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Manifestation de retraités le 6 mars 2008 à Paris (Photo Patrick Kovarik/AFP) |
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Vendredi 07 mars 2008, 01h05
Plusieurs milliers de retraités ont manifesté jeudi à Paris et en province à l'appel de l'ensemble des syndicats pour réclamer une hausse "immédiate et significative" de leurs pensions, jugeant totalement insuffisante la hausse de 1,1% intervenue en janvier.
La manifestation parisienne a rassemblé 3.000 personnes, selon la police, et 10.000 personnes selon les syndicats, "du jamais vu chez les retraités", s'est félicitée la CGT.
Les manifestants, derriĂšre une banderole rĂ©clamant une "augmentation immĂ©diate des retraites", ont marchĂ© vers Matignon, oĂč une dĂ©lĂ©gation intersyndicale a Ă©tĂ© reçue par un conseiller du Premier ministre. "On n'a rien obtenu", a indiquĂ© Ă l'AFP une membre de la dĂ©lĂ©gation.
De nombreuses banderoles demandaient la suppression des franchises médicales et la prise en charge de la dépendance par la Sécurité sociale.
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Manfestation de retraités le 6 mars 2008 à Marseille (Photo Boris Horvat/AFP) |
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Parmi les principales mobilisations en province, entre 800 personnes selon la police et 1.500 personnes selon les syndicats ont défilé à Lyon, entre 700 et 1.000 à Toulouse, entre 600 et 5.000 à Marseille, entre 650 et 1.500 à Bordeaux.
A Marseille, Mireille, 78 ans, ex-mÚre au foyer, affirmait, qu'avec une pension de réversion de 2.200 euros par trimestre, elle serait "obligée de mendier", si elle n'avait "pas mis des sous de cÎté".
En tout, selon un décompte sur les principales villes effectué par l'AFP, entre 10.000 et 19.000 retraités ont manifesté en France.
Cette journée d'action réunissait les unions confédérales de retraités CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC et Unsa et la fédération des retraités de la fonction publique (FGR-FP), rejoints notamment par la FSU.
Le relÚvement de 1,1% des retraites au 1er janvier, pour une inflation annuelle de 2,6% en décembre (+1,5% en moyenne sur l'ensemble de 2007), a constitué, selon l'expression d'un manifestant toulousain "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase". D'autant plus que Nicolas Sarkozy avait insisté durant la campagne présidentielle sur le pouvoir d'achat des retraités, qui ont majoritairement voté pour lui.
Le gouvernement a dĂ©jĂ indiquĂ© qu'une nouvelle reval orisation des retraites doit intervenir en 2008 et que le minimum vieillesse serait relevĂ© de 25% durant le quinquennat. En attendant, 200 euros doivent ĂȘtre versĂ©s fin mars Ă ses bĂ©nĂ©ficiaires.
Globalement, en incluant le patrimoine, "la situation moyenne" des 14 millions de retraités est proche de celle des actifs, constatait en novembre le Conseil d'Orientation des Retraites (COR). Mais avec de grandes disparités, particuliÚrement au détriment de ceux, souvent des femmes, ayant connu des parcours professionnels en dents de scie.
Plus de 50% des retraités gagnent "moins que le smic", a tonné jeudi François ChérÚque (CFDT), en demandant une revalorisation générale des pensions "au minimum" conforme "à l'évolution du pouvoir d'achat".
"Le minimum, c'est 1,6%" de plus, a quantifié Jean-Claude Mailly (FO), ajoutant que "le 2e semestre" pour une nouvelle revalorisation "c'est trop loin".
La présidente de la Cnav (caisse d'assurance-vieillesse), DaniÚle Karniewicz (CFE-CGC), a estimé de son cÎté qu'il fallait 0,3 ou 0,4 points de hausse.
Selon Bernard Thibault (CGT), qui a fait une apparition au début du cortÚge parisien, cette journée a constitué "un signe en vue du rendez-vous 2008 des retraites", c'est-à -dire les discussions avec le gouvernement sur une nouvelle réforme des retraites.
François Fillon s'est "engagé" jeudi soir sur TF1 à "garantir le pouvoir d'achat des retraités" rappelant que cet engagement est conforme à la réforme des retraites votée en 2003.
"Le pouvoir d'achat des retraités est garanti et c'est un engagement que je prends ce soir devant les Français. Il est d'ailleurs garanti par la loi de 2003 qui prévoit que les retraites sont indexées sur les prix", a déclaré le Premier ministre.