Dilem du Mercredi 23 Mars 2011 | Vu 6386 fois
Edition du Mercredi 23 Mars 2011
Les combats font rage entre Kadhafi et lâopposition
Alors que les raids de la coalition se poursuivent
Par : Merzak T./Agences
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Alors que les forces de la coalition internationale bombardaient pour la troisiĂšme nuit les forces de Mouammar Kadhafi, ces derniĂšres continuaient Ă attaquer les fiefs de lâopposition, comme ce fut le cas, hier, Ă Misrata.
La coalition internationale a poursuivi, hier, ses bombardements en Libye en sâen prenant mĂȘme Ă nouveau Ă la rĂ©sidence du colonel Mouammar Kadhafi Ă Tripoli, tandis que les violences se poursuivaient Ă Misrata. Lundi soir, des tirs de la dĂ©fense anti-aĂ©rienne suivis dâexplosions ont retenti Ă Tripoli, prĂšs de la rĂ©sidence du dirigeant libyen. La nuit prĂ©cĂ©dente, des missiles avaient dĂ©truit un bĂątiment au sein de cette rĂ©sidence-caserne dans le sud de Tripoli. Une base navale, situĂ©e Ă 10 km Ă lâest de Tripoli, a Ă©tĂ© touchĂ©e par des bombardements dans la soirĂ©e, selon des tĂ©moins qui ont vu des flammes sâĂ©chapper de lâendroit. Sur le terrain, les insurgĂ©s, qui ont Ă©tĂ© repoussĂ©s jusquâĂ leur fief de Benghazi, avant lâintervention des aviations et marines occidentales, ont de nouveau progressĂ© vers Ajdabiya. Ă Misrata, Ă environ 200 km Ă lâest de Tripoli, les violences de lundi ont fait au moins 40 morts et 300 blessĂ©s, selon un porte-parole des rebelles dans la ville et une source mĂ©dicale. Hier, cinq personnes, dont quatre enfants, ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans cette mĂȘme ville, situĂ©e Ă environ 200 km Ă lâest de Tripoli, par des tirs des pro-Kadhafi, selon les rebelles. Pendant ce temps, les forces loyales Ă Mouammar Kadhafi tentent, elles, de prendre le contrĂŽle de la ville de Zenten, dans lâouest du pays, en attaquant les positions rebelles Ă lâarme lourde. La ville a Ă©tĂ© bombardĂ©e durant plusieurs heures lundi, selon des habitants. Des chars et des snipers dĂ©ployĂ©s dans la principale artĂšre de la ville ont ouvert le feu âaveuglĂ©mentâ, selon un porte-parole des rebelles, prĂ©cisant que les enfants tuĂ©s se trouvaient Ă bord dâune voiture avec leurs parents. Un porte-parole du rĂ©gime avait indiquĂ©, lundi, que cette ville avait Ă©tĂ© reprise des mains des insurgĂ©s âil y a trois joursâ, mais que les forces gouvernementales y recherchaient des âĂ©lĂ©ments terroristesâ. Par ailleurs, le secrĂ©taire dâĂtat amĂ©ricain Ă la DĂ©fense, Robert Gates, a dĂ©clarĂ©, lors dâune rencontre Ă Moscou avec son homologue russe Anatoli Serdioukov, que les frappes militaires de la coalition en Libye devraient baisser dâintensitĂ© dans les jours qui viennent. Il a Ă©galement indiquĂ© que les forces de la coalition internationale tentent de minimiser le nombre de victimes civiles en Libye, tout en soulignant que âles importantes frappes militaires en cours devraient diminuer dâintensitĂ© dans les prochains joursâ. âDans la mesure oĂč nous parvenons avec succĂšs Ă supprimer les systĂšmes de dĂ©fense aĂ©rienne, le niveau dâactivitĂ© cinĂ©tique devrait baisserâ, a-t-il encore dit. âSauf si quelque chose dâinhabituel ou dâinattendu survient, nous pourrions voir un ralentissement dans la frĂ©quence des attaques. Nous avons dĂ©jĂ vu, entre la premiĂšre nuit des frappes Tomahawk et la deuxiĂšme, une rĂ©duction importanteâ, a dĂ©clarĂ©, de son cĂŽtĂ©, le chef de la coalition, le gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain Carter Ham. Ă signaler quâun avion de chasse amĂ©ricain F-15 sâest Ă©crasĂ© en Libye lundi soir, en raison dâun âdysfonctionnement de son Ă©quipementâ. Ses deux membres dâĂ©quipage se sont Ă©jectĂ©s et lâun dâeux a Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©, a annoncĂ© le commandement amĂ©ricain Africa Command, basĂ© en Allemagne.
Edition du Mercredi 23 Mars 2011
Les deux superpuissances secouées par les ondes de choc kadhafiennes
Obama sommĂ© de sâexpliquer et le couple Poutine-Medvedev se fissure
Par : D. B./Agences
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Si Medvedev nâa pas apprĂ©ciĂ© les dĂ©clarations de Poutine sur lâintervention en Libye, des membres du congrĂšs US ont interpellĂ© Barak Obama sur le mĂȘme sujet, lui demandant des explications. AnnoncĂ©s comme des rivaux en vue de lâĂ©lection prĂ©sidentielle russe de 2012, Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev ont rompu leur entente parfaite en sâopposant sur la âcroisadeâ occidentale en Libye. Vladimir Poutine, qui a soulignĂ© quâil exprimait son âavis personnelâ, a vertement critiquĂ© lundi la rĂ©solution de lâONU sur lâintervention en Libye quâil a comparĂ©e Ă âl'appel aux croisades du Moyen-Ăgeâ. Il a dĂ©noncĂ© lâintervention militaire qui devient, selon lui, âune constanteâ dans la politique des Ă©tats-Unis aprĂšs lâex-Yougoslavie, lâAfghanistan et lâIrak. Medvedev, le jeune prĂ©sident adoubĂ© en 2008 par Vladimir Poutine, qui avait effectuĂ© les deux mandats consĂ©cutifs autorisĂ©s par la Constitution, a aussitĂŽt rĂ©agi, jugeant âinadmissible et inacceptableâ l'accusation de âcroisadeâ et dĂ©fendant sa dĂ©cision de ne pas opposer le veto de Moscou Ă la rĂ©solution de l'ONU. LâĂ©vĂšnement a mis en Ă©moi les quotidiens et les autres mĂ©dias libĂ©raux, qui se sont interrogĂ©s sur le sens Ă donner Ă cette contradiction inĂ©dite au sommet de lâĂ©tat. Câest la premiĂšre fois que les deux dirigeants russes affichent un tel dĂ©saccord, Ă un an dâune prĂ©sidentielle lors de laquelle ils ont toujours dit qu'ils se âmettraient dâaccordâ sur la candidature la plus opportune. âLa question est de savoir sâil sâagit d'une â divergence de style â dont le tandem (Poutine-Medvedev) est coutumier ou si cela exprime des dĂ©saccords plus profonds, qui se renforceraient Ă lâapproche des Ă©lectionsâ, souligne l'influent quotidien libĂ©ral Kommersant. Aux Ă©tats-Unis, Obama fait Ă©galement face Ă la grogne au sein de son propre CongrĂšs. Plusieurs de ses membres lâont critiquĂ©, lundi, concernant les frappes en Libye, craignant le dĂ©but dâun conflit interminable et de possibles reprĂ©sailles de Kadhafi. Sur son flanc gauche, le prĂ©sident Obama a Ă©tĂ© houspillĂ© par le dĂ©mocrate Michael Honda pour qui ces frappes envoient au monde le message que la dĂ©mocratie amĂ©ricaine est profondĂ©ment dysfonctionnelle, car seul le CongrĂšs est habilitĂ© Ă dĂ©clarer la guerre par la Constitution amĂ©ricaine. Le Pentagone a agi âen se fondant sur des considĂ©rations relatives Ă la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique, ce qui est particuliĂšrement clair quand on sait que la Libye dispose des septiĂšmes rĂ©serves mondiales de pĂ©troleâ, a ajoutĂ© M. Honda, pour qui âle message est que lâAmĂ©rique fait peu cas des droits de lâHomme et de la libertĂ© des peuples dans des pays comme la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, lâouest du Soudan ou la CĂŽte d'Ivoire, qui n'ont pas de ressources Ă©nergĂ©tiques crucialesâ. La reprĂ©sentante rĂ©publicaine, Candice Miller, membre de la commission de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure de la Chambre, a Ă©galement jugĂ© inacceptable quâObama ait agi sans avoir obtenu le consentement formel du CongrĂšs, se demandant quel est le but de lâĂ©quipĂ©e en Libye ? Le sĂ©nateur rĂ©publicain, John Barrasso, a mis en garde contre un engrenage qui pourrait obliger les forces amĂ©ricaines Ă rester engagĂ©es dans le conflit pendant des semaines ou des mois. Et pour enfoncer le clou, la prĂ©sidente rĂ©publicaine de la commission des AE de la Chambre, Ileana Ros-Lehtinen, a estimĂ© quâObama devait dĂ©finir clairement quels intĂ©rĂȘts vitaux pour la sĂ©curitĂ© des Ătats-Unis sont en jeu, selon lui, actuellement en Libye. Dans un courrier adressĂ© au prĂ©sident rĂ©publicain de la Chambre des reprĂ©sentants, John Boehner, et au prĂ©sident provisoire du SĂ©nat, Daniel Inouye, le prĂ©sident Obama a expliquĂ© que lâintervention amĂ©ricaine en Libye est dans lâintĂ©rĂȘt de la sĂ©curitĂ© nationale des Ătats-Unis. âSans une intervention, lâinstabilitĂ© croissante en Libye pourrait conduire Ă une plus grande instabilitĂ© au Moyen-Orient, avec des consĂ©quences dangereuses pour les intĂ©rĂȘts de sĂ©curitĂ© nationale des Ătats-Unisâ, a-t-il Ă©crit, soulignant que les opĂ©rations contre la dĂ©fense antiaĂ©rienne et les aĂ©roports libyens seront limitĂ©es dans leur nature, durĂ©e et Ă©tendue et quâelles sont conduites en soutien aux efforts internationaux pour protĂ©ger les civils et prĂ©venir une catastrophe humanitaire.
Edition du Mercredi 23 Mars 2011
Alger critique les bombardements en Libye
Medelci les juge âdisproportionnĂ©sâ
Par : Azzedine Bensouiah
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M. Medelci a Ă©galement accusĂ© les pays participant Ă cette coalition dâavoir âaggravĂ© la criseâ, dans une dĂ©claration quâil a lue en prĂ©sence de son homologue russe, SergueĂŻ Lavrov.
Il aura fallu lâarrivĂ©e Ă Alger du chef de la diplomatie russe, traditionnel alliĂ© de lâAlgĂ©rie, pour que lâon sache, avec plus de prĂ©cision, la position de notre pays par rapport Ă lâintervention militaire dĂ©cidĂ©e contre la Libye voisine. LâAlgĂ©rie, qui avait appuyĂ© la dĂ©cision de la Ligue arabe, puis la rĂ©solution du Conseil de sĂ©curitĂ© concernant les actions Ă mener contre le rĂ©gime de Kadhafi, nuance prĂ©sentement son appui. Le chef de la diplomatie algĂ©rienne, Mourad Medelci, a jugĂ©, hier, les bombardements aĂ©riens de la coalition internationale contre la Libye disproportionnĂ©s par rapport Ă lâobjectif de la rĂ©solution de lâONU et a appelĂ© Ă âune cessation immĂ©diate des hostilitĂ©sâ. M. Medelci a Ă©galement accusĂ© les pays participant Ă cette coalition dâavoir âaggravĂ© la criseâ, dans une dĂ©claration quâil a lue en prĂ©sence de son homologue russe, SergueĂŻ Lavrov. âLâAlgĂ©rie saisit cette occasion pour appeler une nouvelle fois Ă la cessation immĂ©diate des hostilitĂ©s et des interventions Ă©trangĂšres et ce, afin dâĂ©pargner la vie de nos frĂšres libyensâ, a-t-il ajoutĂ©. Il a soulignĂ© quâil fallait permettre aux Libyens âde rĂ©soudre pacifiquement et durablement la crise dans le respect et la prĂ©servation de leur unitĂ©, de la prĂ©servation de leur intĂ©gritĂ© territoriale et de la prĂ©servation de leur pleine souverainetĂ©â, a-t-il ajoutĂ©. Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres a indiquĂ© aussi que lâAlgĂ©rie associera ses efforts Ă ceux de lâUnion africaine, appelĂ©e Ă se rĂ©unir le 25 mars Ă Addis-Abeba (Ăthiopie), et suit avec un âintĂ©rĂȘt certainâ les efforts du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies qui doit rĂ©unir le Conseil de sĂ©curitĂ© de lâONU jeudi prochain, Ă la demande de la Libye, pour procĂ©der Ă une âĂ©valuation objectiveâ de la situation sur le territoire libyen. Cette dĂ©claration intervient au moment oĂč la Russie a appelĂ© Ă un cessez-le-feu immĂ©diat et Ă des nĂ©gociations politiques. La sortie du Premier ministre, Vladimir Poutine, jugeant lâopĂ©ration des alliĂ©s de âcroisadeâ, suivie de la mise au point du prĂ©sident Dimitri Medvedev qui, au fond, ne remet pas en cause les propos de son dauphin et non moins ancien prĂ©sident russe. Dâailleurs, mĂȘme les AmĂ©ricains, Ă commencer par le prĂ©sident Barack Obama, qui a dĂ©pĂȘchĂ© son ministre de la DĂ©fense, Robert Gates, Ă Moscou, tentent de calmer le jeu, en assurant que les frappes vont baisser dâintensitĂ© dans les jours Ă venir. Toutefois, les AmĂ©ricains semblent dĂ©cidĂ©s Ă impliquer le maximum de pays arabes dans lâaction de la coalition en Libye. Pour le moment, seul le Qatar est engagĂ© militairement aux cĂŽtĂ©s des forces de lâOtan. Mourad Medelci a, par ailleurs, confirmĂ© que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait eu un entretien tĂ©lĂ©phonique avec le vice-prĂ©sident amĂ©ricain, Joe Biden, Ă la demande de ce dernier. Le ministre a indiquĂ© que cet entretien Ă©tait intervenu aprĂšs que lâAlgĂ©rie sâest exprimĂ©e de maniĂšre officielle sur la rĂ©solution 1973 du Conseil de sĂ©curitĂ© de lâONU, en dĂ©clarant avoir âpris acteâ de cette dĂ©cision. DĂ©fendant la dĂ©cision algĂ©rienne, le chef de la diplomatie dira : âLâAlgĂ©rie est membre de la communautĂ© internationale et de lâONU et est donc justiciable de la mise en Ćuvre de cette dĂ©cision.â M. Medelci a tenu aussi Ă prĂ©ciser que cet entretien tĂ©lĂ©phonique avait eu lieu aprĂšs la rĂ©union de la Ligue arabe du 12 mars dernier et aprĂšs celle du Conseil de sĂ©curitĂ© de lâONU. Dans ce contexte, il a rappelĂ© que lâAlgĂ©rie avait participĂ© de âmaniĂšre intenseâ au dĂ©bat de la rĂ©union du 12 mars Ă la Ligue arabe, ajoutant que âlâAlgĂ©rie nâa pas Ă©mis de rĂ©serves formelles, mais juste exprimĂ© son point de vueâ. Ăvoquant la situation en Tunisie et en Ăgypte, M. Medelci a indiquĂ© que lâAlgĂ©rie et la Russie se fĂ©licitaient que ces deux pays âsâinscrivent rĂ©solument dans une phase de transition dĂ©mocratiqueâ. âNous avons renouvelĂ© notre disponibilitĂ© Ă soutenir ces deux pays dans cette phase critique de leur histoire.â Pour sa part, le chef de la diplomatie russe, SergueĂŻ Lavrov, a jugĂ© que les Ă©vĂšnements en Libye pourraient renforcer le terrorisme international et a appelĂ© la coalition Ă protĂ©ger la population civile en Libye. âSi la situation sâaggrave, alors nous aurons affaire Ă de nouveaux cas de terrorisme international et Ă dâautres Ă©vĂšnements que nous voudrions Ă©viterâ, a-t-il dĂ©clarĂ©. Il a estimĂ© nĂ©cessaire que ceux qui appliquent la rĂ©solution 1973 du Conseil de sĂ©curitĂ©, Ă savoir la protection des civils par une zone dâinterdiction aĂ©rienne au-dessus de la Libye, suivent âstrictement les dĂ©cisions prisesâ car dĂ©passer cet objectif âpeut crĂ©er des conditions pour ces nouvelles menacesâ. âLe respect du droit international doit ĂȘtre le critĂšre principalâ, a-t-il dit, indiquant que la dĂ©fense des populations civiles Ă©tait âla seule demande adressĂ©e par la Ligue arabe au Conseil de sĂ©curitĂ© de lâONUâ, suite Ă sa rĂ©union du 12 mars au Caire. Selon M. Lavrov, la rĂ©solution de lâOnu a Ă©tĂ© formulĂ©e de maniĂšre claire : pour dĂ©fendre la population civile. âIl faut Ă©viter la situation oĂč, Ă travers une politique Ă double standard, nous dĂ©clenchions de nouvelles passions et provoquions de nouveaux sursauts de violenceâ, a-t-il ajoutĂ©. |
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Edition du Mercredi 23 Mars 2011
Que faire ?
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La position de lâAlgĂ©rie se caractĂ©rise par sa frilositĂ©, son ambiguĂŻtĂ© et une communication des plus calamiteuses.
Câest un usage consacrĂ© en AlgĂ©rie depuis lâIndĂ©pendance : un consensus national rarement dĂ©menti sur les questions diplomatiques. Tous les acteurs sâalignant comme un seul homme derriĂšre la position officielle du pays. Mais Ă la faveur des soulĂšvements que vivent actuellement les pays arabes, particuliĂšrement en Libye, cette rĂšgle dâor ne semble plus ĂȘtre de mise. Ni les partis politiques ni, encore moins, les diffĂ©rents journaux ne sont sur la mĂȘme longueur dâonde. Câest la cacophonie ! Et cela transparaĂźt assez bien sur le plan sĂ©mantique oĂč chacun y va de son appellation. âRebellesâ pour les uns, en parlant des adversaires de Kadhafi ; ârĂ©volutionnairesâ pour les autres. âCroisadeâ pour ceux qui cherchent Ă situer le problĂšme sur le plan du choc des religions, et âintervention militaireâ pour protĂ©ger les populations civiles contre les vellĂ©itĂ©s gĂ©nocidaires dâun dictateur sanguinaire. Il est Ă©vident que la situation, dans sa rĂ©alitĂ© profonde, est loin dâĂȘtre aussi manichĂ©enne. Cette absence de consensus au niveau de lâapproche, pour quelque chose qui nous concerne, nous AlgĂ©riens, au premier chef, parce que ça se joue Ă nos frontiĂšres, est Ă mettre encore une fois au dĂ©bit des responsables de notre diplomatie. Pourquoi ? Parce que la position de lâAlgĂ©rie se caractĂ©rise par sa frilositĂ©, son ambiguĂŻtĂ© et une communication des plus calamiteuses. Verser des larmes sur les frĂšres libyens, certes, mais la situation exigeait des responsables en charge des affaires Ă©trangĂšres dâaller au-delĂ du registre compassionnel pour donner des clĂ©s de lecture aussi bien aux partis politiques quâaux citoyens, rĂ©duits Ă se forger leurs intimes convictions en Ă©coutant Al-Jazeera, Al-Arabia, France24, BBC News. Mais par-delĂ ce constat sur les divergences sĂ©mantiques mettant en cause la responsabilitĂ© de notre diplomatie, elle-mĂȘme prise de court par le âprintemps arabeâ quâelle nâavait pas vu venir, une autre question tout aussi essentielle est Ă poser : est-ce que les responsables politiques du pays ont mis en place au niveau de la PrĂ©sidence, des Affaires Ă©trangĂšres ou ailleurs des groupes de rĂ©flexion et dâanalyse pour identifier et anticiper les Ă©ventuelles consĂ©quences gĂ©ostratĂ©giques que la situation en Libye, mais aussi en Tunisie, en Egypte ou ailleurs, impliquerait pour lâAlgĂ©rie ? Câest plus quâune nĂ©cessitĂ©, câest une urgence. Gouverner, câest prĂ©voir. Les lignes ont bougĂ© dans ces pays et supposent de facto une nouvelle Ă©quation rĂ©gionale Ă laquelle lâAlgĂ©rie doit se prĂ©parer politiquement et militairement pour ĂȘtre en capacitĂ© de faire face, le moment venu, Ă tout scĂ©nario. Bon ou mauvais soit-il.
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