L’atmosphère est tendue surtout depuis jeudi 24 novembre. Il y a eu plusieurs agressions de journalistes ces derniers jours notamment autour de la place Tahrir. Une journaliste de la chaîne de télévision France 3 a été battue et agressée sexuellement par des groupes de jeunes d’une quinzaine d’années. Une journaliste égyptienne, elle, a été malmenée par la police mercredi 23 novembre alors qu’elle se trouvait dans la rue Mohamed Mahmoud pendant les affrontements. Elle aussi a subi des violences sexuelles et alors qu’elle avait les bras cassés, elle a été détenue pendant dix-huit heures sans soins. Des casseurs, sans doute payés pour semer la terreur, tentent de s’infiltrer dans les manifestations.
Place Tahrir : rassemblement de la dernière chance
La foule est au rendez-vous sur la place. Les slogans fusent « le peuple veut la chute du maréchal ». Beaucoup de groupes rejoignent le rassemblement. Parmi les manifestants, se trouvent tous les révolutionnaires qui campent sur la place depuis maintenant 6 jours, les syndicats de plusieurs professions, mais aussi des politiques comme Mohamed el-Baradei qui a fait une incursion vers 13h, qui a, semble-t-il, été appréciée. Car la nomination de Kamal al-Ganzouri, un ancien du régime de Moubarak, pourtant considéré comme intègre et écarté par celui-ci, ne fait pas l’unanimité sur la place.
Différents groupes de manifestants de plusieurs tendances tentent de proposer une liste de noms pour former un gouvernement de salut national qui soit vraiment doté des pleins pouvoirs, et sur cette liste figurent trois noms : celui de Mohamed el-Baradei de la Coalition pour le changement, celui de Abdel Mounem Abou el-Foutouh récemment destitué de la confrérie des Frères Musulmans, et puis aussi le nom de Hossam Issa, un économiste tendance socialiste.
Les manifestants reçoivent le soutien de l’université Al-Azhar
Les Frères Musulmans avaient boycotté la manifestation de la place Tahrir et avaient appelé à un rassemblement après la prière devant la mosquée Al-Azhar, mais il semble avoir fait un flop. Eux-mêmes appellent les électeurs à se rendre aux urnes, et ce sera par le résultat des urnes que la vraie démocratie pourra s’exprimer disent-ils. En revanche, les imams de la confrérie Al-Azhar eux sont sur la place depuis plusieurs jours. Et ils ont joué un rôle dans la trêve conclue entre les policiers et les manifestants. Ils se sont interposés en plein conflit en formant une chaîne humaine mercredi au plus fort des combats, certains ont même été blessés. Ils soutiennent les manifestants et critiquent les militaires qui, disent-ils, doivent se cantonner à leur rôle de protection du territoire, et ne pas s’immiscer dans la politique. Et de la même façon, ils critiquent les Frères Musulmans qui tentent de mêler islam et politique, ce qu’ils refusent.
Contre-manifestation dans le quartier d'Abbassiya
Parallèlement, une contre-manifestation, moins nombreuse, organisée par des nostalgiques de l’ancien régime était organisée dans le quartier d'Abbassiya, entre le centre-ville et l’aéroport du Caire. Les manifestants disent qu'ils sont descendus sur cette place pour montrer que ceux qui sont sur la place Tahrir ne représentent pas la majorité des Egyptiens. « Maréchal, on t'aime », « A bas Tahrir », scandaient-ils. Ces derniers prônent un retour à la stabilité dans un pays où l'économie est de plus en plus affectée par les incertitudes politiques.
Elections maintenues mais prolongées d’une journée
Le Conseil supérieur des forces armées a annoncé ce vendredi que les élections se dérouleront sur deux jours et non plus uniquement le 28 novembre 2011 comme prévu. Lors de la conférence de presse convoquée jeudi 24 novembre, la commission électorale a prévenu que tous les Egyptiens inscrits avaient l’obligation d’aller voter sous peine de payer une amende de 500 livres égyptiennes (63 euros). Concernant les conditions de sécurité pour assurer un scrutin serein, transparent et sans fraudes massives, le Conseil supérieur des forces armées a assuré que l’armée et la police étaient prêtes pour assurer ces conditions. Il a demandé aux électeurs de participer massivement pour garantir le processus électoral. Enfin il a assuré qu’il ne souhaitait pas conserver les rennes du pouvoir, et que l'élection présidentielle aura bien lieu au plus tard le 30 juin prochain.