Première guerre mondiale : Les deux coups de feu fatals le 18.06.14
Première guerre mondiale : Les deux coups de feu fatals
le 18.06.14 | 10h00
En assassinant l’archiduc d’Autriche, Gavrilo Princip était loin de se douter qu’il allait être à l’origine du déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Le 27 juin 1914, quelques heures avant de tirer sur l’archiduc héritier d’Autriche, François Ferdinand et son épouse, deux coups de feu mortels qui vont déclencher la Première Guerre mondiale, Gavrilo Princip et ses complices avaient fait la fête dans des cafés de Sarajevo. «Ils avaient décidé d’avoir une soirée ‘‘ordinaire’’ afin de ne pas attirer l’attention sur eux», explique l’historien bosnien, Slobodan Soja. Le 28 juin, «Sarajevo vit un jour ordinaire malgré la présence de l’archiduc», note l’écrivain et chroniqueur Valerian Zujo, auteur d’un livre sur l’attentat. Venu en Bosnie pour assister à des manœuvres de l’armée impériale dans les environs de Sarajevo, l’héritier du trône a insisté pour maintenir sa visite dans la capitale de la Bosnie - annexée six ans plus tôt seulement par l’empire austro-hongrois- en dépit d’un climat d’agitation nationaliste et d’informations sur des complots visant à l’assassiner.
«Toute la ville était couverte de drapeaux», se souviendra, en 1994, un témoin direct retrouvé par la Télévision publique autrichienne ORF, écolière à l’époque. «Nous, les enfants, nous étions au premier rang, sur le passage du cortège». Armés de grenades et de pistolets, Gavrilo Princip et ses camarades se sont disséminés parmi les badauds le long de l’itinéraire que doit emprunter l’archiduc. Trois complices de Princip, paralysés par la peur, laissent passer le cortège sans réagir. Puis un autre, Nedeljko Cabrinovic, lance une grenade en direction du convoi près du pont Cumurija qui enjambe la Miljacka.
Mais Cabrinovic est nerveux et manque d’expérience, et l’engin explose après le passage du véhicule dans lequel se trouvent l’archiduc et son épouse, explique M. Avdic, commissaire d’une exposition sur l’attentat, actuellement accueillie par le musée de Sarajevo. Cabrinovic est aussitôt appréhendé, alors que l’archiduc se renseigne brièvement sur le sort des quelques blessés que l’explosion a fait dans son entourage. Puis le convoi poursuit son chemin vers l’Hôtel de ville, moins d’un kilomètre plus loin. Alors que l’affaire semble perdue pour les conjurés, un incroyable concours de circonstances va en décider autrement. «Je suis venu vous rendre visite et on lance des grenades sur moi! » : l’archiduc, énervé, interrompt le discours de bienvenue du maire. Et décide de repartir en voiture vers l’hôpital pour rendre visite aux blessés, sans que la sécurité ait été renforcée.
Le convoi reprend l’itinéraire par lequel il est arrivé. Mais à un moment, le conducteur du véhicule de tête se trompe de chemin, s’arrête, veut faire machine arrière, un bouchon se crée, le cortège est immobilisé. «Ce fut une erreur fatale!», s’exclame Valerian Zujo. Car Gavrilo Princip, qui traîne toujours parmi les badauds, se trouve par hasard à proximité. Le jeune homme maigre au visage émacié, que l’armée serbe avait refusé de recruter deux ans auparavant en le considérant comme «inapte» à porter une arme, ne va pas laisser échapper une deuxième fois l’opportunité.
Et ses deux coups de pistolet font basculer le destin du monde. «L’archiduc lui a été servi sur un plateau», commente l’historien Slobodan Soja. «D’une distance d’à peine deux mètres, il tire une balle sur l’archiduc. Puis une deuxième balle touche mortellement son épouse», raconte M. Avdic. Un mois plus tard, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, pensant avoir trouvé le prétexte idéal pour donner une leçon à son turbulent voisin slave, dans le cadre d’un conflit que Vienne prévoit limité. Mais en quelques jours, par le jeu des alliances, c’est toute l’Europe qui va se retrouver à feu et à sang, et bientôt le monde entier.
AFP
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