Depuis le début de l’année scolaire, une seule constante a été remarquée, c’est le recours au débrayage et à la grève de tout le corps éducatif à intervalles presque réguliers. En novembre dernier, la grève a duré 21 jours et a été suivie de plusieurs autres cycliques de moindre durée.
Il s’agissait d’un bras de fer engagé par les syndicats autonomes de l’éducation afin d’arracher des droits concernant, notamment les rémunérations. Pour mettre fin à ce sempiternel bras de fer et aplanir les tensions, sans cesse, ravivées par les syndicats de l’éducation, le ministère de l'Éducation nationale a annoncé en février dernier de fortes augmentations sur les salaires des travailleurs du secteur, avec effet rétroactif à compter de janvier 2008.
Absorbant la plus grande part de l’enveloppe réservée à la révision des régimes indemnitaires de la Fonction publique, la nouvelle grille des salaires enregistre un taux d’augmentation net du régime indemnitaire allant de 29% à près de 32%, en fonction des différents grades de ces corps. Les augmentations mensuelles nettes vont de 8 674 à 10 905 DA selon le palier. Sont concernés par cette hausse ceux qui jouissent d’une ancienneté moyenne classée à l’échelon 6, qui équivaut, selon une source syndicale, à près de 17 ans d’exercice. Elle est de 8 674 DA pour le maître d’école primaire, de 9 533 DA pour le professeur d’enseignement fondamental, de 10 665 DA pour le professeur d’enseignement moyen, et, enfin, de 10 905 DA pour le professeur d’enseignement secondaire. Pour ce qui est des autres corps de personnels, tels les conseillers d’éducation, de l’intendance, de l’orientation scolaire et de la restauration, ils bénéficient aussi d’une majoration allant de 7 013 à 10 289 DA. Cette nouvelle grille des salaires est effective à compter du 1er mars. Toutefois, le ministère a assuré que plusieurs rappels découlant de l’effet rétroactif appliqué à partir du 1er janvier 2008, seront accordés aux concernés. Les rappels des mois de janvier et février 2010 devaient être versés durant le mois de mars ; ceux de l’année 2008, au cours du mois de mai 2010 ; quant aux arriérés de l’année 2009, ils seront versés au courant de l’année 2010. Par ces décisions, le ministère entendait démontrer la bonne foi des pouvoirs publics et leur volonté d’améliorer la condition salariale de l’ensemble des corps spécifiques de l’éducation nationale. Cependant, la chose n’a pas été perçue sous cet angle par le corps des enseignants. Outrés par la médiatisation de leurs fiches de paie par le ministère de l’Éducation nationale, ces derniers ont répondu par une grève. La publication et la médiatisation de la fiche de paie des enseignants ont été ressenties comme une humiliation et une atteinte à leur dignité, d’autant que les augmentations annoncées ne sont que des miettes, déplore un enseignant d’un lycée de la banlieue algéroise. Les gains nets des enseignants ne dépassent pas, dans le meilleur des cas, les 8 000 DA, ajoute-il. `
De leur côté, les deux syndicats Cnapest et Unpef ont dénoncé une manipulation de l’opinion publique en publiant des augmentations des salaires des enseignants en les gonflant pour qu’ils paraissent mirobolants, en soutenant que la tutelle a délibérément plafonné ces hausses des salaires en intégrant la prime de rendement (PRI), estimée à 40%, dans l’augmentation globale des salaires. Selon eux, les majorations pouvant atteindre les 10 000 DA pour un enseignant du secondaire, annoncées par la tutelle, ne seraient finalement que de la poudre aux yeux. Les vraies hausses des salaires ne dépasseront pas les 4 800 DA au maximum pour un professeur du secondaire, ont-ils fait savoir après avoir analysé les nouvelles fiches de paie. Pour le Cnapest, le régime indemnitaire, tel que proposé par le ministre, est très loin de ce qui a été discuté lors de la commission mixte installée en novembre dernier relative à ce dossier.