Bombes Ă Alger Par Makhlouf Mehenni
l Le Palais du Gouvernement a Ă©tĂ© ciblĂ© par une voiture piĂ©gĂ©e. Une de ses façades a Ă©tĂ© complĂštement soufflĂ©e l Plusieurs commissariats ont Ă©tĂ© Ă©galement visĂ©s par des attentats Ă l'explosif dont celui de Bab Ezzouarl Une panique gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans la capitale oĂč le carrousel des ambulances a Ă©tĂ© incessant des heures durant.
n L'APS a fait état dans un premier bilan de 9 morts et 32 blessés dans l'attentat du Palais et de 8 morts et 50 blessés à Bab Ezzouar.
Pour le malheur de ses passagers, un bus de transport universitaire passait devant le Palais du Gouvernement Ă 10 heures 40 prĂ©cises. Il s'apprĂȘtait Ă arpenter la cĂŽte menant vers le boulevard Frantz-Fanon quand une Ă©norme explosion s'est fait entendre. A notre arrivĂ©e sur les lieux, 5 minutes plus tard, des Ă©tudiantes en pleurs, pour la plupart blessĂ©es plus ou moins gravement, Ă©taient allongĂ©es sur le trottoir. Nos tentatives de leur arracher des tĂ©moignages Ă©taient vaines. Elles n'ont rien vu, rien entendu. Encore sous le choc, elles sont inconsolables. Des agents de la Protection civile, dont l'unitĂ© se trouve Ă quelques mĂštres leur prodiguaient les premiers soins et tentaient de les rassurer. Eux-mĂȘmes n'en revenaient pas et leurs visages blĂȘmes en disaient long sur l'horreur qu'ils viennent de vivre. Et que dire de ces policiers en pleurs. Les scĂšnes sont trop fortes pour rester insensibles. Plusieurs de leurs collĂšgues qui se trouvaient de service en cette matinĂ©e fatidique devant le Palais du Gouvernement figurent parmi les victimes, morts ou blessĂ©s gravement. Car des morts, il y en avait. Sur place, nous avons formellement comptabilisĂ© 11 morts. Tous dĂ©chiquetĂ©s ou calcinĂ©s. Des images insoutenables. Trente minutes aprĂšs l'attentat, les corps gisaient encore sur les trottoirs alentours et sur la chaussĂ©e. Les Ă©lĂ©ments de la Protection civile et des services de sĂ©curitĂ© ne les ont pas encore acheminĂ©s vers les hĂŽpitaux. Ils se sont occupĂ©s des blessĂ©s qui se comptent par dizaines, peut-ĂȘtre par centaines. Impossible de les compter sur place tant tout le monde semblait avoir Ă©tĂ© touchĂ©. Des jeunes filles, des gamins des vieux attendaient, allongĂ©s par terre, Ă recevoir les premiers soins. Les secours sont dĂ©bordĂ©s. Mais les images les plus insoutenables sont celles des corps dĂ©chiquetĂ©s. Pour la plupart des policiers et des citoyens au volant de leur vĂ©hicule. Plusieurs voitures qui passaient par les lieux au moment de l'explosion sont calcinĂ©es. Avec elles leurs occupants. Encore en flammes au moment oĂč nous nous trouvions sur place, elles contiendraient probablement d'autres corps. La violence de l'explosion a Ă©tĂ© telle que toute la partie sud du bĂątiment abritant le siĂšge du gouvernement a Ă©tĂ© dĂ©molie. Plusieurs fonctionnaires sont Ă©galement touchĂ©s. Nous avons vu au moins un corps sorti des bureaux par les Ă©lĂ©ments de la Protection civile. Une femme dont la tĂȘte est Ă©crabouillĂ©e. La moitiĂ© de son visage est arrachĂ©e. Insoutenable. La grille du jardin d'enfants faisant face au Palais du Gouvernement a Ă©tĂ© arrachĂ©e par le souffle de la bombe. Un corps, probablement un policier ou un passant, gisait sur la pelouse, mĂ©connaissable. Impossible de dĂ©terminer mĂȘme son sexe. Le vĂ©hicule qui a servi Ă l'attentat est tout simplement dĂ©sintĂ©grĂ©. Seuls les vĂ©hicules des passants, se trouvaient encore sur place, tout en flammes. Ce n'est qu'une demi-heure aprĂšs l'attentat que les Ă©lĂ©ments des services de sĂ©curitĂ© ont commencĂ© Ă couvrir les cadavres de draps et de couvertures. Il y aurait probablement d'autres victimes parmi les fonctionnaires du gouvernement tant les dĂ©gĂąt subis par la façade touchĂ©e sont importants : fenĂȘtres arrachĂ©es, balcons et murs dĂ©molisâŠ
M. M.
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