Actualité | mardi 31 juillet 2012
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3000 agents déjà désarmés : vers la dissolution de la garde communale ?
le 31.07.12 | 10h00
Le mouvement de protestation des gardes communaux se durcit. Dans certaines régions, ils refusent d’obéir aux ordres des militaires et de participer à des opérations sécuritaires. Dans plusieurs wilayas, des agents sont désarmés et licenciés.
Une série de sanctions sont prises contre les gardes communaux entrés en protestation. Pour les membres de la coordination nationale, «ces sanctions et pressions sont infligées même à certains délégués en guise de représailles contre tout agent qui ose quitter son poste de travail et tous ceux qui ont participé aux deux marches et au rassemblement el karama de Boufarik».
Aliouat Lahlou, membre actif de la coordination nationale des gardes communaux, persiste et signe : «Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, n’a aucune volonté de trouver une solution à notre problème.»
Le même délégué confirme que plusieurs éléments de la garde communale subissent quotidiennement des pressions émanant de leurs chefs militaires. Et pour mettre un terme à ces pratiques, le délégué national a avoué que «des instructions» ont été données aux gardes communaux pour ne pas collaborer avec l’armée. Un acte de désobéissance. Un appel a été donc lancé par les délégués de la coordination nationale aux agents de ne pas participer dans les opérations de ratissage de l’armée et dans les barrages routiers de la Gendarmerie nationale.
Notons que des milliers de gardes communaux n’ont pas encore perçu leur salaire du mois de juillet. «C’est inadmissible ! Ils ont osé bloquer le salaire des milliers de gardes communaux, alors que nous sommes en plein mois de Ramadhan, c’est injuste, ils veulent pousser la situation au pourrissement», dénonce M. Lahlou qui a communiqué le nombre des agents par wilaya qui n’ont pas encore touché leurs salaires et les primes de rendement.
Selon lui, «600 éléments à Bouira, 1000 à Boumerdès, 1500 à Tipasa». Notons également que ce délégué a été démis de ses fonctions de garde communal au niveau de la wilaya de Bouira. Une situation qui a provoqué l’ire des gardes communaux qui ont organisé deux sit-in de protestation devant le siège de la même wilaya.
400 éléments suspendus
De son côté, le coordinateur national des gardes communaux, Chouib Hakim, contacté par téléphone, informe que «les autorités ont mis fin aux fonctions de plusieurs agents». Selon lui, la wilaya d’Alger est en tête avec plus de 400 éléments suspendus.
Notre interlocuteur confirme que l’opération militaire engagée en vue de désarmer les gardes communaux qui participent au mouvement de protestation se poursuit toujours. Selon lui, environ 3000 éléments travaillant dans des détachements dans les wilayas de Béjaïa, Aïn Defla, Médéa, M’sila, Blida, Sétif et Bordj Bou Arréridj ont été désarmés. Il est utile de préciser que la quasi-totalité des postes d’observation (PO) implantés dans plusieurs wilayas du pays sont désertés. L’initiative avait été entamée à Bouira, précisément à Lakhdaria où, pour rappel, des dizaines de gardes communaux ont décidé au début du mois de juillet de remettre leurs armes au niveau de leurs détachements respectifs, et ce, pour rejoindre le campement de leurs collègues à Blida.
Amar Fedjkhi
Le phénomène prend de l’ampleur
60% des produits importés sont contrefaits
le 31.07.12 | 10h00
La contrefaçon ne cesse de prendre de l’ampleur. Rien que pour le premier semestre 2012, les unités de la Gendarmerie nationale ont traité 29 affaires liées à ce phénomène, selon un bilan de ce corps constitué, impliquant l’interpellation de 40 personnes.
En comparaison avec le 1er semestre de l’année 2001 (11 affaires et 14 personnes arrêtées), il a été relevé une hausse de 163% en matière d’affaires constatées et de 186% en termes de personnes arrêtées. En juin 2011, Mohamed Abdou Bouderbala, directeur général des Douanes, avait jeté un pavé dans la mare. Selon lui, 60% des produits importés en Algérie, destinés à la revente en l’état, sont contrefaits. Entre 2 et 3 millions de produits contrefaits sont saisis annuellement par les services douaniers chargés de la lutte contre la fraude, selon ce haut responsable. Produits cosmétiques, pièces détachées, appareils électroménagers, robinetterie à gaz, cigarettes sont ramenés massivement chaque année par des importateurs fraudeurs, avait fait savoir M. Bouderbala.
Plus grave encore, la contrefaçon s’est étendue jusqu’aux médicaments. Selon ses révélations, des importateurs, peu soucieux de la réglementation, importent dans une première étape le vrai médicament afin d’obtenir l’autorisation d’importation du ministère de la Santé, qu’ils utilisent ensuite pour importer des médicaments contrefaits. Catégorique, il avait avancé que «presque la totalité des cosmétiques importés sont contrefaits et tous les appareils de téléphonie mobile qui ne sont pas agréés par l’ARPT (autorité de régulation) sont aussi de faux produits». Les produits contrefaits provenaient, en général, de Chine, des Emirats arabes unis et de Corée du Sud.
Outre la fuite de devises vers l’étranger, ce fléau affecte la sécurité et la santé des citoyens. Alors que ce phénomène tentaculaire tisse sa toile, les services de contrôle des Douanes algériennes manquent de moyens modernes d’expertise comme les laboratoires de contrôle au niveau des frontières, avait-il déploré. Formés sur plusieurs marques de produits pour intercepter les articles contrefaits, les 280 agents douaniers restent impuissants à lutter avec efficacité contre ces fraudeurs. Selon ses propos, les Douanes envisagent de «durcir la législation en matière de lutte contre la contrefaçon». M. Bouderbala n’avait pas toutefois précisé la nature des amendements à prévoir. Ira-t-on vers la criminalisation de ce fléau ? Rien n’est moins sûr.
Un grand paradoxe persiste : les articles contrefaits sont écoulés particulièrement sur le marché parallèle, sous l’œil complice des autorités en charge de la lutte contre ce fléau. En 2009, un rapport annuel établi par les services du représentant au commerce international américain (USTR) classait l’Algérie à la 3e place sur une liste rouge de onze pays dits «de surveillance prioritaire». Après la Chine et la Russie, l’Algérie serait le pays qui lutte le moins contre la contrefaçon, selon les conclusions dudit rapport.
Hocine Lamriben
l’ardoise est de 3 milliards de dollars : l’Algérie efface la dette de dix pays africains
le 31.07.12 | 10h00
Le président de la République vient d’adresser des télégrammes aux ambassadeurs en poste dans les pays africains, les informant de la décision de l’Algérie d’annuler les dettes qu’elle détient sur quelques Etats du continent noir.
Une source diplomatique nous a précisé que les montants concernés par cette décision avoisinent les 3 milliards de dollars, selon nos sources.Le Trésor public est sollicité ainsi à nouveau pour donner une suite technique à cette décision politique pour le moins surprenante. Le Trésor public procéderait, comme à l’accoutumée, à la transformation des créances en question en vue de leur abandon en déclarant ces dettes détenues sur les pays concernés définitivement insolvables. Cependant, plusieurs maillons manquent à la chaîne reliant la décision à sa concrétisation technique : absence de concertation sur les tenants et les aboutissants d’un tel acte et défaut de débat au niveau de l’APN, une institution censée représenter le peuple.
S’il est vrai que l’Etat a eu déjà, par le passé, à se livrer à de telles pratiques, le secret demeure néanmoins entier sur le devenir de certaines contreparties dont a bénéficié l’Algérie en échange d’une opération d’abandon et/ou de transformation d’une dette. C’est le cas d’une forêt héritée par l’Algérie au Mozambique suite à une action d’effacement d’une dette détenue sur ce pays. L’Algérie, qui devait exploiter cette forêt en échange de l’abandon des créances, n’a pas estimé la mesure opportune et le mystère demeure entier sur cette forêt mozambicaine. Quelquefois, des décisions d’effacement de dettes s’accompagnent de concessions faites de bon gré au pays créanciers.
L’Algérie a bénéficié également par le passé, à titre d’exemple, d’un permis d’exploitation dans le domaine de la pêche sur les côtes mauritaniennes en échange de l’abandon d’une créance, mais n’a jamais officiellement mis à exécution ce permis d’exploitation, du moins dans ses rapports d’Etat à Etat. Mais il est tout de même difficile de vérifier, auprès des diplomates auxquels nous nous sommes adressés, si les concessions en question ont été exploitées par des privés au nom de l’Etat algérien car il existe, par moment, dans ce genre de pratiques, ce qu’on appelle dans le jargon diplomatique «les opérations triangulaires» qui consistent à faire bénéficier plusieurs parties de cet acte d’effacement de dette d’un pays par un autre Etat. C’est comme lorsqu’on rembourse une dette par le moyen d’une marchandise compensatoire. Les diplomates que nous avons interrogés se sont contentés de nous révéler ces quelques ficelles. Il y en a certainement d’autres.