GERMAINE TILLION DÉCÈDE À L’ÂGE DE 101 ANS

 L'ethnologue et ancienne résistante Germaine ...

 Germaine Tillion (au milieu) avait fait sensation durant la guerre de Libération

 

 

Germaine Tillion (au milieu) avait fait sensation durant la guerre de Libération

 

 

Germaine Tillion (au milieu) avait fait sensation durant la guerre de Libération

 L'ethnologue Germaine Tillion, 96 ans après avoir reçu les insignes de Commandeur de l'Ordre du Mérite de l'Allemagne, le 12 mars 02004

     
 

 

Par Julien Proult AP - Samedi 19 avril, 19h56

PARIS - Grand nom de l'ethnologie et figure de la Résistance, Germaine Tillion s'est éteinte samedi à son domicile de Saint-Mandé (Val-de-Marne) à l'âge de 100 ans, a-t-on appris auprès du président de l'association qui porte son nom. Chercheuse, enseignante et militante des droits de l'Homme, elle aura fait de la lutte pour la connaissance et la justice le combat de toute sa vie.[

 

 

Ethnologue dans les années 1930 et militante de la cause des femmes, Germaine Tillion était surtout connue en tant qu'historienne de la Résistance et opposante farouche aux tortures pendant la Guerre d'Algérie. Elle a rendu compte de ses engagements dans de nombreux ouvrages, dont "L'Algérie en 1957" (1956), ou "Ravensbrück" (1988). En 2000, "Il était une fois l'ethnographie" retraçait son expérience d'ethnologue en Algérie, enrichie de soixante années de réflexion.

"C'est un destin qui se confond presque avec l'histoire de France au XXe siècle. Ce destin a ceci de tout à fait particulier qu'elle s'est autant consacrée à la connaissance -c'est une grande scientifique- qu'au combat pour la justice", a déclaré à l'Associated Press Tzvetan Todorov, président de l'Association Germaine Tillion. "Mme Tillion espérait qu'un jour on changerait la devise républicaine en mettant le mot 'fraternité' en tout premier. Elle voulait que 'liberté et égalité' viennent après 'fraternité'. C'est la vertu qu'elle aurait voulu léguer à ses contemporains".

Les plus hauts responsables de l'Etat ont rendu hommage samedi à cette figure française décorée, entre autres, de la Grand-croix de la légion d'honneur, de la Grand-croix de l'Ordre du mérite et de la Rosette de la Résistance. Le président Nicolas Sarkozy a salué "une femme d'exception dont le courage, l'engagement et l'humanisme ont été les guides de toute une vie". Le Premier ministre François Fillon a, lui, évoqué une "femme au parcours lumineux et courageux qui n'a jamais renoncé à aucune de ses valeurs".

Née le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire), Germaine Tillion entreprend à partir de 1925 des études supérieures qui la conduiront de l'Ecole du Louvre au Collège de France, en passant par la Sorbonne ou l'Institut d'ethnologie, créé en 1925, dont elle sortira diplômée en 1932.

Deux ans plus tard, elle prend la direction de l'Algérie pour une étude des populations nomades des Aurès, région montagneuse de l'est du pays, pour le compte de l'Institut international des Langues et des civilisations africaines. Elle compilera ses travaux de l'époque dans "Il était une fois l'ethnographie", publié en 2000.

En 1940, elle rentre en France pour assister en juin à la débâcle de l'armée française et entendre le maréchal Pétain demander l'armistice à l'Allemagne. "Ce fut pour moi un choc si violent que j'ai dû sortir de la pièce pour vomir", dira-t-elle dans "La Traversée du mal". Elle s'engage alors dans la Résistance, dont elle organisera un des tous premiers réseaux, celui du Musée de l'Homme. Arrêtée en 1942, elle est incarcérée en France, avant d'être déportée un an plus tard dans le camp de Ravensbrück, en Allemagne, d'où elle ne sortira qu'en 1945, après y avoir perdu sa mère.

"Si j'ai survécu, je le dois à coup sûr au hasard, ensuite à la colère, à la volonté de dévoiler ces crimes et, enfin, à la coalition de l'amitié", expliquera-t-elle dans "Ravensbrück". De retour du camp, elle consacrera plusieurs années de sa vie à retracer l'histoire de la Résistance et des Françaises déportées.

L'année 1954 la voit retrouver les Aurès, alors même que débutent les premiers combats de ce qui deviendra la guerre d'Algérie. Au cours de ses nombreuses visites dans le pays dans les années suivantes, elle dénoncera les exactions et la torture, un combat qu'elle mènera jusqu'à la fin de sa vie. Parallèlement, elle écrira "L'Algérie en 1957", ouvrage dans lequel elle explique la crise algérienne sous l'angle ethnologique.

Après la guerre, alors enseignante, elle retournera plusieurs fois en Algérie, y emmenant notamment ses élèves de l'Ecole Pratique des Hautes études, VIe section, qui deviendra en 1972, l'Ecole des hautes études en sciences sociales.

"Retirée mais lucide", selon Tzvetan Todorov, Germaine Tillion a continué jusqu'en 2004 à accorder des entretiens à des journalistes et intellectuels qu'elle recevait chez elle. "C'était un esprit universel et elle était contre toutes les injustices", a-t-il dit en soulignant qu'elle faisait notamment "partie d'un comité de sans-papiers". AP

Décès de Germaine Tillion, ethnologue et résistante

2008-04-19 17:01:25
PARIS (AFP)

© AFP
L'ethnologue Germaine Tillion, 96 ans après avoir reçu les insignes de Commandeur de l'Ordre du Mérite de l'Allemagne, le 12 mars 02004
L'ethnologue Germaine Tillion, 96 ans après avoir reçu les insignes de Commandeur de l'Ordre du Mérite de l'Allemagne, le 12 mars 02004

Germaine Tillion, pionnière de l'ethnologie et résistante française, qui s'était élevée contre la torture en Algérie, est décédée samedi dans sa 101ème année, a annoncé à l'AFP Tzvetan Todorov, président de l'association Germaine Tillion.

Ethnologue en Algérie dans les années 30, Germaine Tillion avait été déportée à Ravensbrück en 1943. Elle était l'un des françaises les plus décorées, et partageait avec cinq autres femmes le privilège d'être grand'Croix de la Légion d'Honneur.

Elle était Croix de guerre 1939-1945, médaillée de la Résistance avec rosette et médaillée de la déportation pour faits de résistance.

En 1957, en pleine bataille d'Alger, elle avait réussi à obtenir pour quelques semaines l'arrêt des attentats contre des exécutions capitales de militants du FLN, après une rencontre secrète avec Yacef Saadi, chef militaire de la région d'Alger.

Elle s'était aussi élevée avec véhémence contre la torture avec l'historien Pierre Vidal-Naquet.

  • L'ethnologue Germaine Tillion, 96 ans après avoir reçu les insignes de Commandeur de l'Ordre du Mérite de l'Allemagne, le 12 mars 02004
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Stephane de Sakutin AFP/Archives ¦ L'ethnologue Germaine Tillion, 96 ans après avoir reçu les insignes de Commandeur de l'Ordre du Mérite de l'Allemagne, le 12 mars 02004

En 1955, l'ethnologue renoue avec l'Algérie à la demande du gouvernement Pierre Mendès France, empêtré dans la crise algérienne.

Elle crée les Centres sociaux pour les ruraux musulmans déplacés dont elle dénonce la "clochardisation" ("L'Algérie en 1957"), analyse les dysfonctionnements de la société coloniale ("Les ennemis complémentaires"), enquête sur la torture et les lieux de détention.

En 1957, en pleine bataille d'Alger, elle réussit à obtenir pour quelques semaines l'arrêt des attentats, après une rencontre secrète avec le chef militaire de la région d'Alger Yacef Saadi.

L'ethnologue et ancienne résistante Germaine ...

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Algérie

                                                                                                                                 
 
   Germaine Tillion (au milieu) avait fait sensation durant la guerre de Libération

«Etre sous-développé c’est accepter le modèle de développement de son maître».

Germaine Tillion, pionnière de l’ethnologie et résistante française, qui s’était élevée contre la torture en Algérie, est décédée, hier, à l’âge de 101 ans. Son décès a été annoncé par Tzvetan Todorov, président de l’association Germaine Tillion.
Ethnologue en Algérie dans les années 30, Germaine Tillion avait été déportée à Ravensbrück en 1943. Elle était l’une des françaises les plus décorées, et partageait avec cinq autres femmes le privilège d’être Grand-Croix de la Légion d’Honneur. Elle était Croix de guerre 1939-1945, médaillée de la Résistance avec rosette et médaillée de la Déportation pour faits de résistance.
En 1955, l’ethnologue renoue avec l’Algérie à la demande du gouvernement Pierre Mendès-France, empêtré dans la crise algérienne. Elle crée les Centres sociaux pour les ruraux musulmans déplacés dont elle dénonce la «clochardisation». L’Algérie en 1957 analyse les dysfonctionnements de la société coloniale. Les ennemis complémentaires, enquête sur la torture et les lieux de détention.
En 1957, en pleine Bataille d’Alger, elle avait réussi à obtenir pour quelques semaines, l’arrêt des attentats en riposte aux exécutions capitales de militants du FLN (Front de libération nationale), après une rencontre secrète avec Yacef Saadi, alors chef militaire de la Zone autonome d’Alger. Elle s’était aussi élevée avec véhémence contre la torture avec l’historien Pierre Vidal-Naquet. Germaine Tillon est connue pour ses recherches sur l’Algérie.
De 1934 à 1940, jeune ethnologue, elle réalise quatre missions, dans le massif montagneux des Aurès, sur la population chaouie. Plus tard elle parlera de son expérience dans cette région d’Algérie avec beaucoup de nostalgie et d’affection. Elle soulignera le caractère généreux des populations et leur sens de la dignité et de l’honnêteté.
Mais ses observations fort pertinentes sur les modes de vie, sur les traditions et sur les coutumes dans cette société berbérophone de l’Est algérien, font ressortir que les structures archaïques des Aurès sont en grande partie explicatives et justificatives du statut fait à la femme, laquelle jouissait, selon l’ethnographe, d’un statut viable mais qui a été aggravé par le processus de citadinisation.
Elle a souligné à ce propos que les Aurès étaient, à cette époque-là, superficiellement islamisés, et que si les hommes l’étaient sans doute, les femmes par contre auraient été tenues à distance de ce qui aurait pu participer à leur émancipation: «
Il y a eu quelque temps une école coranique dans laquelle allaient cinq ou six petits garçons. Pas les filles.
D’ailleurs les femmes ne recevaient aucun enseignement religieux. Et je pense que c’était délibéré, car le Coran leur accorde des droits que la coutume leur refuse
», a-t-elle mentionné. Parmi ses nombreux livres citons Algérie aurésienne, écrit en collaboration avec Nancy Wood (2001) En mars 2003 Germaine Tillon parraine le Prix de l’amitié algéro-française, à la faveur du Salon du livre à Paris
.
Germaine Tillon tire ainsi sa révérence quarante-huit heures seulement après le décès, à l’âge de 94 ans, d’Aimé Césaire. Homme de lettres et militant politique, originaire des Antilles, considéré comme l’un des chantres de l’émancipation des Noirs, et le symbole de la lutte des peuples contre le colonialisme.

Salim BENALIA

 



20/04/2008
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