Actualites du Mercredi 04 Janvier 2012
Culture
Biskra miroir du désert de Mohamed Balhi : Un air de dolce vita
En avance sur son temps, Biskra était la Mecque des touristes et de la jet-set venus des quatre coins du monde l Ce livre retrace avec...
Akila Ferd. Photographe professionnelle : «La poupée mérite d'avoir son portrait»
Akila Ferd est une photographe professionnelle. Elle est venue, en marge du deuxième Salon de la poupée organisé à Alger,...
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Après l’élimination de l’émir El khechkhache
Soulagement et prudence en Kabylie
le 04.01.12 | 01h00 Réagissez
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C’est avec un grand soulagement que la population de la daïra de Beni Douala a appris, avant-hier, l’élimination du chef terroriste Si Mohand Ouramdhane, alias Moh El Khechkhache, abattu par les éléments des forces spéciales de l’ANP, près d’Ihesnaouène, à 5 km de Tizi Ouzou. Né le 5 janvier 1985 à Ath Aïssi, ce redoutable émir de la seriat Takhoukhth n’avait rien qui le prédestinait à devenir le terroriste dangereux, aux yeux des gens de sa commune natale.
Le sanguinaire, qui a rejoint le maquis en 2003, avait semé la terreur dans plusieurs localités de Tizi Ouzou ; mais la plupart de ses actes ont été enregistrés dans la commune de Beni Aïssi. Les gens qui l’ont connu n’imaginaient pas, en tout cas, de par son allure, qu’il était capable de tuer, kidnapper et racketter de paisibles villageois qui sont, du reste, les siens. Hier encore, la nouvelle de la neutralisation d’El Khechkhache était toujours sur les lèvres des citoyens de cette localité avec lesquels nous nous sommes entretenus. «Il n’a épargné personne, que ce soient les éléments des services de sécurité ou les paisibles citoyens. Nous avons vécu la psychose jusqu’ici. On ne pouvait même pas se rendre la nuit à une veillée funèbre.
Des familles qui ont quitté la région craignaient de tomber dans un faux barrage dressé par le groupe terroriste qu’il dirigeait», nous confie un citoyen d’Ath Aïssi. «J’ai senti un soulagement chez les habitants de Beni Douala, notamment ceux de sa commune natale, Ath Aïssi. Maintenant, on peut prétendre au retour du calme et de la sérénité», dit d’emblée un citoyen d’Ath Aïssi. Et d’ajouter : «Dommage, on aurait bien aimé qu’il soit capturé vivant, car il aurait été plus utile aux services de sécurité quant au mouvements du reste du groupe.» Un autre habitant de Beni Douala, fonctionnaire, a affirmé que «tous les ex-otages de kidnapping l’ont reconnu. Tous le monde sait, ici, que c’était lui qui était derrière les rapts perpétrés sur la route de Tala Bounane, reliant Tizi Ouzou à Ath Aïssi». Pour un autre villageois, «sa mise hors d’état de nuire permettra à l’économie locale de bouger un peu ! Il rackettait même de petits artisans, les propriétaires d’ateliers et les commerçants qui étaient obligés, sous la menace des armes, de payer une dîme».
Pour se faire une idée de la violence des actes criminels qu’El Khechkhache avait planifiés, rappelons les deux attentats kamikazes qui ont ébranlé la ville d’Ath Aïssi : l’un d’eux a été perpétré contre la brigade de gendarmerie, au chef-lieu communal en juillet 2010. Bilan : un mort, un gardien du siège de l’APC, et 8 blessés.
En août 2009, le siège de la garde communale est attaqué, un blessé. Août 2011. Un mois après, le chef de la même brigade a échappé à un attentat alors qu’il se rendait à son travail. Le véhicule banalisé d’une patrouille de police tombe dans une embuscade sur la route de Tala Bounane. Les échanges de coups de feu font alors deux morts ; un policier et un civil. Sur le même axe routier, l’ex-émir a fait acte, à plusieurs reprises, d’enlèvements contre le versement de fortes rançons.
Nordine Douici
Conditions de séjour, d’emploi et de circulation des Algériens en France
Mourad Medelci : «Pas question de réviser l’Accord de 1968»
le 04.01.12 | 01h00
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L’Algérie souhaite, aujourd’hui, que la communauté algérienne puisse bénéficier des dispositions du droit commun français de nature à faciliter séjour en France.
Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a opposé hier un niet catégorique à la demande du Quai d’Orsay de réviser l’accord bilatéral de 1968 portant sur les conditions de circulation, d’emploi et de séjour des Algériens en France. «L’Accord de 1968 (...) marque la spécificité de nos relations historiques avec les Français. Nous sommes déterminés à ce que cet accord soir préservé», a-t-il soutenu dans un entretien accordé à la Radio nationale.
Paris, qui veut aligner l’Algérie sur le droit commun, tente, rappelle-t-on, depuis près de deux ans, de négocier avec le gouvernement algérien un quatrième avenant à cet accord.
Il n’est un secret pour personne que les autorités algériennes avaient alors perçu le projet comme une volonté du gouvernement français de faire pression sur l’Algérie, cela d’autant que le dossier avait été «rouvert» au summum de la crise politique entre les deux pays. Malgré le fait d’avoir accepté de faire des tours de table avec le partenaire français, les officiels algériens sont tout de même restés intransigeants sur la question. Plutôt que de se contenter de défendre, Alger semble même avoir opté pour l’attaque. La preuve : outre sa volonté de «garder un statut privilégié», l’Algérie souhaite carrément, aujourd’hui, que la communauté algérienne puisse bénéficier des dispositions du droit commun français de nature à faciliter son séjour en France. Ce souhait a d’ailleurs été exprimé aussi hier par le chef de la diplomatie algérienne. «Il y a un certain nombre d’évolutions positives du droit commun français dont bénéficient tous ceux qui ne sont pas Algériens et dont pourraient bénéficier les Algériens», a précisé Mourad Medelci, estimant que 2012 devrait être l’année qui «permettra de considérer définitivement les accords de 1968 comme étant des acquis sur lesquels on n’a pas à revenir».
Il est certain que la sortie de Mourad Medelci fera grincer des dents autant le Quai d’Orsay que l’Elysée, qui font de la maîtrise des flux migratoires leur principal cheval de bataille. Il s’agit là, en effet, d’une carte importante que Nicolas Sarkozy, candidat certain de l’UMP à la présidentielle française, comptait probablement exploiter au maximum lors de la campagne pour tenter de rallier à sa cause l’électorat de l’extrême droite. Le refus d’Alger de se plier aux desiderata du Quai d’Orsay risque ainsi de priver l’UMP d’un sujet de campagne qui pouvait s’avérer mobilisateur, surtout par ces temps de crise.
Ce n’est pas tout : en prônant une position aussi tranchée, Alger s’invite non seulement à la présidentielle française, mais semble avoir surtout misé sur le candidat du Parti socialiste français, François Hollande, qui s’est montré, à de nombreuses reprises, tout à fait disposé à régler les contentieux politiques qui opposent l’Algérie et la France ces dernières années. Ce dernier a d’ailleurs accompli dernièrement un geste fort en assistant à la commémoration, à Paris, des tragiques événements du 17 Octobre 1961. Et pour, sans doute, rendre la pareille à M. Hollande, Mourad Medelci a, paraît-il, trouvé naturel d’appeler les émigrés, la première communauté en France, à voter en sa faveur. Car à bien y regarder, son discours ressemble fort à une consigne de vote.
Zine Cherfaoui
Face aux mutations dans les pays arabes
Alger veut «relancer» l’Union du Maghreb
le 04.01.12 | 01h00
La diplomatie algérienne commence à adopter un discours intéressant sur le Maghreb. C’est du moins ce qui ressort des déclarations faites hier par le ministre des Affaires étrangères à la Chaîne III de la Radio algérienne.
«Les mutations que nous avons constatées dans les pays arabes, au Maghreb, ne peuvent que nous encourager à aller plus et vite dans la construction de l’Union du Maghreb arabe», a estimé Mourad Medelci.
Après un aveuglement qui a duré des semaines, Alger constate qu’il y a eu des «mutations» dans les pays arabes. Le mot est neutre pour ne pas qualifier le renversement de régimes dictatoriaux en Tunisie, en Egypte et en Libye. «Nous n’avons pas souhaité intervenir dans des débats qui concernent souverainement les Tunisiens, les Libyens et les Egyptiens. C’est un respect que nous devons à des frères qui partagent notre culture et notre religion», a justifié M. Medelci avant d’ajouter : «L’Algérie n’a pas fait exception à la règle. Il n’y a pas de pays arabe ou maghrébin qui ait exprimé des positions plus avancées sur ce qui s’est passé en Tunisie, en Libye ou ailleurs. Il se trouve que l’Algérie est toujours considérée comme le pays qui doit démarrer le premier et prendre les plus lourdes initiatives. L’Algérie a porté la voix de la sagesse.» Le chef de la diplomatie n’a dit que du bien de la Tunisie. L’hostilité passive née après la destitution de Zine El Abidine Ben Ali est visiblement oubliée. «Forte de ses acquis démocratiques et de ses institutions, la Tunisie donne l’exemple aujourd’hui d’un pays qui est en train de réussir sa mutation. Avec la Tunisie, nous avons des rapports excellents», a-t-il observé. La Tunisie a, en effet, élu une Assemblée constituante et désigné un Président, Moncef Marzouki, dans des élections les plus libres de toute l’histoire de la région arabe.
Pour son premier voyage à l’extérieur après son élection, Moncef Marzouki a choisi la Libye et pas l’Algérie. Tout un symbole. A Tripoli, le président tunisien a appelé à redynamiser l’Union du Maghreb arabe (UMA) autour du «noyau» constitué par la Libye et la Tunisie.
Au moment où Tunis braque son regard vers l’est, Alger veut relancer l’UMA en ne regardant nulle part. Les relations avec Tripoli demeurent toujours compliquées. Aucun haut responsable algérien n’a encore fait le déplacement en Libye pour reprendre langue avec les nouveaux dirigeants du pays et faire oublier le feuilleton des accusations mutuelles lors de la guerre contre les milices d’El Gueddafi. «J’ai échangé avec mon homologue libyen des lettres qui expriment, de part et d’autre, notre volonté d’aller de l’avant. Mais c’est un pays qui sort d’une épreuve extrêmement importante et qui est en train, courageusement, d’aller vers la mise en place d’institutions pérennes, capables de donner à l’ensemble des Libyens la possibilité de participer à leur devenir», a soutenu M. Medelci. Il faut, selon lui, encourager la tendance de mise en place d’institutions en Libye. «Nous ne manquerons pas d’apporter notre contribution chaque fois que nous serons sollicités», a-t-il dit. Sans plus.
Qu’en est-il des frontières ? Elles ne sont pas fermées mais mieux sécurisée, selon Mourad Medelci. «Les derniers événements ont fait qu’il y a eu un risque de transfert d’armes et de populations. En attendant que les frères libyens se donnent la capacité de surveiller leur frontière, il était normal que nous fassions le travail du côté algérien», a-t-il expliqué. Avec une frontière semi-ouverte avec la Libye et une frontière fermée avec le Maroc, comment relancer l’Union du Maghreb ? «La fermeture de la frontière entre deux pays frères que sont l’Algérie et le Maroc n’a jamais été considérée comme une décision définitive», a rassuré le chef de la diplomatie algérienne. D’après lui, il existe un processus de rapprochement entre les deux Etats qui sera consolidé avec le nouveau gouvernement marocain. «Toutes ces évolutions travaillent à la normalisation des relations avec le Maroc à terme (…). L’action maghrébine est d’abord la cohérence entre les politiques économiques, commerciales, sociales. C’est cela, l’UMA. Ce n’est pas seulement une envie», a-t-il ajouté.
Mourad Medelci a annoncé une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UMA, à Rabat, en février 2012. D’ici là, on verra…
Fayçal Métaoui
Biskra miroir du désert de Mohamed Balhi : Un air de dolce vita
le 04.01.12 | 01h00
En avance sur son temps, Biskra était la Mecque des touristes et de la jet-set venus des quatre coins du monde l Ce livre retrace avec poésie et nostalgie l’histoire de cette ville surnommée, à raison, la «Reine des Zibans».
Au cours de la première moitié du siècle précédent, la mode, — le must, comme aujourd’hui aller à Miami ou Monte Carlo —, était de passer l’hiver à Biskra pour les «richs and famous» du monde entier. Par bateau jusqu’à Alger, puis par la route, par train, voiture ou véhicule tiré par des chevaux, les heureux vacanciers créaient des embouteillages aux carrefours de la «reine des Zibans» qui abritait, alors, moult dîners de gala dans une ambiance de dolce vita... Les Anglaises sirotaient leur «darjeeling tea» à l’heure du «tea time» dans les jardins fleuris de Biskra.
Il y avait aussi un gros contingent d’artistes, d’écrivains. Dans son très beau livre, Mohamed Balhi nous donne une liste de ces glorieux «specimens», parfois décadents, assoiffés de soleil et d’air limpide : Oscar Wilde, Bela Bartok, Marlène Dietrich, Eugène Fromentin, Henri Matisse, Etienne Dinet, Isadora Ducan, André Gide, Robert Hitchens,Claude Debussy...
Comparée à Biskra, Marrakech à cette époque-là n’était qu’une sombre bourgade sans électricité où campaient des légions de dromadaires. Avant même Las Vegas, Biskra possédait un grand casino aux confins du désert. La ville était enveloppée d’une immense palmeraie d’une grande splendeur, qu’irriguaient des sources d’eau claire serpentant au milieu des vergers.
Très loin de la décrépitude actuelle des hôtels en Algérie, Biskra possédait de splendides palaces où les employés faisaient des assauts de courtoisie et où les riches clients ressentaient le charme inimitable de l’hospitalité du Sud.
Dans son livre, fruit d’intenses recherches, Mohamed Balhi a réuni des tableaux de grands peintres et des photographies inédites de lieux, comme le beau jardin Landon, où Biskra déploie ses plantes exotiques et des palaces dont il ne reste plus, hélas, aujourd’hui aucune trace : Hôtel du Sahara, Hôtel Royal, Hôtel Transatlantique, Hôtel Oasis...
L’écrivain et journaliste Balhi nous livre ainsi le brillant passé de sa ville natale, avec un texte d’une langue lumineuse et historiquement très précise. Il ne fait pas un drame de ce que Biskra a perdu, sachant bien que nul ne peut se délecter longtemps du passé colonial. On connaissait le grand reporter qui publiait dans Algérie Actualités ses récits de voyage à la manière d’un Kérouac. Avec son nouveau livre, il nous fait entrer par la grande porte dans le passé de sa ville. Biskra miroir du désert rend instantanément visible et présente la mémoire d’une belle ville. On est transporté sur les rives de l’oued Zidi Zarzour, dans les confins d’Oumèche et de Tolga, on revisite la petite gare d’où partait le train mythique Biskra-Touggourt, sur cette voie ferrée qui a failli se poursuivre jusqu’aux rives du lac Tchad ! C’est une sensation très forte.
Ce qui devrait pousser les éditions Anep à ressortir une autre édition de Biskra miroir du désert, car c’est devenu une rareté dans les librairies d’Alger.
Biskra miroir du désert, de Mohamed Balhi éditions Anep 2011 246 pages , 1400 dinars
Azzedine Mabrouki