Dans une évaluation de la démocratie en Afrique, la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) dresse un rapport critique faisant état de choix " pervers" du peuple lors des élections à cause des pressions des régimes au pouvoir sur les autorités électorales, selon un document parvenu à Xinhua.
"Au cours de la décennie 1996-2006, 44 élections ont été organisées en Afrique subsaharienne ; de 2005 à 2007, 26 élections présidentielles et 28 élections législatives ont eu lieu sur le continent. Mais la qualité des élections demeure suspecte dans de nombreux pays", souligne le rapport transmis par le bureau sous-régional de la CEA pour l'Afrique centrale à Yaoundé au Cameroun.
Pour cet organisme onusien, "bien souvent, elles (les élections, ndlr) sont moins un moyen pacifique de transfert du pouvoir qu' une source de conflit. La violence fait souvent suite aux élections sur le continent, comme en témoignent les cas récents du Kenya et du Zimbabwe - qui sont loin d'être un signe positif de croissance et de consolidation de la démocratie".
Le rapport poursuit que "dans certains pays, les autorités électorales ne sont pas dotées de l'autonomie et n'ont ni le financement ni la capacité institutionnelle nécessaires pour mener à bien des élections libres, équitables et transparentes, ce qui remet en cause la crédibilité et la légitimité des élections".
A en croire la CEA, "les régimes au pouvoir exercent souvent des pressions politiques indues sur ces autorités, chose qui entame leur intégrité en tant qu'arbitres indépendants du processus électoral. Il en résulte que les choix du peuple sont pervers. En revanche, il existe d'autres pays où le processus et les autorités électorales demeurent crédibles et bénéficient de la confiance des populations".
Elle dresse une liste composée de l'Afrique du Sud, du Bénin, du Ghana, du Cap-Vert, de Maurice et du Botswana "où des élections ont été réputées libres, équitables et transparentes", synonyme de tendance à la consolidation de la démocratie. Contrairement au Nigeria, à l'Ethiopie, au Sénégal, à l'Egypte, à l'Ouganda, au Kenya et au Zimbabwe qui ont tenu des "élections extrêmement controversées".
"Il convient de noter en particulier les élections saluées en général comme étant libres, équitables et transparentes dans deux pays sortant d'un conflit, à savoir le Liberia (2005) et la Sierra Leone (2007. Ces cas positifs d'élections constituent des progrès majeurs de la démocratie pour l'Afrique", relève en outre la CEA.