loi et rien que la loi», déclare maître Tayeb Belarif, avocat de Chouaïb Oultache (condamné à 7 ans de prison). Et de préciser : «Si ce n’était son diabète, même Oultache serait en grève de la faim.»

Me Belarif s’offusque des attendus du jugement du 9 novembre, rendu par le tribunal correctionnel d’Alger, où il est indiqué : «Même si le décret portant réglementation des marchés n’interdit pas de retenir une offre recevable unique, l’usage veut que l’appel d’offres soit déclaré infructueux et qu’en retenant l’offre d’ABM après élimination de son seul concurrent, Oultache et les membres de la commission d’évaluation technique des offres ont commis les délits de dilapidation de derniers publics, usé de trafic d’influence, conclu un contrat en violation de la réglementation.» Un argumentaire que dénonce l’avocat : «Le juge a outrepassé ses prérogatives. Il a légiféré au lieu d’appliquer la loi, qui doit être supérieure aux usages.» Revenant sur les circonstances de l’affaire, Me Belarif rappelle les deux plaintes qu’il a déposées, l’une contre X pour soustraction frauduleuse du rapport de l’inspection générale sur la base duquel l’enquête sur les marchés a été déclenchée ainsi que le rapport d’analyse comparative des onduleurs proposés par ABM et ceux d’un concurrent.

La seconde plainte pour recel, dit-il, a été déposée contre la magistrate qui a eu à juger l’affaire. «Une requête en récusation du juge chargé du dossier a été déposée auprès du président de la cour d’Alger  le 17 octobre. Une requête en suspicion légitime a été introduite le 27 octobre 2011 auprès du président de la Cour suprême. Aucune de ces procédures n’a eu le moindre écho, pas même la notification d’un méprisant classement», note Me Belarif. Pour lui, le jugement «repose sur quatre piliers de soutènement qui risquent de s’écrouler au moindre souffle de bon sens», citant que «le lien entre Oultache et Sator constitue seul, aux yeux du juge, toutes les infractions». Selon lui, «les 0,12% des actions détenues par Sator dans ABM ne lui donnent pas le droit d’avoir un pouvoir décisionnel. Il est rentré après que le Fonds koweitien d’investissement (FAKI) se soit retiré. Un fonds qui a fait perdre à l’Algérie 4 milliards de dollars, mais dont les auteurs n’ont jamais été inquiétés». Les autres piliers, révèle l’avocat, sont «la modification des délais de livraison des onduleurs par ABM et la dispense de paiement des pénalités de retard par cette dernière, la mise à jour du cahier des charges par Oultache et ses collaborateurs en vue de favoriser ABM et le non-respect de l’usage en matière de passation de marché pour favoriser ABM».

L’avocat conclut en disant : «Le respect de la procédure est, pour un procès comme les ablutions pour la prière. Sans elle celle-ci n’est pas valable.» De ce fait, il exige «le rétablissement du droit à travers le strict de la loi dans la forme et le fond». Pour ces raisons, les trois prévenus en grève de la faim, explique Me Belarif, sont décidés à poursuivre leur action tant que «des garanties pour un procès juste et équitable ne sont pas réunies».
 

Salima Tlemçani

Boumerdes : Une insécurité qui empoisonne le quotidien à Si Mustapha

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le 24.11.11 | 01h00 Réagissez

 

Mardi 22 novembre, 14h. Une après-midi grise et pluvieuse à Si Mustapha, chef-lieu de commune, à une cinquantaine de kilomètres à l’est d’Alger, dans la wilaya de Boumerdès. Il pleut des trombes d’eau, la ville est quasiment déserte.

Tout le monde s’abrite. La circulation piétonne s’arrête le temps que l’averse passe. Et l’animation reprend soudainement dès l’accalmie revenue. Les intempéries régulent ainsi une vie déjà très alourdie par l’insécurité. Ici on ne rentre et ne sort pas comme on veut : il faut redoubler de vigilance. «Nous prenons les précautions les plus élémentaires. Nous évitons de sortir très tôt ou de rentrer très tard, dans l’obscurité. Mais les terroristes n’agissent pas que dans le noir. Ils frappent même pendant la journée», nous dit un commerçant du centre-ville. En effet, il ne se passe pas une semaine sans qu’on enregistre un acte terroriste dans la région. Ceci va d’une simple incursion à des assassinats ou des attentats à la bombe artisanale.

La population a d’ailleurs eu à dénoncer, la veille, un acte terroriste qui a coûté la vie à deux citoyens le week-end dernier. Les habitants du village agricole Boudhar rejoints par d’autres villageois ne supportant plus la pression terroriste, qui empoisonne leur quotidien, avaient fermé les routes de la localité à la circulation. Ils protestaient contre la multiplication des actes terroristes et réclamaient plus de sécurité. «Des hommes se font enlever ou tuer depuis des années sans que l’Etat ne trouve la parade. Nous sommes abandonnés à notre sort, voire livrés aux terroristes», dénonce Saïd, enseignant dans un collège. Cette action de protestation rappelle celle organisée à Baghlia au printemps de l’année passée pour réclamer la sécurité. Là aussi, la population subit le terrorisme et se sent abandonnée.
La région de Si Mustapha est au cœur d’une zone fortement touchée par le terrorisme. Des monts de Thénia jusqu’à Mizrana (Dellys), sur le territoire de la wilaya de Boumerdès, le terrorisme frappe sans répit. «Pendant les années 1990 et 2000, plus d’une trentaine d’habitants du village Boudhar ont pris le maquis. La majorité a été éliminée, mais il reste une dizaine d’éléments qui continuent à semer la terreur au sein de la population», nous dit un habitant qui a requis l’anonymat. «Ici, ni la concorde civile ni la réconciliation nationale n’ont eu d’effet bénéfique. Pis, il y a recrudescence du terrorisme depuis que l’Etat a tendu la main à ces criminels», ajoute notre interlocuteur.


L’action des patriotes entravée


Les restrictions imposées ces dernières années sur l’action des patriotes ont grandement favorisé l’activité terroriste dans cette région, selon plusieurs témoignages. «Il y avait un nombre très important de patriotes dans ce village, et ailleurs dans la région. Mais beaucoup ont été désarmés ou découragés et dissuadés de poursuivre la lutte. Ainsi, ils sont devenus des proies faciles aux terroristes qui viennent les éliminer un par un», nous dit un militant d’un parti politique.
«Le problème c’est que les gens se connaissent tous dans ce village. Dès qu’un habitant est fragilisé, pour avoir cessé son travail ou pour avoir rendu son arme, il est ciblé. Des gardes communaux, d’anciens patriotes, de simples citoyens soupçonnés de collaborer avec les services de sécurité sont simplement éliminés.»
Le problème persiste depuis le début des années 2000. «Il y a une année, nous avions organisé une manifestation en coupant la route reliant Si Mustapha à Zemmouri et qui traverse notre village pour exiger l’installation d’un détachement de la garde communale ou d’un autre corps de sécurité au niveau de notre village. On nous a promis de prendre en charge notre doléance, mais depuis rien n’a été fait», dénonce un jeune de 27 ans qui dit avoir pris part à la manifestation de la veille. Pour lui «la situation est explosive parce que les habitants sont dans l’insécurité».  


Le malaise est aussi social

Législatives demain au Maroc : Le Royaume sera-t-il islamiste ?

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le 24.11.11 | 01h00 Réagissez

 

La réforme constitutionnelle, approuvée massivement le 1er juillet dernier par référendum, est boycottée par les partis de gauche et le fameux Mouvement des jeunes du 20 février.

Maroc.
De notre envoyé spécial

 

Pour moi, les gens Jamaat al adl wa tanmia (le Parti de la justice et du développement, PJD) sont honnêtes  et veulent vraiment changer les chose au Maroc ; je vais donc voter pour eux.» Pour Abderrahmane, qui nous embarque dans sa vieille Mercedes blanche depuis la gare ferroviaire Casa-Port, voter PJD est presque un devoir national. Originaire d’Agadir, dont il garde intact l’attachement à ses racines chleuh (amazigh), Abderrahmane pense que la victoire du parti islamiste ne fait pas l’ombre d’un doute. Ce chauffeur de taxi le dit non pas comme une fatalité, mais  croit fermement que les gens du Parti de la justice et du développement (PJD) sont la dernière chance du Maroc. Un sentiment largement partagé dans un pays qui aura tout essayé et consommé jusqu’à l’overdose un personnel politique dépassé et, pis encore, corrompu.  

Inévitablement donc, le PJD est donné vainqueur. Surfant sur la vague Ennahda de Tunisie, la formation islamiste de Abdelilah Benkirane ne se fait pas d’illusion sur une onction populaire, demain soir. Avec ses 47 députés dans l’Assemblée sortante où il faisait de l’opposition, le PJD va, sauf surprise, prendre les commandes du Parlement et du gouvernement  marocain. Experts, observateurs et médias répètent en chÅ“ur que l’alter ego d’Ennhada en Tunisie va rafler la mise.


Un discours lifté à la convenance de la jet-set


Ayant gardé intacte son aura auprès des classe populaire – le Maroc d’en bas –, le PJD a su également lifter son discours politique pour draguer la haute société et la jet-set du royaume. «Le PJD recrutait déjà au sein de ce qu’on pourrait appeler la petite bourgeoisie pieuse ou la bourgeoisie commerçante. Aujourd’hui, une bonne partie des hommes d’affaires et des réseaux d’influence semblent résignés à une victoire du parti islamiste», analyse, lucide, le politologue Mohamed Tozy.
Mais pour les dirigeants du PJD, c’est juste le couronnement du processus de maturation d’un mouvement entré par effraction dans le paysage politique et qui estime légitime désormais voler plus haut. «En 2002 puis en 2007, nous avons fait le choix d’accompagner la transition en faisant passer l’intérêt national en premier. Nous avons donc accepté de limiter nos candidatures au niveau national. Aujourd’hui, il est temps de laisser faire la démocratie pour que chaque formation politique ait  la représentation qu’elle mérite», tranche Saâd Eddine El Othmani, expatron du PJD, candidat à Mohammedia.

Et pour réussir cette métamorphose tactique, il a fallu changer le casting. Depuis son arrivée aux commandes du PJD en 2008, Abdelilah Benkirane, connu pour son caractère bien trempé et son discours tranchant, a montré les crocs. Il n’a pas hésité ainsi à s’en prendre ouvertement au patron du Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), Fouad Ali El Himma, l’ami du roi, l’accusant de corruption politique et dont le «tracteur» (symbole du parti) a écrasé tout sur son passage en 2007. Il fallait le faire ! Et les Marocains apprécient ces coups de sang du chef du PJD, qui ont pimenté une campagne bien terne. Ce discours sec et ô combien vrai semble avoir séduit les Marocains, plutôt enclins à une «moralisation» de la vie politique même à la sauce PJD. Qui mieux donc qu’un parti islamiste pour mener un tel chantier dans un royaume gangrené par la corruption ?


Benkirane, l’homme qui tombe à pic


Quels que soient leur niveau et leur statut social, la majorité des Marocains tombent, comme enivrés, dans les bras de Benkirane qui incarne, à leurs yeux, le redresseur de torts tant attendu. Décidé lui aussi à aller au charbon, il traduit son engagement : «On ne peux pas demander aux gens de voter pour nous et de rester dans l’opposition.»
Abdelilah Benkirane  a donc franchi – verbalement pour l’instant – le pas pour aller à la conquête du pouvoir. Pour y parvenir, ses ouailles et lui ont entrepris de démolir politiquement le PAM, ce conglomérat d’hommes d’influence idéologiquement inclassable mais qui dispose de solides attaches avec le palais.

Comme pour Ennahda en Tunisie, les responsables du PJD ont jugé utile, voire vital, de troquer leur accoutrement islamiste pour enfiler le costume de décideurs prêts à retrousser leurs manches pour régler les grands problèmes du Maroc. En 2011, moins qu’un costume serait beaucoup trop étroit pour y enfermer le programme du PJD. C’est le sens de la feuille de route remise aux têtes de listes de ce parti pour prêcher la bonne parole. C’est que la direction du PJD a compris qu’il fallait mettre sous le coude certains axes programmatiques à forte connotation morale et religieuse, pour capter les voix de ceux qui craignent une islamisation rapide du «royaume moderne» de cartes postales. Serait-ce suffisant pour remporter le jackpot et donner la réplique marocaine à Ennahda tunisienne ? Pour le magazine Tel Quel, il ne fait pas l’ombre d’un doute : «Le Maroc sera islamiste», en gros caractères et en couverture. Nuit de doute.
 

Hassan Moali
 

 

 

 

 



24/11/2011
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