Un Observateur se rend dans un village iranien ravagé par le séisme
15/08/2012 / IRAN
Un Observateur se rend dans un village iranien ravagé par le séisme
Les recherches d’éventuels survivants ayant été abandonnées, l’attention se porte désormais sur les milliers de sans-abri victimes du double tremblement de terre qui a frappé samedi 11 août le nord-ouest de l'Iran, faisant plus de 300 morts. Notre Observateur, qui a voyagé dans la région dès le lundi suivant pour apporter son aide, raconte le désespoir des villageois de cette région pauvre qui ont tout perdu.
Selon les médias officiels qui ont fait l'objet de vives critiques pour avoir tardé à signaler la catastrophe, au moins douze villages de la province d'Azerbaïdjan oriental ont été complètement rasés, tandis que des centaines d'autres ont été à moitié détruits. Par ailleurs, beaucoup de routes de cette région enclavée ont été sérieusement endommagées, compliquant le travail des secours.
Plusieurs pays, parmi lesquels les États-Unis, ont proposé leur aide. Mais le Croissant-Rouge iranien, le pendant musulman de la Croix-Rouge, a exclu toute intervention étrangère.
Toutes les photos de ce billet ont été prises par notre Observateur dans les villages de Bajeh Baj et Chobanlar.
CONTRIBUTEURS
"La population qui vit ici était déjà très pauvre avant le tremblement de terre"
Saghi Laghaie est une journaliste indépendante originaire de Téhéran. Elle s'est rendue dans la province iranienne d'Azerbaïdjan oriental pour aider ses proches.
Je me suis rendue lundi matin dans la zone qui a été la plus touchée. Les bénévoles du Croissant-Rouge étaient au four et au moulin, ils distribuaient de l'eau, des couvertures et des tentes. Il y avait aussi beaucoup de bénévoles qui avaient fait le déplacement pour apporter des produits de première nécessité. C’était incroyable de voir à quel point tout le monde s’est investi. Des ingénieurs ont même construit une cuisine de fortune pour que les habitants puissent bénéficier de repas chauds.
Une fillette en pleurs.
Pour ma part, j’ai collecté auprès d’amis tout l’argent que j’ai pu. Les pharmacies et d'autres commerces ont accepté de baisser leurs prix, ce qui nous a beaucoup aidé. Un pharmacien m’a donné du lait en poudre ainsi que des médicaments quand je lui ai expliqué que c’était pour les victimes du tremblement de terre.
De nombreux internautes ont critiqué sur les réseaux sociaux la couverture des chaînes de télévision d'État, leur reprochant d'avoir mis trop de temps avant de s’intéresser à la catastrophe. Lorsque je suis arrivée sur place, j'ai vu des journalistes, mais il est vrai que la plupart travaillaient pour des médias indépendants.
Je suis allée dans les villages de Bajeh Baj et Chobanlar, qui ont été complètement rasés. Les habitant étaient très gentils - ils étaient même désolés de ne pas pouvoir me recevoir chez eux parce que leur maison avait été détruite. La population qui vit ici était déjà très pauvre avant le tremblement de terre, mais elle est soudée et solidaire. J'ai rencontré un homme qui, il y a quelques années, avait enseigné dans l'école du coin et qui s'était empressé de venir pour savoir si rien de grave n’était arrivé à ses anciens élèves. Les enfants étaient si heureux de le voir ! Mais quand il a demandé ce qu’il était advenu des autres enfants, ils sont tombés en sanglots.
"Il va falloir renforcer l'aide dans les prochaines semaines à cause de l'arrivée du froid"
Toutes ces fournitures vont permettre de répondre aux besoins des habitants pour les jours qui arrivent mais il va falloir renforcer l'aide dans les prochaines semaines, à cause de l’arrivée du froid. La question qui était sur toutes les lèvres ces dernières heures était : "Quand nos maisons vont-elles être reconstruites ?" Malheureusement, personne n’a été capable de fournir une réponse.
J’espère que l’aide va se poursuivre et que cette démarche ne sera pas récupérée politiquement. Il y faudrait également davantage de bénévoles sachant parler l’azéri, la langue locale. De nombreux villageois ne comprennent pas bien le persan et du coup éprouvent des difficultés à exprimer leurs besoins.
Cette vidéo, filmée environ une heure après le séisme, montre que les chaînes d’État ne mentionnent à aucun moment dans leurs journaux la catastrophe. Beaucoup de nos Observateurs en Iran reprochent à ces chaînes d’avoir attendu 24 heures avant d’en parler.