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Montage des trois visuels transmis par l'association "Droits des non fumeurs" (DNF) (Photo /AFP/BDDPetFils/DNF) |
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Mardi 23 février 2010, 19h08
Plusieurs associations, ainsi que la secrétaire d'Etat à la famille, Nadine Morano, ont demandé mardi l'arrêt d'une campagne anti-tabac qu'elles jugent "choquante" ou "décalée".
Cette campagne, lancée par l'association Droits des non-fumeurs, met en scène dans trois photos de jeunes fumeurs à genoux devant un adulte, dans une position à connotation clairement sexuelle.
"Cette suggestion me semble intolérable", a dit Mme Morano, jugeant sur RMC la campagne "profondément choquante". Elle va demander, "au titre de l'outrage public à la pudeur", l'interdiction de cette campagne qui compare le tabagisme à une fellation exécutée sous la contrainte.
Pour DNF, ces visuels, "chocs et dérangeants", symbolisent "la soumission" au tabac.
L'association, qui milite depuis plus de 50 ans pour la défense des non-fumeurs, dit vouloir ainsi "réagir à l?indifférence désespérante des jeunes à l?égard des discours anti-tabac" et "rompre avec la tiédeur des campagnes préventives".
L'association Familles de France a déposé une plainte mardi devant le Jury de déontologie publicitaire, une instance nommée par l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) qui peut, en cas de manquement aux règles professionnelles, demander l'arrêt immédiat de la diffusion d'une campagne.
"Le message est sain en lui-même, l'idée de cette campagne est noble", a estimé auprès de l'AFP Christiane Therry, déléguée générale de Familles de France. Mais la campagne est "déplacée" et l'image "ambiguë", avec un message "incompréhensible".
"On abaisse les jeunes devant une autorité d'adulte", "ça laisse penser qu'on assiste à une fellation, on humilie la jeunesse", dit-elle.
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La créatrice des Chiennes de Garde Florence Montreynaud le 03 février 2004 à Paris sur le plateau de l' émission de TF1 Vol de Nuit, où elle présentait son ouvrage "Appeler une chatte... Promenade à travers les mots du sexe". (Photo Eric Feferberg/AFP/Archives) |
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La féministe Florence Montreynaud, qui créa il y a dix ans la Meute, réseau international qui lutte contre les publicités sexistes, considère la campagne comme "indigne".
"C'est un abominable retour en arrière de tout ce qu'on a fait depuis 40 ans", a-t-elle réagi auprès de l'AFP. Membre "depuis 30 ans" de l'association DNF et en général "d'accord avec tout ce qu'ils font", elle demande "l'arrêt immédiat" de cette campagne.
La militante féministe voit dans ces photos une "banalisation de la violence sexuelle masculine".
Elle déplore "l'inefficacité" de l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité, "qui n'intervient qu'après coup pour tout ce qui n'est pas télévision", et donc seulement "quand le débat public s'enflamme".
Le porte-parole de la filiale française de British American Tobacco, Yves Trévilly, regrette que, "parce qu'(il) travaille pour un fabricant de cigarettes (il) puisse être assimilé à un violeur ou à un pédophile".
"Et tous les salariés des cigarettiers, et les 29.000 buralistes, est-ce que ce sont potentiellement des pédophiles et des violeurs ?", s'est-il interrogé en rappelant que le tabac est un produit vendu légalement, sous monopole d'Etat.
"Et que pense Roselyne Bachelot (ministre de la Santé, ndlr) de l'utilisation des subventions versées à une association qui se permet de laisser penser que l'Etat participe aussi à ces actes de viols ou de pédophilie ?", a-t-il lancé.
Enfin la Confédération des Buralistes a estimé que "cette campagne va trop loin". "Ce n?est plus de la prévention mais de la provocation déplacée", dit-elle.
En parallèle à la campagne de photos, une vidéo, réalisée par Yvan Attal, n'a soulevé aucune polémique. Le film montre une réunion de la direction d'une entreprise qui décide de se débarrasser de produits toxiques en les mettant dans des cigarettes.