L’Algérien Ahcène Aït Saïdi lauréat du prix «Chasseur 2010»

MAMMERI DE MALIKA KEBBAS
Le devoir de lire nos écrivains...
Kaddour M´HAMSADJI  - Mercredi 03 Mars 2010 - Page : 21

... Dès lors qu’ils sont engagés à nous faire aimer notre pays, notre culture et les valeurs universelles.

Aussi suis-je bien heureux, au moment où je vous propose la lecture de l’ouvrage collectif intitulé Mammeri (*) présenté et coordonné par Malika Kebbas, d’apprécier la belle initiative de l’Association Bénévolat Imghan Tizamourine d’Akfadou (Bejaïa) d’organiser un hommage à Mouloud Mammeri à la Maison de Jeunes d’Akfadou, et à laquelle participe aussi notre journal L’Expression.
Notons que Malika Kebbas a déjà soutenu une thèse de doctorat en sciences du langage sur «
Le concept vérité dans le discours de la fiction Mouloud Mammeri» en 2006 et, par des aspects très divers de l’oeuvre même, elle a montré que le discours de vérité de l’écrivain est intentionnel et caractérise fondamentalement son engagement.
Dans le présent ouvrage collectif sur «
Mammeri», elle s’évertue, avec le sérieux, l’humilité et l’impartialité de l’universitaire qu’elle est, à analyser les différentes périodes de pensée et d’écriture du grand écrivain, hélas, disparu à la suite d’un absurde accident de voiture le 26 février 1989. C’est particulièrement par ce soin sincère à analyser l’attachement viscéral et logique de Mouloud Mammeri à sa terre natale dans toutes ses dimensions physiques, humaines et culturelles, sans rien renier de ses influences multiples et formatives, y compris les grecques, que Malika Kebbas a retenu notre attention. C’est là vraiment l’homme et l’oeuvre dans leur vocation simple et honnête, morale et éducative, ouverte, ainsi que l’écrit Mouloud Mammeri, «à la connaissance de valeurs, d’idées, d’idéaux à l’échelle de l’humanité toute entière, dont la beauté, pour certaines, continuent de m’éblouir et à laquelle j’ai conservé une fidélité têtue» que l’on connaît et que l’on aimerait connaître davantage.
Mouloud Mammeri, en effet, ne fut pas seulement l’écrivain qui avait quelque chose à écrire; il fut l’homme social qui avait beaucoup à dire, ou plutôt à expliquer, aux êtres doués de raison. Tous les malentendus qu’il avait peut-être suscités, partaient d’une conviction inébranlable, mais souvent incomprise par des esprits superficiels, mais lui il restait toujours fidèle à l’autre, et à plus forte raison, lorsque cet autre était un compatriote fraternel.
De ce génial auteur, je retiendrais spécialement «
La Colline oubliée» et «Le Sommeil du juste» (pour le thème: la terre et les hommes), «L’Opium et le bâton» (pour la guerre de libération nationale), «Les Isefra de Si Mohand ou M’hand», texte berbère et traduction et Poèmes kabyles anciens, textes berbères et français (pour le thème: le patrimoine immatériel ancestral).
Dans Mammeri, Malika Kebbas développe, dans les oeuvres littéraires de fiction de Mouloud Mammeri, l’image essentielle de la vaste tragédie humaine algérienne et la hisse au niveau de la tragédie de l’humanité entière. Non qu’il y ait dans l’oeuvre de Mammeri, quelque philosophie classique, dont il aurait été propagandiste, mais une vision construite à partir d’une réflexion personnelle, et en tout état de cause parfaitement responsable. La tragédie naît comme une poussée naturelle - c’est-à-dire vitale -, riche des «
leçons» de l’histoire et qui appelle une action salvatrice par l’homme et pour l’homme. Alors comment Mammeri a-t-il transcrit dans ses oeuvres le sens de la vérité libératrice de l’homme, quels sont les enjeux discursifs de la structure tragique qu’il exhibe intentionnellement? Le travail de Malika Kebbas, très fourni en références, très méticuleux dans le choix des sources, est impeccable à cet égard, car j’y retrouve toute la colère tranquille de Mammeri l’humaniste contre la fatalité de l’histoire, contre le colonialisme, contre l’asservissement de l’homme et aussi, comme cette universitaire le montre clairement, contre tout «système qui tarit la vie humaine».
Dans les quatre parties réservées à l’analyse des oeuvres de Mammeri, je retiens: L’intellectuel anthropologue (L’initiation, l’engagement, la transmission); L’ethnologue de l’imaginaire, L’expérience romanesque - Les années 1952-1982 (L’écriture intime, l’épopée symbolique, l’institution de la langue tamazight, la construction tragique, du roman à l’essai); Le dramaturge prométhéen - 1956-1986 (Structure et signification); Essais et polémiques 1957-1987 (Devoir de vérité et universalisme).
Évidemment, l’ouvrage Mammeri ne répond pas à toutes les questions d’histoire littéraire ou d’esthétique littéraire qui définiraient la personnalité de Mouloud Mammeri, et je pense que l’objet du travail de Malika Kebbas, n’est pas celui-là. Aussi est-il permis de souhaiter que de prochaines études et analyses feront découvrir et redécouvrir d’autres richesses dans l’oeuvre dense de Mouloud Mammeri et de celles de nos écrivains.
Bien que ce ne soit pas simple, c’est assurément par des manifestations comme celle de l’Association culturelle de Bejaïa et par des productions d’ouvrages comme celui de Malika Kebbas que nos écrivains seront lus, connus et reconnus ici et que notre littérature sera diffusée et reconnue ailleurs. Il faut gagner du temps sur le temps, car le temps qui passe n’est pas renouvelable...
Ah! que j’aurais aimé que mon ami, Mouloud Mammeri, eût le bonheur d’être honoré et consacré grand écrivain de son vivant! Oui, quel vrai bonheur, eut ressenti cet intellectuel algérien qui offrait son amitié à tout le monde!

(*) Mammeri, Ouvrage collectif présenté et coordonné par Malika Kebbas, Casbah Éditions, Alger, 2008, 300 pages.


 
CULTURE


L’Algérien Ahcène Aït Saïdi lauréat du prix «Chasseur 2010»
03 Mars 2010 - Page : 20
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L’Algérien Ahcène Aït Saïdi vient d’obtenir le prix de la première oeuvre décerné par l’éditeur «Le chasseur abstrait», pour son roman Les Anges meurent jeunes, a-t-on appris mardi auprès de l’auteur. L’éditeur, basé dans la région de l’Ariège, dans le Midi-Pyrénées, a expliqué dans un communiqué que cette oeuvre a été choisie pour «la sincérité des sentiments et l’intensité de l’écriture qui concourent à la noblesse de ce récit véridique». Les anges meurent jeunes, publié en 2003 aux éditions Dar El Gharb d’Oran, est l’histoire d’un drame vécu par l’auteur lorsqu’il s’est trouvé contraint de se rendre en Italie, au chevet de son frère Hocine, jeune espoir de la boxe nationale, victime d’une chute lors d’un entraînement. Ahcène Aït Saïdi assiste au dernier combat de son frère et vit la douloureuse épreuve d’accompagner la dépouille mortelle au pays, où l’attendait tous les membres de la famille. L’intensité des sentiments de l’auteur qui fait appel à sa mémoire et aux souvenirs partagés avec le défunt et les mots poignants choisis pour décrire la douleur imprègnent ce récit véridique et lui donnent toute sa force. Ahcène Aït Saïdi, ancien journaliste, fait actuellement partie du service de communication d’une entreprise nationale implantée à Oran. Son second roman, L’envers du désir est paru l’année dernière aux mêmes éditions «Le chasseur abstrait».

R.C



03/03/2010
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