Forages pétrolier en haute-mer: creuser ou ne pas creuser, le débat fait rage aux Etats-Unis
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De notre correspondant à Los Angeles
Il est loin le temps où les républicains chantaient «Drill, Baby, Drill», («fore, bébé, fore») lors de leur convention, mi-2008. Une élection perdue et une catastrophe écologique plus tard, la question des forages offshore (en haute mer) est revenue sur le devant de la scène, et pas vraiment sous un jour favorable.
Lundi, c'est le républicain Arnold Schwarzenegger qui a retourné sa veste, retirant sous soutien à l'expansion des forages au large des côtes californiennes. «Vous allumez votre télévision, et devant ce désastre, vous vous dites «Pourquoi voudrait-on prendre ce genre de risque?», demande le gouverneur. Quid des 100 millions de dollars que la Californie pensait récupérer pour combler ses déficits? «Si j'ai un choix à faire entre 100 millions et ce que je vois dans le Golfe du Mexique, je préfère trouver un autre moyen», se défend-il.
Sarah Palin s'en mêle
Du côté de l'administration Obama, on a préféré siffler un gel des nouveaux forages en attendant les conclusions de l'enquête sur l'explosion survenue sur la plateforme Deepwater Horizon. De son origine (erreur humaine ou problème structurel) dépendra en grande partie le nouveau cap.
Mais tout le monde ne recule pas. Dans un message posté sur Facebook, Sarah Palin se fait l'avocate de l'offshore drilling. «En Alaska, on ne comprend que trop bien la tragédie d'une marée noire», écrit l'ancienne colistière de John McCain, faisant plusieurs fois référence à la «catastrophe» de l'Exxon Valdes. «Pourtant, nous croyons toujours dans un forage responsable, car nous avons qu'il existe un lien entre énergie et sécurité, énergie et liberté».
Son billet a déclenché de vifs échanges, avec plus de 1.300 commentaires. Elle trouve un soutien surprenant chez l'éditorialiste du Washington Post Jonathan Capeheart. Il se veut pragmatique: «Jusqu'à ce que les énergies alternatives soient plus largement disponibles, nous n'avons pas le choix: nous avons besoin du pétrole». Il dénonce une certaine hypocrisie: «Si nous refusons de forer à la maison, nous demanderons à d'autres de le faire pour nous au Nigeria ou en Angola.» Sur les plateaux télé, plusieurs experts ont rappelé au cours du week-end que le Nigeria compte plus de 2.000 nappes de pétrole qui dérivent et souillent les côtes dans la plus grande indifférence occidentale. Au final, mieux vaut, selon eux, des projets domestiques bien encadrés et réglementés.
Indépendance énergétique
Si certains projets pour implanter des fermes éoliennes sur des îles américaines sont sur les rails, ils restent marginaux, alors que les Etats-Unis continuent de consommer 25% du pétrole mondial (pour 4% de la population terrestre). Ils produisent environ 40% de leur besoin, et importent le reste (contrairement aux idées reçues, d'abord du Canada, du Mexique et du Venezuela, loin devant les pays de la péninsule arabique).
Pour rééquilibrer l'équation, Obama a accepté de reculer, soutenant en mars dernier un plan énergétique bipartisan –soutenu par deux Américains sur trois– ouvrant la voie à la construction de centrales nucléaires et à de nouveaux forages. Reste à savoir où. Après le boom du début des années 2000, l'exploitation des ressources du Golfe du Mexique a été ralentie par de nombreux ouragans, dont Katrina, et ne fournit que 10% du pétrole consommé aux Etats-Unis. Sans compter qu'il faut compter plusieurs années entre le début d'un chantier et les premiers barils de brut pompés.
En 1979, un accident sur une centrale américaine a mis en sommeil le développement de l'énergie nucléaire aux Etats-Unis pendant 30 ans. L'histoire se répètera-t-elle?
Comment balancer la réalité des besoins et les questions écologiques? Dites-le nous dans les commentaires ci-dessous.