Rites zt traditions Yennayer 2008

Yennayer
BOUIRA

Les 7 repas d’une nuit
12 Janvier 2008 - Page : 8
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Les femmes préparent un dßner varié et copieux

Hamdi Benani, Abdelmadjid Meskoud, Dib El Ayachi, Abdelkader Chercham ont fait de la journée de Yennayer un grand moment.

AprĂšs les calendriers universel et musulman, c’est le tour du calendrier berbĂšre de passer Ă  une nouvelle annĂ©e, 2958. «Amenzu n’Yennayer», une fĂȘte antique et si particuliĂšre qu’elle comble de joie tous les foyers berbĂšres. Ce legs sĂ©culaire qui a traversĂ© des siĂšcles continue Ă  ĂȘtre honorĂ© et cĂ©lĂ©brĂ© comme si c’était hier. Yennayer, si pour les uns constitue le dĂ©but du Nouvel An, pour les autres, c’est la mĂ©moire, l’hommage rendu au fondateur de la 22e dynastie.
Une Ă©popĂ©e antique qui a Ă©tĂ© prĂ©servĂ©e et gardĂ©e dans la mĂ©moire de tout un peuple. Bouira, Ă  l’instar des diffĂ©rentes rĂ©gions d’AlgĂ©rie, n’a jamais laissĂ© passer cette fĂȘte. EmportĂ©s par cet Ă©lan ancestral, les villes et les villages se sont mis de la partie, et sont allĂ©s Ă  la rencontre d’une annĂ©e qu’ils espĂšrent porteuse d’abondance et de prospĂ©ritĂ©. Les rites sont les mĂȘmes. Des personnes ĂągĂ©es racontent l’allĂ©gresse du bon vieux temps. «Nous passions de merveilleux moments en famille, c’était notre source de bonheur, bien que les conditions de vie Ă  cette Ă©poque-lĂ , Ă©taient difficiles.» «Ces derniers temps, malgrĂ© que les gens se prĂ©parent pour accueillir le Nouvel An, ce n’est pas avec la ferveur d’hier», ajoute-t-il, d’un ton chargĂ© de regrets. Les femmes, de leur cĂŽtĂ©, s’occupent des prĂ©paratifs de ce dĂźner composĂ© de sept repas diffĂ©rents. Le poulet, le couscous, les crĂȘpes sont, entre autres, des plats mentionnĂ©s au menu de la tradition. Par la force du temps, les populations ont tendance Ă  abandonner le cĂŽtĂ© superstitieux de Yennayer. Recouvrir les murs Ă  la chaux et changer le trĂ©pied de l’ñtre (lkanun), ce rituel perd de plus en plus de son influence, ainsi que l’opĂ©ration du nettoyage dans la maison et d’autres rituels consistant Ă  conjurer le sort et leur assurer abondance et prospĂ©ritĂ© durant la nouvelle annĂ©e. «Quand nous habitions le village, nous n’avons jamais abandonnĂ© le rituel, mais aujourd’hui en ville, notre maison ne possĂšde pas "lkanun"», nous dit une vieille femme, le couffin Ă  la main, en route vers le marchĂ© ajoutant «du couscous au poulet et quelques crĂȘpes nous suffiront pour passer une bonne soirĂ©e de Yennayer».
S’agit-il bien de l’ancienne gĂ©nĂ©ration qui n’a guĂšre le goĂ»t Ă  la nouvelle maniĂšre de cĂ©lĂ©brer cette occasion? Par contre, la nouvelle gĂ©nĂ©ration, sans recourir Ă  la bĂ»che, compte marquer l’évĂ©nement loin de tout atavisme traditionnel. «C’est un moment pour rappeler Ă  quel point on doit lutter pour la survie de notre culture et de notre identité», affirme un Ă©tudiant avant d’enchaĂźner: «C’est bien de ressusciter la tradition, mais la noblesse et la sacralitĂ© de cette fĂȘte rĂ©sident dans le fait d’en prĂ©server la mĂ©moire». C’est Ă  partir de ces deux approches que la fĂȘte de Yennayer a Ă©tĂ© conçue. Tradition et mĂ©moire. Nos aĂŻeux nous ont lĂ©guĂ© ce patrimoine, qui nous rappelle Ă  l’ordre, de ne jamais oublier les racines de l’arbre qui fait la fiertĂ© de notre lignĂ©e. C’est dans une grande intimitĂ© que les villages accueillent la nouvelle annĂ©e. En montagne ou dans les plaines, les foyers sont sous l’emprise de la fĂȘte. Loin du silence des villages, le bruit du carnaval retentit Ă  la ville de Bouira. Il a Ă©tĂ© prĂ©vu des soirĂ©es musicales animĂ©es par des figures de la chanson algĂ©rienne. Hamdi Benani, Abdelmadjid Meskoud, Dib El Ayachi, Abdelkader Chercham et d’autres. Par la magie de leur musique, Yennayer a Ă©tĂ© placĂ© au-dessus de toutes les considĂ©rations. Les festivitĂ©s qui ont commencĂ© mercredi dernier, prendront fin aujourd’hui, oĂč une confĂ©rence et une exposition sont Ă©galement prĂ©vues. La manifestation sera clĂŽturĂ©e par un couscous berbĂšre comme le veut la tradition de Yennayer. MalgrĂ© un dĂ©ferlement de la modernitĂ©, la tradition Ă©merveille toujours. Chaque annĂ©e, nos villages sont au rendez-vous, les populations plongent corps et Ăąme dans la profonde nuit de Yennayer dans l’espoir d’un lendemain radieux pour dire Ă  l’unisson au monde: Aseggwas ameggaz.

Ali CHERARAK



12/01/2008
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