Sarkozy, Bouteflika et les bulletins de santé
Actualité Le message inquiet du président Bouteflika à son homologue français, Nicolas Sarkozy, après son “malaise vagal”, peut paraître protocolaire si ce n’est qu’il émane d’un chef d’État qui a eu à subir une épreuve identique. “J'ai appris avec beaucoup d'inquiétude la nouvelle de votre hospitalisation suite au malaise que vous avez eu. Heureusement, je suis réconforté par les nouvelles que je viens d'apprendre sur votre état de santé”, écrit le chef de l'État à l’adresse de Sarkozy. Avant d’ajouter : “Mes pensées les meilleures vous accompagnent en ce moment et je souhaite qu'elles puissent vous aider à surmonter cette épreuve que j'espère la plus brève possible.” Mounir B.
Edition du Mardi 28 Juillet 2009
En rédigeant ces lignes, le président Bouteflika savait que le président français n’était pas en danger. Il est sorti, main dans la main, avec son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, comme une apothéose d’une stratégie de communication bien maîtrisée par l’Élysée.
Cet épisode médical nous renvoie indéniablement à celui du président Bouteflika, en novembre 2005, avec le même décorum, celui de la façade de l’austère hôpital militaire du Val-de-Grâce. Au jeu inévitable des comparaisons, les observateurs auront noté la “discipline” quasi militaire des médias français à rapporter l’information sans fioritures et sans commentaires blessants sur l’état du
président français.
Supposé ou réel. Toutes les télévisions se sont “contentées” d’une reprise intégrale de la communication officielle — élyséenne —, sans revendiquer les communiqués médicaux du Val-de-Grâce qui ont mis un temps appréciable à tomber. Malgré cela, aucun commentaire malheureux n’est venu parasiter la communication présidentielle qui, il est vrai, a été jugée “transparente” et a eu le mérite d’être régulière.
Il faut rappeler que le président algérien n’a pas eu les mêmes égards en termes de communication. Fuites organisées, spéculations atroces, non-respect du diagnostic réel et oubli élémentaire des règles de la déontologie journalistique sur des sujets aussi sensibles que la santé des chefs d’État. Bouteflika hospitalisé pour un “ulcère hémorragique” s’est retrouvé atteint d’un “cancer de l’estomac” pour les rédactions françaises. Ce qui est une aberration.
Il est vrai que la communication officielle de la Présidence n’était pas un modèle du genre. Il aurait été incongru, au demeurant, de voir Enrico Macias sortir de l’hôpital pour informer de l’état de santé de Sarkozy comme ce fut le cas avec Cheb Mami qui avait servi de porte-parole médical pour le président Bouteflika.
Le message de Bouteflika, 72 ans, est également un clin d’œil non prémédité à Sarkozy, 54 ans, sur les aléas de la fonction de président, surtout quand une santé défaillante s’en mêle.
Bouteflika a pratiquement passé les trois années ayant suivi son hospitalisation à affirmer qu’il est guéri, qu’il “va mieux” et que ses soucis de santé sont derrière lui. Il aura fallu sa réélection pour un troisième mandat et la campagne électorale au pas de charge qui l’avait précédée pour que l’opinion publique en soit convaincue. Ceci, si l’on écarte les redondances médiatiques dès qu’il se déplace en Suisse.
Sarkozy aura à gérer, sur le plan de l’image et du discours, les mêmes effets néfastes de l’interprétation post-médicale. D’autant plus qu’un lapsus du porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefèbvre, a évoqué un “accident cardiaque”, alors que la communication de l’Élysée s’évertuait à démentir ou nier toute répercussion cardiovasculaire sur le bulletin de santé du président français.
Et même si l’opposition politique française s’est montrée digne, il est évident que Sarkozy aura à démentir toute “incapacité physique” d’ici 2012 afin de briguer un second mandat. Une situation qui nous rappelle, en tant qu’Algériens, vaguement quelque chose.
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Francis Jeanson gravement malade