Actualités : Lorsque les Algériens se mettent au... chinois
Ils sont nombreux à s’y rendre pour apprendre le chinois. Agés entre 19 et 70 ans, ils ont la gniaque et l’envie de réussir. Retraités, cadres d’entreprise, journalistes ou étudiants, ces écoliers d’un genre nouveau, jonglent avec leur emploi du temps pour dégager quelques heures par semaine à consacrer à une langue qui devient incontournable dans le monde, et même en Algérie. Aujourd’hui, notre pays intéresse de plus en plus d’entreprises étrangères, notamment chinoises. Flairant le bon filon, des écoles de formation privées ont ajouté à leur offre, l’apprentissage du mandarin au même titre que le français, l’anglais ou l’espagnol. Et ça marche ! A Universal School rue Hassiba-Ben- Bouali), quatre séances hebdomadaires ont été aménagées, pour accueillir les nouveaux inscrits. Nous sommes conviés à assister à un cours dispensé par Monsieur Yun (Ali), 67 ans, retraité et diplômé de l’université des langues de Pékin. «Je suis originaire d’une province près de Shangaï, nous révèle-t-il. Je suis arrivé en Algérie en 2002». M. Yun, parle couramment le français, l’anglais et le russe. Une dizaine d’élèves sont sagement assis derrière leur pupitre. Ils ouvrent grands les yeux et les oreilles afin de ne pas perdre une seule miette de l’enseignement prodigué par leur professeur. Après avoir distribué des polycopiés, M. Yun commence son cours. Pour tous ces inconditionnels, le chinois n’est pas du tout un casse-tête... Comme au bon vieux temps des classes de primaire, la méthode employée consiste à faire répéter mot à mot les apprenants : yéyé pour grand-père, shushu pour oncle, ... ça se complique un peu pour oncle maternel qui se prononce jiufu jiujiu. Dans une ambiance studieuse, mais détendue, les futurs polyglotes mémorisent les mots. Puis, place à une petite révision. Le professeur passe dans les rangs et interroge les élèves un par un. Il ne cache pas sa satisfaction. Tout le monde a bien assimilé la forme interrogative. Qu’est-ce qui a amené tout ce beau monde à se remettre sur les bancs d’école ? Yacine (20 ans) prépare un diplôme en tourisme et hôtellerie, «je veux travailler comme interprète entre les fournisseurs algériens en affaires avec les entreprises chinoises de bâtiment. C’est un excellent créneau», confie-t-il. Meriem (19 ans), étudiante en journalisme vise un autre objectif : «Mon rêve est de devenir reporter dans le domaine du documentaire. Je voudrais parler un maximum de langues pour me débrouiller lors de mes voyages.» Assise juste à côté d’elle, Iman (24 ans) révise sa conjugaison : «Je viens d’achever mesétudes en médecine, lance-t-elle. Je souhaite bosser comme médecin sans frontières. Je pense qu’apprendre le chinois offre une foultitude d’opportunités», estime- t-elle. Parmi les inscrits, nous avons également rencontré Abdelmadjid, un retraité de 66 ans. «Une offre d’embauche s’est présentée à moi alors je me suis jeté à l’eau», dira-t-il. Quant à Walid (23 ans), il prépare un magister de traduction : «Je maîtrise l’arabe, le français et l’anglais. Il me manquait le chinois pour parfaire ma formation !». Fodil, journaliste et chercheur, est également hyper-motivé : «Je suis convaincu que la Chine sera le centre du monde. Le seul pays à même de relever les défis économiques, technologiques et civilisationnels pendant les années à venir !». Prix de cette formation : «4 000 DA pour 24 heures de cours (à raison de deux séances de deux heures hebdomadaires). Avec quelques rudiments de mandarin, nous quittons cette école. Direction, Firm école (rue Ben-M’hidi). Ici, on n’enseigne pas le chinois, mais on prodigue des formations en pâtisserie, coiffure et esthétique en mode accéléré : 3 semaines d’un programme non-stop avec une formation et un savoir-faire à la clef. Kheïreddine (32 ans), a fait le déplacement spécialement de Lyon pour suivre un stage-éclair en pâtisserie orientale. «J’ai ouvert un commerce dans mon quartier. Il y a une forte concentration de la communauté maghrébine qui raffole de ces gourmandises, made in bladi !», lâche-t-il. Côté coiffure et esthétique, des jeunes filles y font leurs premières armes en s’entraînant sur des modèles. Le salon est ouvert à toutes celles qui veulent servir de «cobaye» contre le paiement d’une modique somme (entre 100 et 200 DA). Une formule qui arrange surtout les étudiantes boursières. Apprendre un métier, une nouvelle langue... ils sont des milliers de jeunes et de moins jeunes à se lancer le défi de se surpasser. Une belle dynamique et un engouement qui déboucheront, sans aucun doute, sur des lendemains prometteurs ! SabrinaL SabrinaL_lesoir@ yahoo.fr
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