Expériences chirurgicales secrètes sur des malades

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Expériences chirurgicales secrètes sur des malades
 
Serment d'Hippocrate ? Connais pas.



Un médecin interdit d'exercer pour avoir dénoncé une expérimentation sur des êtres humains 

 

 
Dr Rajamannan
 
Pourquoi une brillante et prometteuse cardiologue serait virée d'un centre hospitalier universitaire où elle exerçait depuis l'année 2000 ?

En apparence, la protection de ses patients est à la base de son renvoi. C'est du moins l'argumentaire de l'université Northwestern en Illinois.

Malgré sa promotion de responsable de chirurgie valvulaire en 2006, le Dr Nalini M. Rajamannan a été licenciée en 2008 après avoir révélé l'utilisation d'un matériel médical non approuvé par la FDA, implanté sur des patients sans leur consentement.

Le médecin qui a mené ces expériences sur des humains, le Dr Patrick McCarthy, a testé ses propres inventions, un dispositif d'annuloplastie pour insuffisance mitrale ischémique (voir photo ci-dessous) fabriqué par Edwards Lifescience.



Ces dispositifs n'ont pas été approuvés par la FDA et même aujourd'hui de nombreux patients n'ont aucune conscience de les avoir dans leur corps.
Le type d''anneau posé par le Dr McCarthy

L'expérience d'une patiente
 
Le Dr Rajamannan a découvert cette imposture en juillet 2007 quand l'une de ses patientes, Antonitsa Vlahoulis, a réclamé une deuxième intervention chirurgicale pour remplacer le dispositif d'annuloplastie implanté moins d'un an auparavant.


Mme Vlahoulis a demandé pourquoi le dispositif qu'elle avait ne figurait pas sur sa brochure pré-opératoire.

Parlant de son expérience, Mme Vlahoulis a déclaré :
"Pendant la consultation, le Dr McCarthy m'a dit que j'avais un sévère prolapsus de la valvule mitrale. Il a ajouté qu'avec la gravité de l'état de ma valvule, il était probable qu'il ait à la remplacer avec une valvule de porc ou bien une prothèse. Il a expliqué la différence entre les deux. Il a aussi dit que sa spécialité était de préserver la valvule en la réparant avec un anneau mitral valvulaire. Il n'a jamais mentionné le type d'anneau ou qu'il en était l'inventeur et qu'il avait conçu un anneau dans cet objectif."
Elle continue en disant :
"Il m'a dit que je serai une nouvelle personne immédiatement après l'opération. J'ai su dès mon réveil après l'intervention que j'avais des problèmes. Je ne me sentais pas comme une nouvelle personne. Ma respiration était bien pire. J'ai eu plein de complications et j'ai fini par découvrir qu'il avait implanté un dispositif qu'il venait d'inventer, qu'il avait commencé à implanter un mois plus tôt.
On ne m'a jamais demandé de signer un consentement en connaissance de cause, ni informé que je faisais partie d'un test expérimental."
Mme Vlahoulis a dit qu'à l'époque où on lui a enlevé le dispositif, l'anneau expérimental avait entraîné une sténose (= un rétrécissement, NdT). Elle avait aussi besoin d'une reconstruction de sa valvule tricuspide et elle porte aujourd'hui un pacemaker en permanence. Elle dit qu'elle a toujours une respiration courte à l'effort ainsi que d'autres problèmes cardiaques. Sa question est restée sans réponse :
"Comment peut-on placer un dispositif non FDA chez un patient sans son consentement éclairé et sans le lui dire ? Dans quel siècle vivons-nous ?"

Le Dr Rajamannan cherche des réponses

 
En juillet 2007, le Dr Rajamannan informa le médecin-chef de cardiologie, le Dr Robert Bonow, le doyen de l'école de médecine, le comité consultatif d'éthique et la fondation de l'hôpital qu'il y avait des essais cliniques pour tester des dispositifs expérimentaux sans consentement éclairé.


Son rapport tomba dans les oreilles d'un sourd, car l'université se rangea du côté du Dr McCarthy et informa le Dr Rajamannan qu'elle ne verrait plus les patients de McCarthy.

Chose aggravante, le Dr Rajamannan découvrit la preuve que les résultats négatifs des essais expérimentaux n'étaient pas retranscrits sur le dossier délivrant la procédure d'agrément des inventions du Dr McCarthy.

Une patiente, Mme Maureen Obermeier, a fait une crise cardiaque pendant l'intervention et le fait n'a toujours pas été rapporté cinq ans après.

Le Dr McCarthy avait affirmé précédemment que personne n'avait fait de crise cardiaque. Ce n'est malheureusement pas le seul cas de problèmes liés à la sécurité en relation avec les dispositifs expérimentaux.

Le Dr Rajamannan déclare :
"J'essaie de contacter la FDA et le Congrès en vue de l'ouverture d'une enquête pour discuter du fait que la société et les chirurgiens n'ont pas fourni à la FDA les résultats jusqu'à il y a peu. Les chiffres n'étaient que de quelques centaines avant l'automne 2009, aujourd'hui il y a plus de 4000 événements à risque vital sur les données de base de la FDA et le nombre total de décès est de 645. Les patients souffrent de ces expérimentations et personne à ce jour ne s'est proposé de les aider."

L'argent a priorité sur la vie humaine

 
Il est malheureux que ce ne soit pas le seul cas d'expérimentation sur des humains fait par le Dr McCarthy.


Selon le Dr Rajamannan, le Dr McCarthy a réalisé au moins quatre autres expériences, deux à l'hôpital Northwestern et deux dans une clinique de Cleveland.

Dr McCarthy

Dans le cas de l'une de ces expériences, Atricure Inc. (société fabriquant des solutions pour la fibrillation auriculaire) a été obligé de payer 3,76 millions de dollars pour avoir fait la promotion de dispositifs pour ablations chirurgicales non approuvés par la FDA.

Qu'est-ce qui motive des médecins, qui font vœu de ne pas nuire, à jouer le rôle de scientifiques fous et de pratiquer des expérimentations secrètes sur des êtres humains ?

En deux mots, l'élément moteur est l'argent.

Les médecins reçoivent des royalties pour les dispositifs médicaux qui sont testés et approuvés. Plus le coup de pouce à l'ego avec une publication dans des journaux médicaux prestigieux qui peut faire oublier aux médecins que leur première loyauté devrait être le bien-être de leurs patients et non leur compte en banque.

Donc pendant que le Dr McCarthy continue de pratiquer la médecine sur des patients qui ne se doutent de rien, apparemment avec les compliments de l'hôpital Northwestern, le Dr Rajamannan continue son combat pour ses patients et leur droit à savoir ce qui leur a été fait.

Quand on lui a demandé ce qu'elle allait faire maintenant après son renvoi, le Dr Rajamanna a répondu :
"Je souhaite que les membres du conseil d'administration de l'hôpital révisent cette situation, réhabilitent tout ce qui a mis fin à ma carrière, ouvrent une voie pour aider mes patients qui souffrent et restaurent l'intégrité de l'université".
Le rédacteur de cet article souhaite la meilleure chance au Dr Rajamannan.

(La rédaction a contacté le Dr McCarthy pour sa version de l'histoire. Il a refusé tout commentaire.)

Source
Traduction par le BBB.
 


16/10/2013
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