Couvre-feu en Thaïlande, où un nouveau civil a été tué
Couvre-feu en Thaïlande, où un nouveau civil a été tué
Mots clés : Crise, Chemises Rouges, THAÏLANDE, BANGKOK, Abhisit Vejjajiva
Par lefigaro.fr16/05/2010 | Mise à jour : 12:11 Réactions (112)
Les autorités ont bloqué tous les accès menant au principal site où sont retranchés les manifestants. Crédits photo : AFP
Les affrontements entre militaires et manifestants antigouvernementaux se poursuivent dimanche. Au moins un civil y a trouvé la mort, ce qui porte le bilan à au moins 25 morts et 187 blessés depuis vendredi.
La situation semble ne pas devoir se calmer à Bangkok. Un civil a été tué dimanche au cours d'affrontements entre manifestants antigouvernementaux et militaires dans le centre de la capitale, ont indiqué les services de secours. Deux «chemises rouges» ont par ailleurs été grièvement blessés.
Les autorités thaïlandaises ont resserré encore dimanche l'étau autour des manifestants antigouvernementaux, en imposant un couvre-feu dans les quartiers de Bangkok. Un leader des «chemises rouges» a par ailleurs lancé un appel solennel au roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, qu'il a présenté comme le «seul espoir» pour régler une crise qui s'éternise et pour laquelle aucune issue ne se dessine. Agé de 82 ans et hospitalisé depuis septembre, Bhumibol Adulydej ne s'est pas publiquement exprimé sur la crise depuis qu'elle a éclaté, à la mi-mars
Depuis jeudi, la violence a monté d'un cran à Bangkok, où les scènes de guérilla se mutliplient. Vendredi, les soldats thaïlandais avaient déjà tiré lors d'émeutes près des ambassades des Etats-Unis et du Japon. Samedi, au moins huit personnes ont été tuées et 50 blessées, alors que les militaires ont de nouveau ouvert le feu sur les manifestants. Au total, selon les services de secours, 25 personnes ont été tuées et 187 blessées depuis jeudi soir.
Scènes de guerilla urbaine au centre de Bangkok, vendredi :+
*C'est la déclaration du premier ministre thaïlandais qui a mis le feu aux poudres dans le camp des «chemises rouges» jeudi : «J'ai annulé la date des élections. C'est ma décision car les manifestants refusent de se disperser». «Les chemises rouges n'ont accepté que verbalement de se joindre à la feuille de route vers la réconciliation», a expliqué Korbsak Sabhavasu, son secrétaire général. «Mais ils n'ont pas décidé de mettre fin aux manifestations et il est donc impossible d'organiser des élections comme prévues».
Plus de dix jours après sa publication, le plan de sortie de crise du gouvernement semble plus fragile que jamais, après avoir suscité de vifs espoirs et recueilli l'assentiment apparent de la majorité des acteurs politiques du royaume. Mais les «chemises rouges» ont bloqué le processus en début de semaine en exigeant l'inculpation du numéro deux du gouvernement, Suthep Thaugsuban, qu'ils jugent responsable des violences du 10 avril qui ont fait 25 morts et plus de 800 blessés.
Au moins 170 blessés
Exaspérée par les atermoiements de l'opposition, l'armée a annoncé jeudi que des blindés allaient prendre position en fin de journée. Une menace qui a aussitôt provoqué de vives tensions dans la capitale. Dans la soirée, des tirs et des détonations ont été entendus près des barricades. Un général pro-«chemises rouges», Khattiya Sawasdipol, alias Seh Daeng, a été blessé. Le militaire, très populaire parmi les manifestants et de facto en charge des opérations de sécurité dans leur campement, a reçu une balle en pleine tête. Il se trouve dans un état grave. L'armée thaïlandaise a démenti vendredi être à l'origine du tir, comme l'affirme l'opposition. [LIRE le portrait de Seh Daeng]
Parmi les blessés vendredi, trois journalistes, dont un reporter canadien de France 24 grièvement touché par trois balles. Le quotidien thaïlandais Matichon a par ailleurs indiqué que l'un de ses photographes avait également été blessé par balle. Et la chaîne de télévision par internet Voice TV a déclaré qu'un cameraman, âgé de 27 ans, avait été blessé mais que son état était jugé satisfaisant.
Dans la foulée, les autorités américaines britanniques et canadiennes ont annoncé avoir fermé leurs ambassades à Bangkok, se disant «très préoccupées» par cette montée de violence. Samedi, les Etats-Unis ont annoncé samedi qu'ils évacuaient une partie du personnel de leur ambassade. Le département d'Etat conseille aux citoyens américains de «reporter tout voyage à Bangkok et tout voyage non impératif dans le reste de la Thaïlande».
Les autorités ont bloqué tous les accès menant au principal site où sont retranchés les manifestants. «L'opération est destinée à faire pression sur les chemises rouges pour qu'ils reviennent à la table des négociations», a clairement expliqué le ministre de la Défense. L'armée cherche à étrangler les «rouges» sur le plan logistique dans l'espoir de réduire au maximum le nombre de manifestants, qui se retrouvent désormais sans électricité, sans approvisionnement en eau et nourriture, et sans passage des camions poubelles.
Pas question de «reculer» pour le premier ministre
Le gouvernement thaïlandais a décidé d'étendre l'état d'urgence qui avait été décrété sur Bangkok et ses environs à 17 autres provinces du pays. Objectif : faciliter le contrôle des manifestants anti-gouvernementaux. Le premier ministre Vejjajiva a affirmé samedi qu'il n'était pas question de «reculer» face aux manifestants. Il a affirmé que l'armée allait poursuivre l'opération engagée jeudi qui vise à asphyxier et isoler les milliers de manifestants occupant un quartier du centre commercial de la capitale.
Mais pour l'instant, les «chemises rouges» ne fléchissent pas. Jeudi, ils ont réitéré leur volonté d'aller au bout de leur combat et ont réaffirmé que la dernière condition posée, l'inculpation du numéro deux du gouvernement, n'était pas négociable. «Notre priorité numéro un est de demander justice pour les victimes» du 10 avril, a indiqué Nattawut Saikuar.
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