Actualité | samedi 29 septembre 2012
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Les avocats désertent l’AG
Malaise au sein du barreau d’Alger
le 29.09.12 | 10h00
C’est sur une violente altercation entre le bâtonnier d’Alger et un des membres de son bureau que l’assemblée générale du conseil de l’Ordre des avocats s’est ouverte, jeudi, à Alger.
Quelque 140 avocats sur les 4000 que compte la capitale ont répondu présent. La défection reflète un lourd malaise dans les rangs du plus important barreau du pays. Cette assistance peu nombreuse a appelé l’Union des barreaux d’Algérie à tenir une assemblée générale extraordinaire et se positionner par rapport au projet de loi sur la profession des avocats.
A peine 140 avocats sur plus de 4000 que compte la capitale (plus d’un tiers de la totalité des avocats en Algérie) ont pris part à l’assemblée générale ordinaire du conseil de l’Ordre tenue jeudi à Alger. Très peu, voire insignifiant, est le nombre des participants à cette réunion qui, faut-il le rappeler, a déjà été reportée à plusieurs reprises. Ce qui dénote un profond malaise dans les rangs de l’un des plus importants barreaux d’Algérie. Démobilisation ou défection de protestation ? On n’en sait rien. Ce qui est certain, c’est que dans les rangs des avocats d’Alger, il y a un réel problème. Leur assemblée générale a été émaillée par une violente altercation entre le bâtonnier maître Abdelmadjid Sellini et un membre de son bureau, maître Abderrezak Chaoui.
Celui-ci a reçu une salve d’insultes et de propos d’une rare violence de la part de son bâtonnier, et ce, devant l’assistance. Il a fallu le sang-froid des uns et la sagesse des autres pour que le calme revienne dans la salle. Le bâtonnier est entré en colère contre maître Chaoui parce que ce dernier s’est exprimé à travers les colonnes d’El Watan, en tant que membre du bureau, citant la situation de «léthargie» dans laquelle se trouve le conseil. En fait, maître Chaoui n’a fait état que d’une réalité connue et décrite par la majorité des avocats avec lesquels nous nous sommes entretenus et la faible participation à l’AG en est une preuve. Il y a réellement une crise au sein du conseil que le bâtonnier ne semble pas ou ne veut pas voir.
A l’ouverture des travaux, ce dernier a tenté d’apporter des réponses aux nombreuses interrogations, notamment le retard enregistré dans la tenue de l’assemblée générale afin de présenter le rapport moral et financier de l’exercice 2010-2011. Il a expliqué cette situation par «l’impossibilité de trouver une salle, étant donné que celles-ci étaient toutes réquisitionnées pour les élections législatives. Nous avons programmé sa tenue pour le mois de juillet, cependant de nombreux confrères ont préféré qu’elle soit reportée à après le mois de Ramadhan et au retour des congés.
Il n’y a aucune volonté de retarder la tenue de cette assemblée, et tous les membres du bureau sont au courant et étaient même impliqués dans la prise de décision». Après quelques critiques acerbes visant «ceux qui n’ont pas le courage» de l’«affronter», maître Sellini a appelé la corporation «à prendre conscience de l’importance du projet de loi relative à la profession des avocats, qui confère au ministre le droit de regard sur notre métier. Il s’ingère dans les inscriptions, l’éthique, et permet l’ouverture de cabinets conseil étrangers. Nous avons appelé à une assemblée générale extraordinaire de l’union des 11 barreaux d’Algérie pour discuter sur les actions à entreprendre et surtout pour arriver à un consensus autour de la question».
Le conseil d’Alger est le seul avec ceux de Tizi Ouzou et de Boumerdès à rejeter en bloc le projet de loi, alors que les huit autres (y compris le président de l’Union des barreaux) sont plutôt pour un amendement des articles, objet de refus. En outre, maître Sellini a profité de l’occasion pour interpeller les avocats sur la «nécessité de la moralisation de la profession du fait du nombre assez important des plaintes qui parviennent au bureau» et lance un message à ses détracteurs en disant : «Tant que je serais là, j’assumerai ma mission et je ferai face à tous ceux qui font dans la surenchère.» Il est revenu à l’ordre du jour en lisant le rapport moral et financier. D’abord moral, qui a fait état d’un certain nombre de défaillances.
«Le nombre de plaintes contre les avocats durant l’année écoulée est arrêté à 189, 48 d’entre elles concernent des conflits entre confrères», dit-il, en regrettant que «de nombreux avocats ne s’acquittent pas de leurs obligations fiscales et ne souscrivent pas une police d’assurance relative à la responsabilité civile». Il a alerté sur l’installation en Algérie de plusieurs cabinets conseil étrangers et appelé les services du registre du commerce «à supprimer cette activité qui risque d’avoir des répercussions assez dangereuses sur l’exercice de la profession par les avocats algériens». Maître Sellini s’est offusqué contre le fait que toutes les promesses faites par les autorités «soient restées sans suite». Il espère qu’à la fin de l’AG, des recommandations seront adoptées.
Quelques avocats seulement ont rejeté le contenu des bilans qui, à la fin, ont été avalisés par moins de 140 robes noires. Est-ce acceptable ? «Nous ne sommes pas devant une assemblée extraordinaire pour exiger un quorum», a répondu maître Sellini à un avocat.
Lors des débats, certains ont dénoncé le fait que le bilan moral et financier soit arrêté au mois de mars alors que «la comptabilité s’arrête au 31 décembre». Le bâtonnier a déclaré : «Posez la question à la commissaire aux comptes. Je lui vais l’instruire pour qu’elle vous autorise à avoir tous les détails. Nous fonctionnons selon l’année judiciaire.» D’autres intervenants ont regretté que l’AG n’ait pu drainer qu’un nombre insignifiant de participants et conseillé de convoquer une autre réunion. «Ni les jeunes ni les plus anciens n’ont jugé ce rendez-vous important. Il y a un problème de mobilisation. Nous devons comprendre pourquoi», lance l’un des deux seuls anciens bâtonniers présents dans la salle.
En fin de journée, après adoption des deux bilans, l’assemblée générale a clôturé ses travaux par deux recommandations. La plus importante a trait à la convocation rapide d’une assemblée extraordinaire de l’Union des barreaux d’Algérie dans le but d’unifier la position des avocats sur la question de la loi relative à leur profession, la seconde relative à l’exercice des cabinets conseil étrangers en Algérie. Censé être la locomotive de la contestation contre ce projet de loi que tous s’accordent à dire qu’il mérite d’être revu, le barreau d’Alger semble vivre ses plus mauvais moments. Est-ce un problème de représentativité ou tout simplement une situation de démobilisation qui caractérise depuis quelque temps le mouvement associatif en général ?
Salima Tlemçani
Une minute de silence pour les malades cancéreux
le 29.09.12 | 13h53
Alors que leurs nombreuses actions de protestation de soutien au malades cancéreux n’ont pas trouvé échos, le Collectif des médecins résidents algériens (Camra), tenace, a organisé aujourd’hui une minute de silence sur les marches du CPMC à Alger.
Une centaine de personnes, dont des médecins résidents, des militants associatifs et des citoyens indépendants ont répondu à l’appel et ont observé une minute de silence pour dénoncer la souffrance ininterrompue des malades cancéreux dans ledit centre.
Rencontrée sur les lieu, un jeune médecin s’est dite effarée par la dégradation incessante des conditions de soins de ces malades. « Ce qui ce passe à l’intérieur de ce centre est terrifiant. la pénurie de médicament persiste et les malades doivent attendre jusqu’à août 2013 pour avoir un rende vous de radiothérapie », dit elle. Et d’ajouter « pour les soins de chimiothérapie on se retrouve souvent avec trois malades qui se partagent le même lit, d’autres se mettent carrément sur une chaise alors qu’ils sont affaiblis par cette séance. Alors là les soins anti-douleurs, ça n’existe même pas chez nous ». Aux derniers chiffres, l’Algérie compte 47 malades cancéreux dont 28 000 nécessitent une radiothérapie mais 8000 seulement arrivent à se soigner convenablement.
Ces médecins résidents animent une page sur Facebook et organisent leurs actions grâce, notamment, à cet outil. Ils ont à maintes reprises tirer la sonnette d’alarme auprès des autorités publiques mais ils n’ont eu comme seule réponse que des déclarations publiques ou des responsables assurent que tout va bien. Ces « fausses »assurances visent selon certains militants du Camra à délégitimer ce mouvement et étouffer l’action de revendication.
Mina Adel
TV5 : L’Algérie à l’épreuve du pouvoir 1962-2012
Une leçon d’histoire édifiante signée Hervé Bourges
le 29.09.12 | 10h00
Diffusé dimanche 30 septembre à 21h et le 7 octobre à 22h sur France 5, le dyptique L’Algérie à l’épreuve du pouvoir 1962-2012, le film d’Hervé Bourges, réalisé par Jérôme Sesquin, est appelé à faire date dès lors qu’il plonge avec pertinence au cœur du pouvoir algérien et des lettres politiques qui n’ont cessé de l’agiter un demi-siècle durant.
Ce documentaire historique est tout d’abord fort bien structuré deux parties de 60 minutes : «L’ère autoritaire (1962-1988)» et «L’ère des tempêtes (1988-2012)». Les principaux épisodes de cette saga du pouvoir sont remarquablement mis en perspective grâce à l’agencement judicieux d’interviews et d’archives, les uns et les autres éclairant des faits historiques et des zones d’ombre, même si certains demeureront dans la non-élucidation (les assassinats politiques notamment).
Le mérite principal de ce travail sérieux de documentariste est l’absence de tout présupposé idéologique ou de jugement des acteurs de la vie politique algérienne, approchés de manière telle qu’ils s’expriment le plus souvent avec une sincérité rarement entendue de la bouche de responsables politiques algériens. La grande connaissance, sans doute, d’Hervé Bourges du pays, de ses us et coutumes, de la sphère politique et de ses représentants a constitué un atout non négligeable à même de susciter confessions et réflexions dans une interface éclairante.
Le premier comme le deuxième volet mettent en lumière une caractéristique fondamentale du jeu politique algérien : la prise de pouvoir et l’absence de règles démocratiques qui auraient garanti le libre exercice électoral des citoyens. La crise de l’été 1962, par exemple, marque la fin de la légitimité incarnée par le GPRA et le recours systématique au coup de force illustré par «le réajustement révolutionnaire» du 19 juin 1965, qui porte de manière définitive l’armée nationale à l’exercice réel du pouvoir, même si la mainmise sur les institutions est parfois plus ou moins visible ou plus ou moins masquée. Les nombreux témoignages des personnalités questionnées mettent en lumière la volonté de Boumediène et de ses proches d’accaparer le pouvoir avec la complicité de Ben Bella qui ne s’en cache pas, convaincu que son charisme va asseoir son autorité et sa dérive dictatoriale adossées à une sécurité militaire, dont le rôle ne cessera de croître jusqu’à peser sur les choix politiques et sur celui des hommes.
Au vu de ces deux heures de projection, nombre de téléspectateurs peu au fait des réalités politiques algériennes – et surtout les plus jeunes – vont réaliser combien l’histoire contemporaine de leur pays leur a été dissimulée, tronquée, manipulée au nom des enjeux de pouvoir qui ont parfois confiné à l’erreur, propre aux apprentis sorciers (voir les prévisions erronées des services secrets au moment des législatives de 1991-1992 qui vont plonger la société algérienne dans les ténèbres et la tragédie de la décennie noire).
La qualité première de ce document télévisuel réside dans le choix pertinent des intervenants et acteurs. C’est ainsi que nous entendons les derniers propos publics de Ben Bella qui décédera peu après. Deux personnalités ressortent par la justesse de leurs analyses, à savoir Lakhdar Brahimi, longtemps ambassadeur, et Rédha Malek, négociateur à Evian et ancien Premier ministre. L’un comme l’autre empêchent de conclure au «tous pourris».
La classe politique algérienne n’a été ni blanche ni noire et la corruption est aussi omniprésente comme fléau consanguin. Mais la nature même du régime ne pouvait que privilégier la médiocrité et nuire à l’émergence d’une véritable élite politique.
Signalons également les propos empreints de distance de l’historien Abdelmadjid Merdaci. Des erreurs ont donc été commises depuis le choix d’une stratégie de développement (l’industrie industrialisante) jusqu’à la mauvaise gestion (et les calculs erronés) de l’islamisme. On déplore toutefois l’absence de Bouteflika de ce casting royal et le fait que Khalida Toumi exhume son passé de pasionaria plutôt que de répondre sur les raisons de son ralliement à Bouteflika.
Mais ce ne sont là que des remarques secondaires, dès lors que l’ensemble des faits évoqués et des propos tenus par les uns et les autres ne souffrent, eux, d’aucune réserve majeure. Nous pourrions détailler et relever telle ou telle phrase, tel ou tel aveu, telle ou telle réflexion. Mais il est préférable d’enclencher les magnétoscopes et de voir et revoir cette Algérie à l’épreuve du pouvoir (référence à un livre d’Hervé Bourges portant le même titre) qui témoigne avant tout de l’amour indéfectible porté par cet ancien journaliste à une Algérie qu’il a connue, qu’il a servie et qu’il porte dans son cœur à jamais. En tout cas, ce document par sa pertinence et le souci pédagogique pour les non-initiés n’est pas sans rappeler la qualité extrême des films produits par la BBC (Israël et les Arabes en particulier).
Mouloud Mimoun
http://www.elwatan.com/actualite/une-lecon-d-histoire-edifiante-signee-herve-bourges-29-09-2012-186970_109.php